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Pop Corn Protocole, l’éclatante fable d’un monde qui a un grain

Cette coproduction de La Manufacture CDCN, avec les chorégraphes Annabelle Chambon et Cédric Charron, explore la manipulation du vivant et de l’esprit par le prisme de la culture et de l’exploitation du maïs. Une leçon d’agroéconomie dansée à voir ce vendredi 3 mars à Bordeaux. 

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Pop Corn Protocole, l’éclatante fable d’un monde qui a un grain

« Définitivement militants », Annabelle Chambon et Cédric Charron revendiquent désormais non seulement « un militantisme de corps, mais aussi de discours ». Les deux chorégraphes girondins, connus pour explorer les limites de l’expression corporelle et gestuelle, intègrent et assument « ce petit plus hautement politique ».

Entourés de Mari Lanera et Jean-Emmanuel Belot pour le son, avec la complicité artistique d’Emilie Houdent, ils présentent dans leur dernière création Pop Corn Protocole une lecture des travers de la mondialisation et de la surconsommation via le prisme du maïs.

« C’était important pour nous de pouvoir traiter de l’écologie qui est un sujet contemporain majeur », précise Annabelle Chambon.

Soufflé

Confinés à la campagne dans un cadre agricole pendant la pandémie de Covid, engagés associatifs contre les pesticides, Annabelle Chambon et Cédric Charron ont « resserré [leur quotidien] sur les questions environnementales ». Pour traduire ses préoccupations sur scène, le couple fait des recherches le menant à son sujet : le pop corn.

Le grain de maïs soufflé s’est imposée comme une double icône, d’une part à travers les enjeux économiques de sa culture, et d’autre part comme symbole d’une alimentation démesurée face aux divertissements des écrans.

« C’est une jonction parfaite entre les deux phénomènes, explique Emilie Houdent. Le maïs concentre à lui seul les différents impacts de l’humanité sur son environnement. Le maïs a traversé toutes les époques et toutes les civilisations. C’est la céréale la plus produite dans le monde, son industrialisation a imposé des manipulations génétiques et un fort usage des pesticides. On a découvert un sujet fascinant. »

Danse intensive

Le spectacle s’engage alors à rendre toutes les dimensions politiques, écologiques, et culturelles du sujet. Des informations et des données sont déversées en vidéo et en audio. L’ampleur du sujet est posée et deux personnages, mi-sophistiqués mi-loufoques, illustrent avec des gestuels extrêmes les aspects chaotiques de cette agriculture intensive.

Pop Corn Protocole (Photo : Pierre Planchenault)

« On s’est demandé comment porter toutes ces informations sur un plateau, détaille Cédric Charron. Il y a presque la matière d’une conférence. C’est là que la dynamique pop est intervenue. Dans une société où l’information est continue jusqu’à l’anesthésie, on a voulu un format qui anesthésie le spectateur. »

La Pyrale

Sur une succession de références effrénée jusqu’à la saturation, les deux chorégraphes traduisent la dualité du commerce et la bataille des brevets, l’addiction de la consommation et l’hybridation des esprits, la boulimie de l’humanité et la résistance de la nature par ses ravageurs.

La Pyrale du maïs (principal insecte qui se nourrit de la plante) est l’acteur d’un antagonisme d’intérêts face à l’exploitation par l’homme.

« C’est la sentinelle qui lutte contre la monuculture. Elle a développé des stratégies pour s’adapter à des pesticides et pouvoir survivre. Son but est juste de prendre sa part de la biodiversité », interroge Cédric Charron.

Se jouant d’un haut débit d’informations, Pop Corn Protocle surcharge la réalité jusqu’à l’absurde. Un spectacle d’où le spectateur risque fort d’en sortir soufflé.

A La Manufacture CDCN, vendredi 3 mars à 20h


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