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Un risque de « mise à la rue sèche » pour les familles de la Médoquine

Propriété de SNCF Gares et Connexions, l’ancienne gare doit être réhabilitée dans le cadre du projet de RER métropolitain. Cinq familles et dix enfants, tous scolarisés dans des écoles de la métropole, pourraient se retrouver dehors. Un comité de soutien demande qu’un délai soit accordé, « au moins jusqu’à la fin de l’année scolaire ».

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Un risque de « mise à la rue sèche » pour les familles de la Médoquine

Cette fois, l’expulsion semble imminente à la Médoquine. En décembre 2022, suite à une importante mobilisation, SNCF Gares et Connexions, propriétaire de l’ancienne gare située à Talence, avait fait le choix de suspendre la procédure d’expulsion, souhaitant « laisser aux occupants le temps de trouver un hébergement pérenne, de laisser passer les fêtes et l’hiver ».

Mais aujourd’hui, alors que s’achève la trêve hivernale, le comité de soutien aux familles alerte sur le risque d’une « mise à la rue sèche » pour les cinq familles et les dix enfants qui occupent le lieu.

Mobilisation citoyenne

Rachid Belhamri, président du collectif de La Piraterie, insiste sur la nécessité de « soutiens dynamiques » alors qu’un recours aux forces de l’ordre est désormais possible :

« Nous avons eu une réunion avec la SNCF et la mairie de Talence. Nous avons eu une fin de non-recevoir. Jusqu’ici nous avons réussi à gagner du temps. La fin de la trêve hivernale, bien qu’elle ne s’applique pas au squat, ne peut justifier la mise à la rue de familles et d’enfants. Les travaux doivent débuter en septembre. Des diagnostics doivent réalisés au début de l’été, on peut laisser la porte ouverte. »

Gérard Clabé, membre du Réseau éducation sans frontière (Resf), appelle, lui aussi, à une « mobilisation citoyenne à la hauteur du drame humain qui se prépare » :

« Les travaux seront plus loin, au niveau du pont. Ici doit être installée une base de vie pour les ouvriers. L’exigence de sortie de ces lieux ne colle pas avec le calendrier. Nous avons deux espoirs : que des perspectives voient le jour quant à des solutions d’hébergement pérennes et que les enfants puissent terminer l’année scolaire. Ici c’est un refuge, ce n’est pas un mode d’habitation. Parmi ces familles, l’une d’elle est en France depuis 7 ans, une autre depuis 11 ans. »

Rachid Belhamri et Gérard Clabé devant la Médoquine le 31 mars Photo : VB/Rue89 Bordeaux

Droits de l’enfant

L’errance, c’est ce que craint l’une des femmes rencontrées. Exilée d’Algérie, elle est arrivée dans le squat il y a six mois avec son mari et sa fille. Elle raconte avoir dormi dans des « cages d’escalier » et à la rue. Sans titre de séjour, elle craint l’expulsion et le recours aux forces de l’ordre. L’hiver dernier, elle a dû être hospitalisée à cause de problèmes cardiaques. Sa fille, âgée de 11 ans, est scolarisée au Grand Parc.

Les dix enfants sont scolarisés dans différentes communes de la métropole : Bègles, Mérignac et Bordeaux – mais aucun ne l’est à Talence, souligne-t-on du côté de la mairie de Talence, où on rappelle le danger pour des enfants de vivre près de voies ferrées électrifiées.

Membre du comité de soutien, Loïc Prud’homme, député La France Insoumise de Gironde, insiste sur le respect de la Convention internationale des droits de l’enfant, trop souvent bafouée :

« Les dix enfants présents ici ont des droits et ils sont inconditionnels. Le logement est le premier des droits. Les occupants sans droits ni titre, comme on les appelle de manière souvent péjorative, ne sont plus protégés par la trêve hivernale. C’est une volonté politique. »

Le député a voté contre la loi Kasbarian, adoptée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le 29 mars. Un texte qui prévoit deux ans de prison et 45 000 euros d’amende à l’encontre de squatteurs occupant un domicile ou une résidence secondaire. À la Médoquine, la venue de l’huissier est programmée au 4 avril. D’ici là, le comité de soutien aux familles organise une réunion lundi 3 avril à 18h dans les locaux de la Piraterie.


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