D’ici deux ans, en 2025, le musée de la Création Franche à Bègles devrait rouvrir au public, complètement transformé. Depuis 1989, l’endroit accueille œuvres atypiques et inventives qui s’inscrivent dans les courants de l’art brut et de la Création Franche.
Créée par Gérard Sendrey, ancien secrétaire général de la ville, la Création Franche fait appel à un art franc, dans le sens de libre, sans entrave et affranchi. Ce concept regroupe ainsi des créateurs insoumis, qui ne s’inscrivent pas dans les schémas institutionnels. Parmi les grandes figures exposées au musée de Bègles, on retrouve par exemple Gaston Mouly (spécialisé dans le dessin et la structure), l’un des premiers créateurs exposés ici.
Ce vendredi 7 avril, le maire de la ville, Clément Rossignol Puech, présentait, aux côtés de Brigitte Bloch, vice-présidente de Bordeaux Métropole déléguée au tourisme, événements et équipements métropolitains, le projet d’extension et de rénovation de l’espace.
Situé dans une ancienne maison au centre d’un grand parc arboré, le musée, fermé au public depuis 2021, va doubler ses surfaces, pour atteindre 1 550m2. Ces travaux, dont le coût total sera d’environ 7,5 millions d’euros, permettront d’augmenter les espaces d’exposition et d’améliorer les conditions d’accueil des visiteurs, ainsi que la conservation des œuvres. Plusieurs acteurs participeront au financement du projet : Bordeaux métropole (68%), la ville de Bègles (17%), l’État (8%), la Région (4%), et le mécénat (3%).
Respect du musée d’origine
L’agence Basalt Architecture sera chargée d’une partie de la rénovation. Elle prévoit la création de trois nouveaux bâtiments autour de la maison Sire (musée actuel), qui accueilleront les espaces d’exposition (expositions permanentes au sous-sol et temporaires au premier étage), les réserves et un auditorium.
Ces réserves permettront de prendre en charge une plus importante quantité d’œuvres, ainsi que leur conservation. Quant à l’auditorium, il disposera de 200 places et permettra d’accueillir des événements afin de diversifier l’offre culturelle. Cet espace fonctionnera indépendamment du reste de l’établissement si nécessaire.
Quoi qu’il en soit, le projet final se veut respectueux du bâtiment existant et de son environnement. Le parc boisé sera conservé et des matériaux identiques au musée actuel seront ainsi utilisés (de la pierre), pour incarner une continuité. Afin de s’intégrer au paysage, les extensions construites auront une taille similaire à la maison Sire, qui sera l’espace d’accueil du musée. Les quatre bâtiments seront reliés par des passerelles vitrées, au centre desquels se situera un patio.
Créations fragiles
Cette nouvelle infrastructure permettra de tripler la superficie de stockage, et d’enrichir la collection. Selon Hélène Ferbos, la directrice du musée, les lieux étaient en effet saturés, ce qui engendrait des manques au niveau de la collection.
« Nous avions peu d’œuvres grand format par exemple, car on ne pouvait pas les stocker. Grâce à la place dont nous allons disposer, nous avons pu acheter le vélo d’André Pailloux, qui fait 3,50 mètres de long et 2 mètres d’envergure », explique-t-elle.
En attendant, les 20 000 œuvres réalisées par environ 500 créateurs de 43 nationalités, sont stockées dans les bâtiments Blériot, à Bègles.
Au sein du nouveau musée, elles disposeront de meilleures conditions de conservation. Dans le futur musée, le climat sera notamment contrôlé, chose qu’il était très difficile à faire dans l’ancien bâtiment. La température ne dépassera donc pas les 20°c et le taux d’humidité relative tournera autour de 55%, assure la Hélène Ferbos. Un changement nécessaire et bienvenu pour ce type de création, selon Gilles Vignier, scénographe sur le chantier :
« Les auteurs d’art brut sont souvent autodidactes et n’ont pas eu d’apprentissage. Leurs créations sont donc fragiles. Il faut les manier avec précaution, d’autant plus qu’elles sont généralement fabriquées avec plusieurs matériaux, ce qui n’est jamais facile à conserver d’un point de vue technique », explique-t-il.
Des expositions itinérantes pour patienter
L’œuvre de Jean-Luc Desanti, réalisée à base de coquilles de fruits secs et de métal de récupération rouillé est un exemple. D’après Hélène Ferbos, il s’agit de matériaux qui vieillissent beaucoup. Le créateur a donc été obligé d’intervenir lui même pour restaurer son oeuvre.
D’après, Vincent Laroere, architecte, les chantiers sur le bâti devraient durer environ un an. Le reste des travaux sera ensuite dédié à l’intérieur du bâtiment et à son aménagement. Clément Rossignol Puech, le maire de Bègles, espère rouvrir le musée au public courant 2025.
En attendant, les expositions du musée sont itinérantes. La prochaine se déroule au Château de Ferrand à Saint Émilion et s’intitule « L’Humble Bic ». Le recours au stylo à bille est fréquent chez les auteurs d’art brut et apparentés. Il s’agit d’un outil simple, bon marché et facile d’utilisation pour les créateurs autodidactes. L’exposition se tient du 5 avril au 31 août prochain.
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