Dès 11 h ce matin, une vingtaine de militants de la CGT énergie 33 se sont rassemblés à l’improviste devant le commissariat de police, pour demander la libération de cinq de leurs camarades dont Christophe Garcia, le secrétaire général du syndicat. Plus tôt dans la matinée, ils avaient été arrêtés à leur domicile, puis mis en garde à vue. Un piquet de grève spontané a été organisé par les manifestants, « jusqu’à ce que les détenus soient libérés ».
« On ne tue personne«
Présent sur les lieux, Stéphane Obé, le secrétaire départemental de l’UD CGT, a expliqué ne pas être au courant des raisons de l’arrestation. À ses côtés, Sébastien et Cédric (ils n’ont pas souhaité donner leurs noms de famille), militants du syndicat énergie 33, ont dit leur stupéfaction face à « la disproportion de la situation » :
« On ne fait rien de grave, on ne blesse personne, on ne tue personne. En revanche, eux, ils ne se gênent pas pour défoncer la porte de nos camarades à 6h du matin et procéder à des arrestations musclées. Ils les ont pris, mais ça aurait pu être nous. On se doit d’être solidaires. »
Si aucune information n’a été confirmée au cours de la journée sur l’origine de leur mise en garde à vue, les deux militants pensent que les différentes actions menées contre la réforme des retraites sont en cause :
« On sait que les directions d’EDF et d’Enedis ont porté plainte après plusieurs coupures d’électricité revendiquées par les syndicats. »
Une centaine de manifestants
Aux alentours de 18 h, plusieurs syndicats ont rencontré le chef de cabinet du préfet de la Gironde, pour faire remonter un usage de la force excessif lors de précédentes manifestations. Au menu des discussions : « Le recours aux drones, l’usage de nasses pendant la manifestation du 1er mai, et l’arrestation des cinq militants ce matin », indique François Richard de la FSU départementale.
Entre lassitude et révolte, le syndicaliste présent à la rencontre indique « ne pas forcément en attendre grand chose », avant de se diriger vers la Préfecture.
À quelques mètres de là, le piquet de grève spontané bat son plein. Une centaine de personnes se sont ajoutées aux festivités, gonflant la mobilisation. Après quelques minutes, une trentaine de CRS rejoignent le groupe de manifestants. Accueillis par l’éternel slogan « Et tout le monde déteste la police », ils se positionnent face au cortège, au grand désespoir de certains militants.
Intimidations
Pour Ugo, membre de Révolution permanente, le rassemblement était également l’occasion de rappeler que les étudiants « subissent aussi des répressions ». Il a notamment mentionné l’arrestation et la mise en garde à vue d’une militante de l’AG féministe et membre de l’association féministe M.E.U.F, au début du mois de mai.
Après une heure d’attente, Stéphane Obé et François Richard ont pris la parole devant le commissariat de police. Déçus, ils disent ne pas être parvenus à connaître les motifs de l’arrestation des cinq militants, le directeur de cabinet du préfet ayant indiqué « ne détenir aucune information ». Les deux porte-parole se félicitent tout de même d’avoir fait passer certaines idées :
« Les dérives autoritaires que nous constatons aujourd’hui en Gironde sont inquiétantes. Ils sont en train de préparer le terrain pour l’extrême droite et cela ne peut pas arriver. Ce qu’il s’est passé aujourd’hui avait vocation à nous intimider, mais ça n’a pas marché. Nous allons continuer de lutter », affirme François Richard, micro en main.
Rendez-vous a été donné le 6 juin prochain pour la nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Avant le possible vote de la proposition de loi d’abrogation de la loi, si elle est bien débattue par l’Assemblée nationale.
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