Projet impulsé par le Département de la Gironde, les contours d’une sécurité sociale de l’alimentation se dessinent. Ce mardi 30 mai, une journée de lancement du prototypage se tenait à la Fabrique Pola, en présence du collectif Acclimat’action qui accompagne des groupes de citoyens chargés de construire le projet. 40 au total (répartis en 4 groupes de 10), ils sont originaires des territoires de l’expérimentation : Bordeaux, Bègles, Sud-Gironde et Sainte-Foy-la-Grande.
Parmi ces groupes de citoyens, il y a Mickaël Girard, paysan et herboriste à Uzeste dans le Sud-Gironde :
« Je me suis engagé en tant que paysan car on ne pourra pas faire sans nous. J’attends beaucoup de cette sécurité sociale alimentaire car, comme de nombreux agriculteurs, je suis bénéficiaire du RSA. Je pense que ça peut notamment solutionner les questions liées au climat et à la santé. »
Caisse locale de l’alimentation
À Bordeaux, calqué sur le modèle de la Sécurité sociale, le projet prévoit la création d’une caisse locale de l’alimentation qui pourrait être « alimentée par des fonds publics et un certain nombre d’aides » révèle Jean-Luc Gleyze, le président du Département. Les modalités d’attribution, en revanche, restent inconnues :
« Ce qui était important jusqu’ici c’était de constituer le comité de citoyens. L’objectif est de travailler à partir d’une production maraîchère qui soit le plus possible en circuit-court. Il faut ensuite imaginer un système, non défini pour l’heure, une sorte de carte vitale de l’alimentation qui permettrait de pouvoir acheter ces fournitures alimentaires à moindre coût dans un réseau de distribution qui reste lui aussi à définir. »
Cette carte donnerait accès à des produits conventionnés pour un montant d’environ 150 euros mensuels. De janvier à la mi-juin, le panel de 40 citoyens travaille sur la production d’une charte de conventionnement des produits alimentaires et des lieux de distribution.
L’expérimentation dans les quatre territoires girondins est, elle, prévue pour se dérouler durant une année. Le comité citoyen doit rendre ses travaux en septembre prochain, de manière à ce que le Département puisse préparer et intégrer ce volet dans le budget 2024.
Objectif 2024
Depuis le début de l’année 2023, à Montpellier dans l’Hérault, un collectif citoyen expérimente une « Caisse alimentaire commune« . Chacun habitant cotise mensuellement, à hauteur de ses moyens, dans un budget collectif. Ce système permet de bénéficier d’une allocation de 100 euros par mois dans des commerces sélectionnés, qui promeuvent une alimentation durable.
Dans une perspective de « résilience alimentaire », le projet est co-porté avec la Ville de Bordeaux. Pour Pierre Hurmic, il s’agit là de répondre à deux « problèmes majeurs » actuels que sont la production et la consommation :
« Le système de production est très décentralisé et est entre les mains du lobby du complexe agro-alimentaire qui ne correspond pas aux besoins de terrain. Nous sommes face à une surproduction, un suremballage et une surpollution. On peut essayer de casser ce monopole sur la production et la distribution alimentaire via des décisions économiquement et socialement acceptables. On a trop tendance à penser que l’agriculture est là pour produire, alors qu’elle est là pour alimenter. »
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