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L’Opéra de Bordeaux toujours plus tout public

Pour la deuxième saison d’Emmanuel Hondré à la tête de l’Opéra de Bordeaux, le programme 2023-2024 garde le cap d’une ouverture tous azimuts de l’établissement, à de nouveaux publics et d’autres styles – techno, fado, chants basques… -, mais avec une trentaine de levers de rideau en moins pour faire face à l’inflation. Autres nouveautés : l’arrivée prochaine du chef d’orchestre américain Joseph Swensen en remplacement de Paul Daniel, et les nominations de Mathilde Froustey et Riku Ota comme danseurs étoiles.

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L’Opéra de Bordeaux toujours plus tout public

La dernière saison a été « particulière, marquée pour tous les opéras par le choc énergétique et des surcoûts colossaux », en partie compensés par des aides exceptionnelles de l’État et de sa tutelle et principal financeur, la Ville de Bordeaux. Pour son directeur Emmanuel Hondré, l’ONB (opéra national de Bordeaux) a néanmoins « eu le courage de maintenir le service artistique » et est arrivé à « mettre en œuvre une très bonne saison » 2023/2024 sans que ces difficultés « ne se voient trop ».

L’offre sera « allégée d’une trentaine de levers de rideaux », soit 320 représentations au lieu de 350 l’an dernier. Mais avec « toujours des grandes formes [NDLR : les opéras], et sans aucune suppressions concernant l’offre sociale et culturelle pour les jeunes », assure Emmanuel Hondré : « C’est le socle de notre action et du renouvellement de notre public ».

Notre Dame de Paris, de Roland Petit et Maurice Jarre Photo : Julien Benhamou/DR

Sept nouvelles productions

Côté affiches lyriques, l’ONB annonce ainsi neuf spectacles, dont sept nouvelles productions, notamment deux opéras « zéro achat », après le Requiem de la saison passée : La Bohème, de Puccini, et La Traviata revisited, créée par les jeunes artistes de l’Académie de l’ONB.

A l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions (le 10 mai) sera présenté Treemonisha, un opéra peu joué sur l’émancipation de la communauté noire, signé Scott Joplin, l’inventeur du ragtime, musique précurseuse du jazz.

L’Opéra de Bordeaux a également coproduit The Carmen Case, une suite à l’œuvre de Bizet composée par Diana Soh, et récemment présentée à Poitiers.

« L’opéra de Bordeaux n’était pas un lieu où il y avait beaucoup d’expériences sonores, qui nous fassent poser des questions sur ce que l’on écoute, explique Emmanuel Hondré. Il es important de savoir ce qui s’écrit aujourd’hui. C’est pourquoi nous avons invité Diana Soh à travailler pendant un an avec le chœur et l’orchestre pour créer cet opéra, qui évoque Carmen après son meurtre, avec le procès de Don José. »

En danse, c’est une nouvelle production de Giselle, conçue par matali crasset, qui sera présentée pour le Ballet de Noël. Avec sur scène les deux nouvelles étoiles de la troupe bordelaise, Mathilde Froustey – ex Principal Dancer du San Francisco Balet – et Riku Oka, membre du Ballet de l’ONB et Premier danseur depuis 2020.

Mathilde Froustey Photo : Erik Tomasson/DR

Demos, saison 3

La saison 2 du directeur de l’ONB poursuit parallèlement sa politique d’ouverture engagée l’an dernier : « développer l’opéra hors les murs, porter la musique et la danse dans les quartiers, les hôpitaux, les zones rurales, là où on a besoin de plus d’art ».

Il annonce ainsi le lancement d’une troisième promotion de Démos (dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale). Initié par la Philharmonie de Paris, ce programme concernera les enfants de 7 territoires girondins, majoritairement ruraux (Latitude Nord Gironde, Pays Foyen, Réolais et Entre-Deux-Mers).

L’ONB entend aussi rajeunir son public par sa politique tarifaire qui a fait ses preuves l’an dernier – 250 personnes ont souscrit à son abonnement jeunes, qui garantit des places à 10€, 5000 autres ont bénéficié de places solidaires.

L’Opéra bordelais reconduit et multiplie les concerts dédiés aux bébés et proposera aux familles un nouvel opéra participatif, Une petite flûte. Le public sera invité à monter sur scène et à jouer en direct lors de Retro Gaming, un concert de jeux vidéo symphoniques, à chanter lors d’un concert vocal participatif ou à danser lors des bals costumés – un des succès de la première saison d’Emmanuel Hondré. En 2024 ce sera Mille et une nuits et Bal Basque.

Eclectisme

L’ouverture se joue aussi dans la programmation, associant propositions classique et éclectisme musical : après Iggy Pop l’année dernière, ce sont la capverdienne Lura ou les fadistes Duarte et Christina Branco qui se produiront à Bordeaux. Jeff Mills, pionnier de la techno de Détroit, revient lui après son passage à l’auditorium en 2017. Kaamelot, d’Alexandre Astier, à l’Arena, ou West Side Story, devraient séduire un large public.

Parmi les temps forts illustrant cette quête de nouveaux publics, le « Concert dans la ville » lancera la saison le 23 septembre. Il marquera à la fois les 10 ans de l’Auditorium, depuis lequel sera retransmis le programme dans 10 places de la ville et une trentaine de lieux de Nouvelle-Aquitaine, et la première à la baguette de l’ONBA (orchestre national de Bordeaux Aquitaine) de Joseph Swensen. Le chef américain, qui succède à Paul Daniel, prendra ses fonctions pour la saison 2024-2025.

Joseph Swensen Photo : Lukasz Rajchert/DR

A l’automne, l’ONB participera à plusieurs évènements gratuits hors du Grand Théâtre, notamment à l’occasion du festival cyclo-musical Ouvre la voix (le 3 septembre), des Journées du patrimoine (La nuit des escaliers, le 16 septembre), de Chœur Battant, pour le centenaire de l’Institut Bergonié (le 23 septembre) ou encore de Chœur de rugby (à l’occasion des matches de la coupe du monde à Bordeaux).

Le Chœur de l’ONB jouera aussi à l’extérieur – la Salle des Fêtes du Grand Parc, le 4 octobre – pour une soirée conjuguant un programme classique (Brahms et Britten) avec un concert des Showmeuses, chorale bordelaise de femmes ayant un jour perdu leur travail, et qui écrivent leurs propres morceaux.


#musique

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