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Pour sa deuxième édition, la foire d’art BAD+ veut « confirmer son positionnement » à Bordeaux

Jean-Daniel Compain, co-fondateur avec Beam (Bordeaux Events and More) de BAD+ Art Fair, se réjouit que « toutes les conditions soient réunies cette année pour confirmer le positionnement » de la manifestation. La foire bordelaise d’art et de design s’apprête à inaugurer sa deuxième édition au Hangar 14 ce jeudi 4 mai.

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Pour sa deuxième édition, la foire d’art  BAD+ veut « confirmer son positionnement » à Bordeaux
L’entrée de la foire BAD+ Art Fair 2023 (WS/Rue89 Bordeaux)

Une foire d’art de plus ? Jean-Daniel Compain balaye la question. Il esquisse un sourire de celui qui sait ce qu’il veut et répond :

« Si c’est juste pour faire une foire de plus alors qu’il y en a plus de 300 dans le monde, ça n’a strictement aucun intérêt. » Et d’affirmer : « Moi ce que je veux, c’est mettre en valeur le lien consubstantiel qu’il y a entre l’art et l’art de vivre. Et où, en dehors de Bordeaux, une ville raffinée et cultivée, puis-je le faire au mieux ? »

Son initiative BAD+ Art Fair (Bordeaux + Art + Design), voulue avec Beam (Bordeaux Events and More), défend mordicus « ce positionnement, unique au monde ». Originaire de Bordeaux « mais pas chauvin », Jean-Daniel Compain « sai[t] de quoi il parle ». Professionnel de l’organisation de foires et salons – « j’en ai fait 200 » –, directeur général du pôle culture, luxe et loisirs de Reed Expositions France jusqu’en 2016, il a à son actif la reprise de la Fiac en 2003 (Foire internationale d’art contemporain à Paris, disparue en 2022), Paris Photo (toujours actif), pour ne citer que les événements liés à l’art.

Ayant lancé la manifestation bordelaise « dans des conditions compliquées » en 2022, Jean-Daniel Compain se dit confiant et promet une deuxième édition plus affinée « après quelques ajustements ». A commencer par les dates : du 5 au 7 mai, avec une inauguration jeudi 4 mai.

Réel potentiel

« L’année dernière, on a subi les reports et les décalages à cause de la Covid, la première édition s’est retrouvée en juillet, qui est la pire période possible, explique-t-il. En plus, on a eu trois jours de grève : pas de trains, pas d’avions, les collectionneurs et les journalistes n’ont pas pu se déplacer. Malgré ça, on a vu qu’il y avait un réel potentiel. On est revenu cette année début mai, ce qui change considérablement les choses. Toutes les conditions sont réunies pour confirmer le positionnement et cette deuxième édition se présente très bien. »

Outre la date, quelques retouches ont notamment été apportées au programme :

« On a renouvelé une partie des galeries, poursuit Jean-Daniel Compain. On a choisi des galeries dans un esprit plus qualitatif. Nous en avons cette année 52 au lieu de 44. Je ne veux pas qu’on aille à plus de 70, maximum ! Je tiens également à ce que les propositions des galeries soient tournées vers l’émergence et la découverte : les grandes galeries, on les connait et on peut aller les voir quand on veut à Paris ou à Genève… »

Les galeristes louent cependant leurs stands, le budget de la foire (qui n’a pas été dévoilé) étant basé pour une grande partie sur ce modèle économique. Le reste est issu de la billetterie – 10€ pour une journée, 18€ pour deux – alors que 15 à 20000 personnes sont attendues sur le week-end.

Dimension internationale

La position géographique de Bordeaux, « entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud », est une chance sur laquelle la manifestation affirme vouloir s’appuyer. Jean-Daniel Compain rappelle l’intérêt de la « marque Bordeaux » :

« C’est le seul événement artistique, en dehors de Paris, à avoir une dimension internationale avec des galeries espagnoles, italiennes, belges, hollandaises, russes, anglaises, chinoises… »

Aux côtés de galeries françaises (Loeve&Co, Ingert, Sarto, ETC, Esther Woerdehoff, Christian Berst, Rabouan Moussion, Anne-Sarah Bénichou, Sator, Bessières, Dix9, A2Z Art Gallery…), des galeries internationales s’installent également sur les bords de Garonne comme Gallery Soview (Ghana), Mia Karlova (Pays-Bas), Anna Nova (Russie), MYTH Gallery (Russie), HdM (Royaume-Uni), Galeria Modernista (Brésil, et à Bordeaux depuis 2 ans)…

Un focus sur la création ibérique mettra en avant les galeries Joan Gaspar, Álvaro Álcazar, Contrast, Rphart ainsi que Pigment Gallery, et des artistes célèbres comme Pablo Picasso, Joan Miro, Antoni Tapies, Eduardo Arroyo… jusqu’aux artistes plus actuels comme Julio Vaquero ou Jose Cháfer.

Off enrichi

« L’Art dans la Ville », pour sa version urbaine soutenue par la ville de Bordeaux, s’est étoffé. A côté des expositions en association avec toutes les institutions culturelles et des centres d’art (Capc musée, Musée des Beaux-Arts, Musée des Arts décoratifs et du Design, Frac Meca, Fabrique Pola, Les arts au mur, Goethe institut, Institut Bernard-Magrez…), un appel à projets a permis de retenir huit projets de structures indépendantes (Tinbox, L’Artichaut, Les Glacières, Bleu Satellite, La Réserve, Silicone, Bam Projects, Vitrine des essais).

Les parcours « L’Art dans les Vignes » avec les châteaux participants ont doublé pour passer de quatre à huit (Château Smith Haut Lafitte, Château Chasse-Spleen, Château d’Arsac, Château Lynch-Bages, Château de Malengin, Château Fleur de Lisse, Château Pape Clément).

Des « Entre’vue » permettront par ailleurs « des visites et parcours privés, et un programme d’événements dédiés où des collectionneurs, galeristes et professionnels peuvent échanger dans des conditions privilégiées ».

Impulsion économique

Le marché de l’art reste le nerf de la guerre pour Jean-Daniel Compain et les collectionneurs ou potentiels collectionneurs sont sa cible privilégiée. Des conférences, « toutes blindées », sont organisées pour « apprendre aux chefs d’entreprises d’acheter de l’art » :

« On explique aux chefs d’entreprises comment mettre en place une collection. Un, on leur dit “faites vous plaisir” ; deux, “n’oubliez pas que l’art est un vecteur de communication externe et interne formidable” ; trois, que c’est un investissement qui gagne de la valeur. Et quand vous tenez ce discours, je peux vous dire qu’ils commencent à écouter ! »

« 250 fortunes et acteurs économiques sont inscrites pour le vernissage VIP. » Dans l’esprit de son créateur, le BAD+ Art Fair entend devenir l’impulsion économique qui manque au marché local des galeries d’art. « Bordeaux mérite bien d’avoir bien plus de galeries », insiste-t-il.

A noter que le rapport annuel d’Art Basel (manifestation d’art contemporain suisse) a récemment conclu que les ventes mondiales d’art ont augmenté de 3% pour dépasser leur niveau d’avant la pandémie. A noter également que la France reste à la traine avec 3% du marché mondial derrière les Etats-Unis (39%), la Chine (27%) et le Royaume-Uni (18%).

Toutes les infos sur le site de l’événement et l’agenda sur ce lien


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