La thèse du couple agressé par « une bande de racailles » que les huit prévenus ont mis en avant n’a pas tenu le coup. Pas plus que l’argument d’une simple sortie entre jeunes qui a mal tourné. Le président d’audience au Tribunal correctionnel de Bordeaux, Charles Moynot, a précisé que la cour a reconnu les outrages sexistes et les faits de violence, aggravés par une agression en réunion, détention et usage d’armes, ainsi que le caractère discriminatoire.
Les faits remontent à la nuit du 24 au 25 juin 2022 dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux. Les huit militants ou proches du groupuscule d’extrême-droite Bordeaux Nationaliste, dissout début février, avaient agressé plusieurs personnes en déambulant jusqu’à la rue des Faures. Insultes sexistes, saluts nazis, cris de singes, slogans racistes : « Bordeaux nationaliste », « Ici c’est chez nous »… et une bagarre avec des habitants du quartier rue des Menuts pour finir.
Le président a dicté le verdict devant un banc vide de ses accusés, tout comme celui de la défense. Seulement Florian J. était présent avec son avocate Maître Aurore Le Guyon. Celui qui a toujours affirmé avoir été embarqué dans cette expédition sans le vouloir tenait par sa présence à souligner sa bonne foi.
Prison ferme avec sursis
Florian J. sera tout de même considéré coupable et condamné à 18 mois d’emprisonnement dont 12 mois avec sursis probatoire pendant deux ans. Sa peine de prison ferme sera à purger à domicile avec une surveillance électronique. Idem pour Alexandre L. qui s’était tenu à l’écart de la bagarre.
Pour les six autres, Fabien et Lucas A., Roméo D., Yanis I., Enzo L., et Mickaël S., la condamnation est de 2 ans d’emprisonnement dont un an avec sursis dans les mêmes conditions.
Tous sont interdits de rentrer en contact avec les victimes et de paraître dans un rayon de 500 mètres de la place Saint-Michel pendant 5 ans. Ils auront à payer une amende de 800€ chacun pour outrage sexiste, et l’obligation d’effectuer un stage de lutte contre les discriminations. Roméo D. aura en plus à se soigner pour son addiction à l’alcool.
Toutes ces peines seront inscrites au bulletin n° 2 du casier judiciaire, même pour Mickaël S. et Alexandre L. qui avaient demandé à en être dispensés pour des raisons professionnelles.
Appel ?
D’autres peines s’ajoutent pour les préjudices moraux causés à la partie civile. A la Ligue des droits de l’Homme (LDH), à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), à Sos Racisme, chaque condamné doit verser 1000€, sauf Florian J. qui versera 1€ symbolique. Par ailleurs, tous auront à verser 500€ pour chaque organisme pour les frais de procédure.
Pour Marie D., insultée lors de la soirée, chaque condamné devra payer 800€ pour le préjudice moral et 1000€ pour les frais de procédure. Pour Guillaume F., poussé à terre, 1500€ pour le préjudice moral et 1000€ pour les frais de procédure. Pour Amine E., qui en était venu aux mains, une expertise médicale a été ordonnée qui sera suivie d’une procédure le 15 décembre 2023.
La partie civile se félicite du verdict qui donne en partie satisfaction à la procureur Aglaë Fradois, ayant requis lors de l’audience du 24 mars deux ans d’emprisonnement avec un an de sursis et un an ferme sous surveillance électronique à domicile pour tous.
De l’autre côté, Florian J. et son avocate n’ont pas souhaité réagir, ni faire savoir s’ils interjetaient la condamnation en appel. Le père du jeune homme ne cachait cependant pas sa déception devant « la peine lourde et injuste subie par [son] fils ».
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