Pour l’installation de Bordeaux fête le vin, les quais rive gauche ne sont plus accessibles aux passants. Pour plus de fluidité et de sécurité, tous les utilisateurs doivent s’adapter : les piétons marchent sur les voies cyclables permanentes, les automobilistes passent de deux voies voiture à une dans chaque sens pour offrir deux pistes temporaires aux cyclistes.
Problème constaté au démarrage ce jeudi : les voitures sont ralenties, les embouteillages s’allongent et pour autant les voies cyclables temporaires sont encore très peu utilisées.
« Il y a une nouvelle piste ? »
Les plus remontés contre cette initiative restent les automobilistes. Entre deux feux rouges, ils n’hésitent pas à laisser entendre leur colère : « C’est de la merde », « On fait 5 mètres à chaque feu vert », « Vous voyez ? On a même le temps d’en discuter, ça n’avance pas ». « Anne Hidalgo a emménagé à Bordeaux ? » ironise un passager habitué de la région parisienne.
Beaucoup voient une aggravation des problèmes d’embouteillages à Bordeaux, pour un aménagement qui n’est pas assez utilisé par les cyclistes : « Ils passent à côté depuis tout à l’heure. Même eux ils ne sont pas au courant ! » peste une automobiliste arrêtée devant la place de la Bourse.
Effectivement, dans la matinée seuls quelques cyclistes isolés se sont aventurés sur les nouvelles voies, la majorité d’entre eux empruntant toujours les pistes habituelles. Interrogés, plusieurs d’entre eux avouent ne pas être au courant des changements récents :
« Il y a une nouvelle piste ? Je n’étais pas au courant. »
Certains pointent du doigt le manque de clarté dans la signalisation, qui participe à la confusion ambiante :
« Je comptais emprunter la voie temporaire pour mon trajet retour. Je n’avais pas vu qu’il y en avait une deuxième de l’autre côté. C’est un peu ambivalent parce qu’ils n’ont pas mis le marquage piéton sur la voie de droite, donc les gens sont perdus. C’est mal indiqué, ils auraient dû mettre des panneaux provisoires », déplore Anne.
Effort nécessaire
A ce sujet, Didier Jeanjean, adjoint au maire chargé de la nature de la ville et des quartiers apaisés, assure que le problème a été résolu dans la journée :
« La signalisation relative au code de la route a été mise en place plus tôt, mais il manquait encore la signalisation et l’aménagement vertical. Maintenant tous les panneaux sont en place, il faut simplement que les gens s’habituent. »
Face à l’agacement des automobilistes, il dit « comprendre » la gêne mais les invite à participer à « un effort commun qu’on doit tous produire. » :
« Avec 11 000 vélos par jour sur les quais de Bordeaux, 25% de plus qu’il y a 4 ans (NDLR : contre 16 376 véhicules motorisés), on ne peut pas se permettre de laisser les cyclistes se déplacer entre les barrières de la Fête du vin et les voies automobiles, ça serait irresponsable. »
Temps d’adaptation
Même son de cloche chez Vélo-Cité, association qui promeut le vélo au quotidien. Benoît Gilliot, coordinateur de l’association, compatit avec les automobilistes soumis à une « grosse contrainte » mais maintient que cet aménagement est nécessaire :
« Ca fait longtemps qu’on remet en cause le 2×2 voies sur les quais. Maintenant, il faut que les gens s’habituent, et pour ça il faut les y contraindre un peu. Il faut que les automobilistes réfléchissent à des alternatives, parce que les déplacements en voiture seront peut-être moins pratiques que des déplacements à vélo ou en tram. »
Pour le moment, piétons et cyclistes continuent de cohabiter tant bien que mal sur les voies piétonnes. Beaucoup constatent un certain « bazar » mais croient en la capacité d’adaptation des utilisateurs.
Les Bordelais auront tout l’été pour s’habituer à ce dispositif temporaire, qui devrait prendre fin « au plus tard fin août », assure Didier Jeanjean.
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