« Des bovins recevant des coups d’aiguillon électrique dans l’anus », « des moutons suspendus puis saignés encore conscients »… L214 dénonce « une situation chaotique » à l’abattoir de Bazas en Gironde dans une nouvelle vidéo publiée ce vendredi 21 juillet. L’association française de défense des animaux montrent « des pratiques en violation grave de la réglementation », qui entraîneraient « des souffrances extrêmes pour les animaux ».
Dans un communiqué publié ce jour, L214 rappelle « qu’une inspection des services vétérinaires en 2016 avait déjà identifié des dysfonctionnements » et que ces derniers « perdurent depuis 7 ans ». Elle souligne des abattages « en infraction à la réglementation et sous les yeux des services vétérinaires d’Etat » qu’elle accuse ouvertement de « complaisance ».
Demande de sanctions
Dans une pétition adressée à Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, et à Etienne Guyot, préfet de la Gironde, l’association demande la fermeture immédiate de l’abattoir et « l’instauration d’un droit de visite par les parlementaires ».
L214 affirme par ailleurs porter plainte contre l’établissement pour cruauté et sévices graves commis envers des animaux auprès du procureur de la République de Bordeaux, par le biais de Me Hélène Thouy, avocate de L214, également présidente du Parti animaliste et originaire de Langon. L’association a également déposé un recours en responsabilité contre l’État, auprès du tribunal administratif de Bordeaux, « pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation ».
Contactée, la Communauté de communes du Bazadais, gestionnaire de l’abattoir, n’a pas commenté ces accusations. Son service de communication a fait savoir que Nicole Coustet, la présidente, s’est rendue à l’abattoir « pour donner suite à cette affaire ». Selon Sud Ouest, la collectivité a décidé de porter plainte contre l’association pour intrusion dans un domaine privé.
Images « sorties de leur contexte »
La Préfecture de la Gironde met en doute le caractère incriminant des images publiées par L214 :
« Cette vidéo, résultant d’un montage isolant de leur contexte des séquences non datées et choisies pour leur caractère choquant, ne reflète pas la réalité du fonctionnement de cet abattoir régulièrement contrôlé », écrit son communiqué du jour.
La Préfecture indique également que les « dysfonctionnement relevés » lors des contrôles réalisés par « un technicien des services vétérinaires présent sur site, ainsi qu’un vétérinaire officiel » font l’objet de mesures correctives.
Pour preuve, elle cite le cas d’un courrier d’avertissement envoyé le 3 février dernier à l’abattoir afin de signaler « une inadéquation de l’équipement pour l’abattage des porcs d’un poids inférieur à 40kg ». Elle affirme que l’établissement « n’abat donc plus de porcelets d’un poids inférieur à 40kg depuis cette date ».
La collectivité ajoute qu’une inspection a également été réalisée en mars et avril 2023 sur le volet immobilisation des animaux et qu’elle a validé « la conformité de l’établissement ». Le préfet de la Gironde, a cependant « ordonné une nouvelle inspection complète de l’abattoir » dans les plus brefs délais.
« Preuves factuelles et irréfutables »
En réaction aux éléments avancés par la Préfecture, Bérénice Riaux répond à Rue89 Bordeaux :
« C’est scandaleux. Ils disent avoir réalisé un audit sur l’immobilisation des animaux qui a conduit à la conformité de l’établissement, mais sur l’ensemble des images dont nous disposons, il n’y a pas un agneau correctement immobilisé pour être étourdi de façon efficace. »
La porte-parole affirme que L214 porte à l’écran « des preuves factuelles et irréfutables ».
« Sur les images on voit bien que les salariés n’arrivent pas à les étourdir correctement. Les animaux sont saignés en étant encore conscients. »
Bérénice Riaux rappelle par ailleurs que la justice s’est récemment montrée du côté de l’association. Cette année, l’État a été condamné quatre fois dans des recours en responsabilité déposés par L214. En mai pour l’abattoir de Rodez (Aveyron), et en juillet pour les abattoirs de Briec (Finistère), du Faouët (Morbihan) et de Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques). Ces quatre décisions soulignent « l’insuffisance des mesures prises par les services de l’État, en dépit des manquements constatés sur plusieurs années », affirme l’association sur son site web.
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