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Paf’art, le premier festival de Bordeaux qui met en regard artistes et public sourds

Du 14 au 17 septembre, l’association Reg’art lance la première édition du festival d’arts vivants accessible aux personnes sourdes et malentendantes. Une programmation mêlant arts de la rue, exposition de peinture et table-ronde, à retrouver à la Halle des Douves, au Théâtre Pont Tournant, à la MECA ainsi qu’aux Vivres de l’Art.

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Paf’art, le premier festival de Bordeaux qui met en regard artistes et public sourds

Le festival Paf’art s’est fixé un objectif, « faire prendre conscience que les artistes sourds existent bel et bien pour inspirer les générations à venir ». Et il veut le prouver dès ce jeudi 14 septembre, à la Halle des Douves dès 17h, où sera dévoilée une exposition réalisée par 22 artistes plasticiens sourds, visible durant tout le festival. Le thème choisi cette année est celui du « regard sourd », afin de mettre en valeur la vision singulière de ces artistes.

La Halle accueillera également une table-ronde le samedi 16 septembre, qui réunira des artistes (danseurs, comédiens, peintres) et l’anthropologue Olivier Schetrit, spécialiste de la culture sourde. La discussion portera sur la compréhension du « parcours artistique et du combat des artistes Sourds », et prévoira un temps d’interaction avec le public.

« Inspirer les générations à venir »

Mais c’est rue Achard, dans le jardin des Vivres de l’art que battra le cœur du festival. Des animations pour les enfants, notamment avec la clownette Anna de la compagnie ACT’s, sont prévues. Dans le cadre des festivités, plus de 130 jeunes sourds et entendants seront reçus. Sébastien Chamard, président de la compagnie Reg’art, voit dans cette rencontre « un véritable pont culturel, social et linguistique ».

La Sign’party du samedi soir clôturera le festival avec les concerts bilingues (français/langue des signes) interprétés par des artistes « chansigneurs », notamment le duo Erremsi et Elodia.

L’association a choisi d’organiser ce festival à l’occasion des Journées européennes du patrimoine afin de donner plus de visibilité à la pratique de la langue des signes. Elle revendique cette langue comme « faisant intégralement partie de notre patrimoine vivant ».

L’onomatopée « Paf », qui a donné son nom au festival, est une expression idiomatique en langue des signes comme le détaille l’association sur son site internet :

« [Elle] évoque l’explosion de cette communauté vers le monde, donnant un sentiment de liberté et d’ouverture vers l’extérieur, mettant en lumière les nombreux talents sourds, jusqu’alors trop souvent invisibilisés. »

Ces trois lettres se superposent au logo du festival qui représente une boule de neige, dont les dessins représentent « la communauté sourde signante, sa culture et son art ».

Une association unique à Bordeaux

Une centaine d’associations de personnes sourdes existe à Bordeaux. Néanmoins, l’association Reg’art est la seule à centrer son activité autour du théâtre. L’association rassemble la communauté sourde de Bordeaux, c’est-à-dire des personnes sourdes et entendantes, ainsi que leurs enfants. Un lien commun les rassemble : la pratique de la langue des signes française (LSF).

Les compagnies de théâtre classiques, elles, ne sont pas 100% accessibles, comme nous l’explique Michael Mac Aulay, secrétaire adjoint de l’association :

« Il existe d’innombrables associations et entreprises spécialisées dans les arts du théâtre, les ateliers d’art […], mais aucune ne sert les meilleurs intérêts des personnes sourdes ou n’est accessible aux personnes sourdes, à l’exception des spectacles interprétés. »

Pionnière sur le territoire bordelais, cette association travaille toute l’année à la création de spectacles en langue des signes. Reg’art achète également des spectacles produits dans le reste du pays afin d’organiser des représentations à Bordeaux. L’importance de la qualité visuelle des spectacles est également primordiale, afin de ne pas exclure les personnes ne maîtrisant pas encore la langue des signes.

Des pistes d’amélioration pour un secteur en retard

Durant ces quatre jours, l’association espère donner plus de visibilité à une communauté « souvent négligée et sous-estimée ». Le secteur artistique, et notamment la pratique du théâtre, n’échappe pas à l’exclusion quotidienne que vivent les personnes sourdes aujourd’hui. Pour Michael Mac Aulay, des dispositions simples pourraient être prises rapidement, notamment pour que les sourds et malentendants ne vivent plus cette exclusion :

« Sous-titrer tout le contenu, qu’il soit audio ou visuel, intégrer la langue des signes dans le cadre du service client et proposer une version en langue des signes pour tout le contenu écrit. »

Sur le modèle des pièces de théâtre prévues ce week-end dans le cadre de Paf’art, le travail des artistes sur scène pourrait aussi être facilité :

« Les spectacles pourraient également avoir une version en langue des signes, quel que soit le spectacle, soit en faisant appel à des talents sourds (acteurs) pour faire partie du divertissement, soit en faisant appel à des interprètes en langue des signes pour traduire tout le contenu audio et fournir des sous-titres pour tous les médias. »


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