Média local avec zéro milliardaire dedans

🎥 🎶 🎪 🎭 📚 5 idées culture pour les vacances de la Toussaint à Bordeaux

Cinéma, musique, cirque, théâtre et BD : la rédaction de Rue89 Bordeaux assure un programme riche en vitamines de vos vacances de la Toussaint.

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🎥 🎶 🎪 🎭 📚 5 idées culture pour les vacances de la Toussaint à Bordeaux

La rédaction de Rue89 Bordeaux vous offre une petite sélection éclectique pour les vacances de la Toussaint : un festival de musique, Isulia, qui démarre ce jeudi ; un film, Le Règne animal de Thomas Cailley, déjà sur les écrans ; du cirque, Infernal ou lors d’une « Nuit d’éclat » ; une pièce de théâtre, Quand viendra la vague d’Alice Zeniter ; et une BD, Maltempo d’Alfred, en dédicace dès ce jeudi à Bègles.

🎥 « Le règne animal », spectacle utopiste à couper le souffle

Sorti le 4 octobre dernier, le dernier film de Thomas Cailley est toujours à l’affiche des bons cinémas. Et il ne faut pas passer à côté de la découverte en salle de ce bijou à la fois fantastique et réaliste, ancré dans son époque.

Alors qu’une épidémie transforme les humains en animaux, un père et son fils (Romain Duris et Paul Kircher, bouleversants) sont confrontés à la mutation en louve de leur épouse et mère. Ils déménagent dans le sud de la France pour accompagner son hospitalisation dans un centre spécialisé. Mais elle s’en échappe avec d’autres « bestioles », comme les surnomment avec mépris le voisinage, et se réfugient dans la forêt.

Le Règne animal n’est pas un « film de genre », plutôt un mix unique de grand spectacle à l’américaine et de film d’auteur à la française. Le suspense haletant et la tension dramatique y sont d’autant plus forts qu’ils ne sont pas une fin en eux même, mais servent un propos politique sur l’amour (filial, de jeunesse, pour son prochain…), dont l’humour n’est jamais absent.

Le public ne s’y trompe pas, et les spectateurs de l’Utopia ont réservé ce dimanche un accueil chaleureux au réalisateur, membre du jury du Fifib (festival du film indépendant de Bordeaux) et local de l’étape – Thomas Cailley a grandi et fait ses études à Bordeaux, et, attaché à la région, a tourné ce film, comme Les combattants, son premier long métrage, en partie dans la forêt des Landes.

Photo extraite du film Photo : DR

« Film hybride dans les genres et les registres »

Thomas Cailley s’est prêté à un échange avec le public sur ce décor, des parcelles de forêt primaire ayant survécu à « la monoculture intensive du pin » et aux incendies – le site initialement repéré a brûlé l’été dernier, le tournage a été finalement fait près de Biscarosse -, les effets spéciaux et le propos d’un film. Le scénario, écrit avant la Covid, y fait évidemment écho.

« Le film commence deux ans après la crise pour ne pas être enfermé dans une cavale derrière les monstres, la recherche du remède ou du patient zéro… Je voulais un film hybride dans les genres et les registres. Pour raconter ce que c’est une relation entre un père et un fils, ce que c’est que de tomber amoureux, ce que c’est qu’une société qui bascule, il faut avoir du temps et être dans le temps après la crise permettait cela. »

Face à « la biodiversité des créatures », Le Règne animal monte « la biodiversité des réactions humaines » :

« On a des témoignages d’amour, d’hospitalité, d’acceptation de la différence mais aussi des réactions de peur, de rejet et de violence parce que c’est le monde dans lequel on vit. »

Mais ce film n’est pas pour autant dystopique, au contraire, ajoute le réalisateur. Il « commence là où s’arrêtait le précédent », lorsqu’à la fin des Combattants, après un incendie géant, « le jeune homme propose à la jeune fille de recommencer le monde ensemble ».

« Pour moi la mutation n’est pas du tout la fin du monde. C’est plutôt comment celui-ci se rebooste d’un coup, comment une anomalie fait qu’on passe du monde dans lequel on vit, qui s’appauvrit de jour en jour, à un monde hyper diversifié, déréglé et plus riche qu’avant. Cette idée d’un monde qui se revitalise, qui se réveille ça me semble assez utopique. »

Actuellement au cinéma L’Utopia

La dj Andy4000 sur les quais de Bordeaux lors de la seconde édition du festival Photo : Tristan Conchon

🎶 Festival Isulia, place aux scènes émergentes

Pendant trois jours et trois nuits, la Base sous-marine de Bordeaux accueillera la troisième édition du festival Isulia, porté par la Fimeb. Au programme du 26 au 28 octobre : des performances en live, des débats et masterclass autour de la création d’événement associatif ou encore une « boîte à outil pour créer son projet à impact ».

Une « conférence inversée » avec Pierre Hurmic sur la place des jeunes à Bordeaux (ville où la moitié de la population a moins de 30 ans) est au calendrier, tout comme un talk sur l’avenir des médias culturels et un plateau radio sur la problématique « Faire la fête, un enjeu social et politique » avec l’anthropologue Emmanuelle Lallement.

Chaque journée de débats est consacrée à une thématique : « Les transitions en actions » (jeudi 26 octobre), « S’exprimer : les règles du jeu ont changé » (vendredi 27 octobre), « Évolution du secteur culturel, une mise à jour s’impose ? » (samedi 28 octobre).

La programmation musicale, elle, est tournée vers l’électronique avec une part belle laissée à la scène locale : Amorce, collectif de djs bordelaises réunies suite à une formation Move UR Gambette à l’Iboat ; le duo Deaf Neighbors ; le girondin Djedjotronic partagera la scène avec la dj suisse Audrey Danza. Sont attendus également le duo toulousain d’italo-disco, Infravision, composé de Kendal et Pablo Bozzi ; Binary Digit ; la dj et productrice berlinoise Sally C ou encore encore le britannique Adam Pits. La fête se divise entre la Base sous-marine et l’Iboat, passé minuit, pour des « off clubs ».

Pass 3 Jours : 39 € – Pass 2 Jours : 26 € – Pass un jour : 18 € (tarifs sans remise carte jeune)
Billetterie sur ce lien

Le Cirque Infernal Photo : DR

🎪 Cirque Infernal : Les Freaks (c’est chic) + Nuit d’éclat

Le Cirque Infernal, qui reprend les codes des spectacles d’antan avec notamment les freaks, débarque pour la première fois à Bordeaux avec un nouveau spectacle pour le moins rock’n’roll. Du 25 octobre au 12 novembre, il nous replonge dans les spectacles forains des années 30-40, sur l’aire Rafael Padilla, quai des Queyries. Le spectacle (sans animaux) raconte l’histoire d’un fugitif caché par une foraine et son mari, lanceur de couteaux.

Une nouvelle fois, c’est Danny Varanne-Gorius qui est l’auteur de ce spectacle à la fois artistique et burlesque. Grâce à un rythme soutenu, le spectateur est plongé dans une aventure époustouflante ponctuée de numéros circassiens « issus des sideshows d’antan ». « Des numéros rarissimes de nos jours, mais qui sont restés dans l’imaginaire collectif » mais la compagnie ne veut pas en dire plus pour « garder une part de mystère le scénario, pour garder la magie de cette expérience ».

Le Cirque Infernal a été imaginé en 1995 par Danny Varanne-Gorius. Un rêve qui a finalement vu le jour en 2017 avec l’aide de sa famille. Il a été initié très jeune par son père à la moto, puis à 13 ans avec ses frères Jesse et Philippe à la célèbre attraction foraine mettant en scène des motos roulant sur des murs à la verticale, connue sous l’appellation de Mur de la mort.

Informations et réservations sur ce lien
Gratuit pour les enfants de moins de 5 ans.

La compagnie girondine Bivouac propose aussi sa Nuit d’éclat à l’école de Cirque de Bordeaux, avec un spectacle (Ils étaient un fois, de Cie Chaos Carré), un temps enfants (découvertes acrobatiques accompagnées sur un DJ set live d’un bambin), des impromptus artistiques (cartomancies littéraires et performances circassiennes sur agrès atypiques), une jam de mât chinois (improvisation collective par les participants à la Convention Internationale de Mât Chinois 2023 sur un DJ set live), un concert (Le Bal Chaloupé) et d’autres surprises.

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🎭 « Quand viendra la vague », l’effondrement en chante

« – On n’est pas du tout sûrs que ce sera une vague. Moi j’aime bien dire que ça en sera une parce que je trouve ça beau mais ce sera peut-être une lente montée clapotante. Et si c’est le cas, ça laissera le temps aux vaches de grimper progressivement jusqu’à nous. C’est pour ça qu’il faut qu’on reconstruise la bergerie et qu’on remonte les murets effondrés, parce que tout le monde risque d’avoir le temps de venir jusqu’à nous et on ne pourra pas partager avec tout le monde.
– Donc ?
– Donc il faudra qu’on puisse défendre notre maison et notre bout de sommet le temps de choisir. »

Mateo et Letizia sont sur une île, en haut d’une montagne. Ils assistent à la montée inexorable des eaux et au va-et-vient du déferlement des vagues. Perchés comme deux suricates le regard fixé au loin, ils se posent des questions. Quelles questions ? Mettez-vous à leur place.

S’il fallait choisir de sauver une partie de la population d’une mort par noyade inévitable, qui « mérite » d’être sauvé ? Vous ferez vos choix sur quels critères ? Vous prendrez qui pour partager votre espace vital étriqué ? Vous le mènerez comment ce jugement dernier ? Quel règlement (de comptes) pour dire oui aux uns et non aux autres ?

Leur couple restera-t-il insubmersible ? Photo : Willy Dallay/DR

Scènes de ménage

Catastrophiste, effondrementiste… bref apocalyptique, Quand viendra la vague est surtout une fable à la morale sévère que les situations comiques tentent de mieux faire passer. Car l’urgence écologique est l’arrière-plan de ces dialogues vifs et acerbes, portés malicieusement par Sabine Curci et Simon Barthélémy [oui, le même que…] de la compagnie bordelaise La Brebis Hurleuse, avec une mise en scène de David Ponce (ex La Nuit Venue).

Avec un décor de récup et de bouts de ficelle, les deux comédiens bordelais livre une belle partie de convictions disputées aux allures de scènes de ménage. Une comédie où on rira, souvent jaune, car rira moins qui rira le dernier.

Au Théâtre des Cerisiers à Bordeaux
28 et 29 octobre à 17h
Réservations sur ce lien

📚 La BD d’Alfred Maltempo, chronique d’un été en pente dure

Maltempo, ce pourrait être le nom de ce petit village du sud de l’Italie, perché sur les flancs d’une montagne au bord de la Méditerranée, et où se déroule l’intrigue de ce roman graphique signé Alfred. Et « ça ferait un bon nom de groupe », répond un agent municipal lorsqu’il l’inscrit à une émission de radio-crochet, Mimmo, son personnage principal.

En fait, Maltempo, c’est le blase de ce dernier, un lycéen. Au cœur de l’été, sa guitare sur le dos, le jeune homme sillonne la côte sur son scooter pour rameuter les membres de son groupe de rock, désuni au point qu’ils ne sont toujours pas d’accord sur leur nom de scène.

En plus, les trois comparses ont d’autres chats à fouetter : Mortadelle, le batteur, travaille avec son père, un épicier qui n’aime pas trop les migrants nombreux à débarquer dans le coin ; Guido, le bassiste, est de plus en plus fourré avec les caïds du patelin voisin, qui lui donnent des petits boulots ; et Cesare, le chanteur et intello de la bande, s’est fait chasser par son père.

Le groupe sans nom de Mimmo Photo : Alfred/Delcourt/DR

Mauvais temps et carte postale

Le jour, celui-ci observe le chantier du complexe touristique, déplorant l’abattage des arbres centenaires, et saluant les actes de sabotage qui le visent. La nuit, il fréquente la belle Alba, à laquelle Mimmo n’est pas non plus insensible.

Mais la priorité de ce dernier, lui répond-il, c’est la musique, seule issue à ses yeux pour fuir son bled, son père alcoolique qui l’ignore et ses militants fascistes qu’il honnit, violents avec les réfugiés égarés comme avec le fou chantant du village.

Paru chez Delcourt, Maltempo (184 pages, 23,95 €), est ainsi une chronique touchante et engagée de ces temps mauvais, pour traduire le titre. La crise sociale et environnementale contraste avec le soleil de l’Italie, les décors de carte postale, et les ambiances de répétitions superbement restitués par Alfred, également auteur d’un scénario à la fois limpide et riche en rebondissements.

Le Bordelais clôt ainsi en beauté une trilogie sur son retour aux sources italiennes, inaugurée avec Come Prima, meilleur album au festival d’Angoulême en 2014. Il sera en dédicaces ce jeudi 26 octobre à Bègles (18h30 à la Librairie du Contretemps), le 3 novembre à Gradignan (17h à la Librairie Le Vrai Lieu), le 7 novembre à Bordeaux (18h à La Machine à Lire) et le 16 décembre, toujours à Bordeaux (16h chez Krazy KAt).


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