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Le Chœur de Showmeuses, une réflexion en chanson sur le travail invisible des femmes

Le collectif féministe, initié à Chahuts en 2020, était ce mercredi sur la scène de la salle des fêtes du Grand Parc, aux côtés du chœur de l’Opéra national de Bordeaux. Une belle mise en lumière pour les Showmeuses, qui écrivent et chantent leurs propres textes, avec humour et engagement.

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Le Chœur de Showmeuses, une réflexion en chanson sur le travail invisible des femmes

Sur scène, elles sont vêtues de chasubles de différentes couleurs empruntées à l’arc-en-ciel. Un clin d’œil, inclusif, aux Gilets jaunes et aux périodes de mobilisation. Quand elles ne battent pas le pavé, comme lors des manifestations contre la réforme des retraites, les chanteuses du Chœur de Showmeuses se retrouvent, écrivent, et répètent.

Mercredi 4 octobre, après avoir chanté quatre morceaux originaux, elles ont partagé la scène de la salle des fêtes du Grand Parc avec les choristes femmes de l’Opéra national de Bordeaux. Ensemble, elles ont interprété deux chansons du répertoire des Showmeuses, « La chanson d’Alice » et « Fric Fric Fric », se déhanchant sur scène devant un public conquis – avant de céder la place à un programme plus classique.

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Il s’agissait d’œuvres de Brahms et Britten, « conçues pour des chœurs de femmes », a souligné Salvatore Caputto, un chef du chœur de l’Opéra de Bordeaux heureux de ce mélange des genres, de cette coopération avec les Showmeuses qu’il espère renouveler.

« Casser les tabous autour du chômage »

Le chœur a vu le jour en 2020, à l’occasion du festival Chahuts. Sous l’impulsion de Mari Lanera, musicienne, d’Émilie Houdent, professionnelle du spectacle vivant, et de la chorégraphe Dina Khuseyn, le projet veut porter les voix de celles qui ne travaillent pas et redéfinir le travail des femmes dans la société.

Hors du schéma d’activité habituel, souvent salarié, les Showmeuses veulent rendre compte du « travail invisible ». « Celui à la maison, auprès des proches », expose Mari Lanera :

« Nous avons commencé dans la période des confinements et des couvre-feux. Il y avait un parallèle avec le fait d’être isolée et être isolée socialement en tant que chômeuse. À travers la musique et la dérision, on casse les tabous autour du chômage et du travail. »

« Showmeuses go on ! » ont-elles lancées sur la scène de la Salle des fêtes Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Depuis, le chœur s’est ouvert et compte aujourd’hui une vingtaine de membres. Fortes de cette première représentation à la Salle des Fêtes du Grand Parc, les Showmeuses souhaiteraient collaborer avec le chœur de l’ONBA pour l’écriture de futures chansons et étoffer leur répertoire qui compte une dizaine de compositions.

« Une impression de déclassement »

Les chansons écrites par les Showmeuses découlent d’un « protocole ». Des entretiens croisés entre les membres, comme des « canevas pour l’écriture des textes », explique Émilie Houdent.

Betty Baron est en épuisement professionnel au moment où elle rencontre le chœur. Elle était cadre au sein de La Poste. Elle est aujourd’hui tapissière d’ameublement :

« J’ai pu, au travers des chansons, décrire ce qu’était la solitude de cette période, à pas supporter le monde du travail. J’ai mal vécu ma période de chômage, j’avais une impression de déclassement. »

Olga Perez, elle, travaille « depuis l’âge de 15 ans sans n’avoir jamais gagné plus que le SMIC ». Au moment de rédiger son mémoire sur les arts de la scène, elle cumule trois boulots en même temps :

« Capitalisme, chômage, travail, légitimité ou burn-out sont des mots qui reviennent souvent dans nos textes. »

« Nous avons toutes des histoires différentes, mais on se rejoint toutes avec cette envie d’avancer », décrit Laura Chancellé, qui travaille à la salle des fêtes du Grand Parc.

Les Showmeuses devant Pôle emploi, un message subliminal Photo : DR

Art politique

Le Chœur de Showmeuses a notamment conduit des ateliers d’écriture au centre social de la Chataigneraie à Pessac ou à la Maison des femmes à Bordeaux. Car au-delà d’une performance scénique, le collectif souhaite développer un projet baptisé « Les travailleuses du texte ». « C’est le versant théorique », résume Alice Cazaux, enseignante en arts plastiques et chercheuse associée à l’université Bordeaux-Montaigne :

« Nous nous envoyons en permanence des références bibliographiques ou cinématographiques. Nous aimerions pouvoir questionner le rapport au travail sous la forme de résidences d’écriture ou d’un mini festival, d’inviter des chercheurs et chercheuses. »

Le chœur a ainsi contribué à Actes du Symposium f(p)/fonction présence sur le méta-art, à paraître aux Éditions du Brame en décembre 2023 et organisé par les laboratoires de recherche CLARE/ARTES (université Bordeaux Montaigne) et ALTER (Université des Pays de Pau et des Pays de l’Adour).

Le 10 novembre prochain, le Chœur de Chômeuses se produira à Lestiac-sur-Garonne au tiers-lieu Les Oiseaux Mécaniques.


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