« C’est une immense victoire pour les 3000 alouettes des champs (respectivement 2000 en Gironde et 1000 dans le Lot-et-Garonne), les 500 vanneaux huppés et 15 pluviers dorés des Ardennes qui ne seront pas piégés dans les filets et les cages des chasseurs ! », a réagi ce vendredi soir l’association One Voice.
Saisis en référés par cette association, ainsi que par la LPO (ligue de protection des oiseaux) dans les Ardennes, les tribunaux administratifs de Bordeaux et de Châlons-en-Champagne ont suspendu des arrêtés préfectoraux autorisant ces captures par des modes de chasses traditionnelles – les pantes (filets horizontaux) ou les matoles (cages tombantes) dans les départements de la Gironde et du Lot-et-Garonne.
Liste rouge
Officiellement, le gouvernement entendait mener ainsi des recherches pour documenter le « caractère sélectif » de ces pratiques, c’est à dire qu’elles n’occasionnent pas de prises occasionnelles d’oiseaux non chassables. Ce afin de confirmer – ou d’infirmer – un précédent jugement du Conseil d’Etat interdisant ces chasses traditionnelles.
« La question de la bonne conservation des espèces est hors de propos car cette expérimentation n’aura aucun impact, les oiseaux étant immédiatement relâchés », a argué Hélène Farge, avocate de la Fédération des chasseurs de Gironde, devant le tribunal bordelais.
La représentante de la préfecture du Lot-et-Garonne a quant à elle prétendu que l’alouette des champs n’était pas sur la liste rouge de l’UICN (union internationale de conservation de la nature) des espèces menacées. Faux, a rétorqué Nicolas Yahyauni, juriste de One Voice : cet oiseau migrateur figure bien dans cette liste, même si c’est en tant qu’espèce « pour lequel le risque de disparition est faible », et sa population « a diminué de 20% en 15 ans ».
« Lobbies cynégétiques »
« Apporter des informations serait louable si ce n’était pas au prix de l’illégalité », a plaidé ce dernier. Autoriser ce mode de capture « cruel » contreviendrait en effet selon lui à la directive européenne oiseau comme à la jurisprudence française. Même sous couvert de recherche, puisque le fait que celle-ci soit confiée aux fédérations de chasseurs mettrait en cause son impartialité, selon One Voice.
La juge du tribunal administratif de Bordeaux a entendu ces arguments, et décidé de suspendre en urgence les autorisations de chasse en Gironde et dans le Lot-et-Garonne, en attendant le jugement sur le fond .
« L’obstination du gouvernement à vouloir perpétuer des pratiques rétrogrades sous la pression des lobbies cynégétiques n’est pas digne d’un pays qui se veut leader en matière de reconquête de la biodiversité. Navrant que la science et le droit soient contraints de le lui rappeler », a réagi Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.
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