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X, une affaire classée pour les universités de Bordeaux

Comme l’université Bordeaux-Montaigne l’avait fait en décembre dernier, l’université de Bordeaux vient de suspendre son compte sur X (ex Twitter), estimant la ligne de la plateforme d’Elon Musk en contradiction avec ses valeurs. Une tendance qui s’accélère dans la communauté universitaire.

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X, une affaire classée pour les universités de Bordeaux
Dean Lewis, président de l’université de Bordeaux

« La contradiction était de plus en plus flagrante entre le fonctionnement de X et les valeurs que l’on porte en tant qu’université publique, humaniste, d’ouverture, d’inclusion sociale, de vérité scientifique et d’importance donnée à la vérification des faits », justifie Philippe Vellozzo, directeur de la communication de l’université de Bordeaux.

Et cette « tension [est] devenue insurmontable », selon le communiqué posté ce lundi 15 janvier par l’établissement d’enseignement supérieur pour motiver sa décision de suspendre son compte sur X (anciennement Twitter), suivi par 28300 abonnés.

« En ne luttant pas efficacement contre les contenus illégaux et la désinformation, en contradiction flagrante avec le Digital Services Act de l’Union européenne (NDLR : règlement européen censé lutter contre ces phénomènes), X laisse prospérer la haine en ligne et les théories du complot », peut-on y lire.

« Le débat public doit être régulé »

Depuis son rachat en 2022 de Twitter, qu’il a rebaptisé X, Elon Musk critique la « censure » que constitueraient les obligations de modération des contenus. Le milliardaire américain a d’ailleurs licencié la moité de ses salariés en charge de cette mission.

« Elon Musk, qui a récemment été accusé d’antisémitisme, a une position libertarienne très problématique, ajoute Philippe Vellozzo. Pour fonctionner le débat public doit être régulé. En tant qu’université publique nous avons une responsabilité dans la qualité de ce débat public, et nous y contribuons avec des travaux de recherche et des prises de position comme celle de notre président Dean Lewis sur la loi immigration. »

Le tweet de l’établissement bordelais relayant le communiqué signé par 61 président.e.s d’universités contre ce projet de loi a ainsi donné lieu à 51 commentaires, pour majorité de sympathisants d’extrême droite : « Privatisons les casernes d’endoctrinement communiste » pouvait on lire dans l’un, un autre desservant un « certificat de colonisation migratoire » aux universitaires.

Tendance

« Un exemple des effets pervers du laisser-aller », estime Philippe Vellozzo, selon lequel cet épisode « est venu confirmer l’impression globale de dégradation de la qualité des échanges sur cette plateforme » :

« C’était un exemple de plus de l’impossibilité de prendre une position de façon apaisée, en étant écouté par les gens. Dès que le sujet est sensible politiquement, il provoque un déchainement de réactions violentes. »

Cela a conforté l’UB dans un choix qu’elle murissait depuis quelques mois. Elle suit l’exemple d’autres universités, dont Rennes 2, Aix-Marseille et Bordeaux Montaigne, qui ont aussi suspendu leur compte pour les mêmes raisons. «L’évolution éditoriale de ce réseau favorise le harcèlement et les échanges violents ce qui suscite notre inquiétude», indiquait l’UBM dans un communiqué en décembre dernier.

« Notre compte fonctionnait bien, nous n’avons jamais eu de bad buzz, explique Pierrette Langlais, directrice adjointe de la communication de cette université bordelaise. Mais notre mission c’est la diffusion des savoirs, et ce que fait remonter l’algorithme de X ne correspond pas à ce qu’on attend. Nous ne sommes pas condamnés à évoluer dans un environnement qui n’est pas vertueux. »

Toute sortie est définitive

Bordeaux Montaigne, qui compte 17300 abonnés sur X, et l’Université de Bordeaux ont ouvert des comptes sur d’autres plateformes de microblogging : Mastodon, Bluesky (fondée par un ancien de Twitter) et Threads (appli développée par Meta, le groupe de Facebook). Ils ont pour l’heure quelques centaines d’abonnés.

Pour les deux établissements bordelais, il n’est pas encore question d’imiter l’université de Strasbourg. Celle-ci a annoncé elle son départ définitif de X à la fin février, le temps pour les internautes de migrer vers les comptes ouverts sur d’autres sites comme LinkedIn.

« Nous n’avons pas fait ce choix par espoir peut-être naïf d’une évolution possible de X, indique Philippe Vellozzo. Mais cela ne pourrait être lié qu’à une revente par Elon Musk ou un éventuel départ, car lui ne changera pas ».

Pour tenir informer sa communauté, l’université de Bordeaux vient en revanche de créer une newsletter. C’est souvent dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.


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