« C’est historique », souligne Bastien Mercier. Le porte-parole du Collectif Viti 33, viticulteur et maire de Camiran en Gironde, insiste sur la présence « autour de la table de tous les syndicats ».
« Tout le monde est concerné, poursuit-il. Il y a une telle urgence, et les retours de plusieurs vignerons en détresse qui sont au bord du suicide, qu’il faut vite trouver une solution. »
3€ la bouteille minimum
Les élus syndicaux de Jeunes Agriculteurs de Gironde, FNSEA de la Gironde, Confédération Paysanne de la Gironde et Coordination Rurale de la Gironde, ainsi que le Collectif Viti 33, ont travaillé ensemble « pour fixer des objectifs communs pour la filière viticole girondine » précise un communiqué.
Ils exigent que le prix d’une bouteille de l’appellation Bordeaux soit basé sur le coût moyen de production publié chaque année par la Chambre d’agriculture de Gironde selon les indicateurs annuels. Pour 2024, et selon leurs calculs, « une bouteille de Bordeaux à moins de 3€ ne rémunère pas le producteur ».
Cet accord commun serait à mettre sur la table des négociations avec les acteurs du négoce et ceux de la grande distribution. Une réunion était prévue à la préfecture de la Gironde ce vendredi 29 mars et finalement repoussée à une date qui n’est pas encore arrêtée selon le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB).
Le vin moins cher que le gasoil
Cette rencontre, souhaitée par le collectif Viti 33 et les syndicats, a été obtenue après plusieurs actions de blocage ces dernières semaines qui ont visé Castel, Grands Chais de France, Maison Johanès Boubée (filiale vin de Carrefour) ou encore Lidl. Les viticulteurs étaient remontés contre les prix des bouteilles de l’appellation Bordeaux.
« 1,89€ TTC la bouteille de Bordeaux rouge chez Lidl et Leclerc ; 1,99€ TTC chez Aldi et 1,66€ TTC chez Carrefour : avec le coût des matières sèches, les marges des uns et des autres, le producteur n’est pas rémunéré à sa juste valeur ! », parlent d’une même voix les syndicats.
« Avec ces prix, la bouteille de vin est moins chère qu’un litre de gasoil », abonde Bastien Mercier :
« Si le consommateur est d’accord avec ça et s’il veut que le viticulteur gagne sa vie, alors on n’oublie la transition écologique et la réduction des intrants. Les objectifs environnementaux ont un coût. »
Une nouvelle menace du mildiou
Contacté, le CIVB n’a pas souhaité commenter cet accord affirmant qu’il était prêt à « explorer tous les champs des possibles ». Le conseil rappelle cependant sa volonté de contribuer au chantier d’un nouveau texte de loi EGALIM annoncé par le Premier ministre le 21 février dernier. Les dirigeants du CIVB, de Bordeaux Négoce, et de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, avaient écrit à Gabriel Attal le lendemain pour participer aux travaux.
Parmi les enjeux évoqués dans ce nouveau texte, la construction d’un prix prenant en compte les différents intervenants et l’intégration juste de leur rémunération dans le prix final, ainsi que le rôle central des indicateurs des coûts de production dans la formation du prix.
« La transition écologique, l’emploi rémunéré à sa juste valeur, la stabilité d’une exploitation ont des coûts qui ne peuvent être couvert pas des prix extrêmement bas », soulignent en conséquence les représentants syndicaux dans leur communiqué. Les viticulteurs craignent par ailleurs une nouvelle vague de mildiou qui pourrait menacer « à nouveau » la vigne.
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