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La Maison des livreurs à vélo, pour recharger les batteries à Bordeaux

La Maison des livreurs accompagne depuis un an plus de 200 coursiers à vélos qui sillonnent les rues de Bordeaux. Son maire Pierre Hurmic, les associations à l’origine du projet et des coursiers ont célébré ce 22 mars son premier anniversaire.

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La Maison des livreurs à vélo, pour recharger les batteries à Bordeaux
Les élus de la Ville étaient présents au premier bilan de la maison des livreurs à vélo

Depuis le 22 février 2023, la Maison des livreurs à vélo accueille 210 personnes sur 6000 coursiers répertoriés à Bordeaux. 30% sont en grande situation précaire, sans logement ou/et en situation irrégulière, rapporte Jonathan L’Utile Chevallier, coordinateur de la Maison des livreurs.

Situé rue Fort-Louis, ce local est avant tout un lieu de rencontre. Il a été prêté par la mairie et est entièrement géré par l’association AMAL (Aide à la mobilisation et l’accompagnement des livreurs). Des associations défilent les après-midi en semaine pour proposer des ateliers et des suivis personnalisés comme les consultations avec des médecins ou des juristes. L’objectif était avant tout de proposer aux livreurs un endroit où recharger leurs batteries, au propre comme au figuré.

Mamadou, un livreur présent depuis l’ouverture, d’origine guinéenne, est satisfait de ce lieu. Il a pu être suivi dès son arrivée par des médecins. Il encourage ses confrères à venir, mais certains, en situation irrégulière, craignent que les forces de l’ordre viennent dans le local.

« Ils ont peur, car il y a eu beaucoup de passages de la police au début pour vérifier si les vélos devant étaient volés et contrôler les papiers des livreurs », explique-t-il.

Une Maison pour répondre aux besoins

L’espace est ouvert tous les jours de la semaine de 14h à 17h sauf le week-end. Dans la pièce principale, un grand canapé en cuir est à leur disposition. C’est une occasion pour les livreurs de se rencontrer, alors que les plateformes imposent d’être en concurrence permanente notamment avec les systèmes de notation des plateformes de livraison.

Au fond de la Maison se trouve un atelier de réparation, avec des outils en accès libre. C’est aussi un vrai atout pour Mamadou, qui a pu apprendre très rapidement à retaper son outil de travail, « nos vélos sont souvent endommagés avec les accidents de la route ». L’établissement propose aussi une formation au code de la route.

L’atelier de réparation de la Maison des livreurs à vélo à Bordeaux Photo : LA/Rue89 Bordeaux

Des juristes et des avocats proposent une fois par semaine un accompagnement des livreurs dans leurs démarches administratives, notamment pour les livreurs d’origine étrangère qui souhaitent être régularisés.

Les plateformes comme Deliveroo ou Uber travaillent avec des auto-entrepreneurs, qui parfois sous-louent leur numéro, ce qui précarise encore plus les coursiers. Ce statut ne leur permet pas de bénéficier des droits attachés au salariat comme les complémentaire santé, les congés ou le chômage.

« Sous prolétariat »

« Cette Maison existe parce que ces livreurs sont payés à la tâche comme au XIXe siècle et sont livrés à eux-mêmes s’il tombe malade ou ont des accidents », déplore Arthur Hay, membre du syndicat de la CGT des coursiers à vélo en Gironde.

Les associations qui participent à cette initiative comme Médecins du monde ou AMAL souhaiteraient même sa disparition à terme, à condition que les plateformes fassent bénéficier leurs travailleurs de prestations équivalentes.

Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic , assume parler d’un « sous prolétariat, c’est-à-dire des travailleurs privés de droit qui ont toutes les caractéristiques du salariat. […] L’idée était de mettre sur la place publique la situation de ces travailleurs de l’ombre ».

Agrandir la Maison

Il regrette que l’Etat français n’accompagne pas suffisamment les livreurs des plateformes. Un accord de l’Union européenne a été voté le 13 mars dernier, mais la France et l’Allemagne n’ont pas souhaité soutenir cette législation européenne renforçant les droits de ces travailleurs. 

Les coursiers à vélo sont confrontés à beaucoup de risques comme les accidents, le stress ou la pollution selon le constat donné par Médecins du monde. Mamadou et Issouf assurent que les deux journées de consultations médicales à la Maison des livreurs avec Médecins du monde sont indispensables.

Les associations souhaiteraient que la mairie de Bordeaux agrandisse l’espace, dont les 70 mètres carrés sont trop petits pour les 6000 coursiers de la ville. Le maire a assuré avoir entendu le message.


#coursiers

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