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Féminicide de Sandra Pla à Bordeaux : la famille assigne l’État pour faute lourde

La famille de Sandra Pla, tuée le 2 juillet 2021 à Bordeaux par son ex-conjoint, a décidé d’assigner l’État en justice pour faute lourde selon une information révélée par France Inter. Un an plus tôt, la même procédure a été engagée par les proches de Chahinez Daoud, brûlée vive à Mérignac par son ex-mari.

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Féminicide de Sandra Pla à Bordeaux : la famille assigne l’État pour faute lourde
Manifestation en 2021 devant le commissariat de Mériadeck

Des femmes qui portent plainte, parfois plusieurs fois, mais qui ne sont pas écoutées. Des hommes, auteurs de violences conjugales, condamnés, dont le suivi socio-judiciaire est défaillant. Et puis, le passage à l’acte. Le mécanisme est inlassablement le même pour de nombreux féminicides.

France Inter révèle que la famille de Sandra Pla, tuée en juillet 2021 à Bordeaux, vient d’assigner l’État pour faute lourde. Poignardée à mort par son ex-compagnon, son corps lacéré de 55 coups de couteau, la jeune femme avait pourtant alerté les pouvoirs publics du danger qu’elle encourait.

« Elle a tout essayé »

N’acceptant pas la séparation, Mickaël Falou, la traquait et la harcelait. En janvier 2021, Sandra Pla dépose plainte pour violences. Seule une enquête sociale sera ordonnée par le parquet. Le 24 février 2021, elle dépose une demande d’ordonnance de protection auprès du Juge aux affaires familiales de Bordeaux. Sa requête est rejetée une semaine plus tard.

À bout, Sandra Pla écrit au procureur de la République et au chef de l’État, dans une lettre datée du 30 mars 2021, soit 5 mois avant sa mort :

« Il est certain que je ne tiendrai pas longtemps dans ces conditions, et je crains le pire des dénouements sans votre intervention. »

Une seconde plainte, pour harcèlement, est retoquée au commissariat de Bordeaux, au profit d’une main courante.

« Sandra avait foi en la justice. Elle a tout fait, elle a tout essayé » relate l’avocate de Sandra Pla, Elsa Crozatier, au micro de France Inter.

Mickaël Falou continue de rôder aux abords du domicile de son ex, dans le quartier Saint-Augustin. Les appels téléphoniques malveillants se poursuivent. Fin juin, il est convoqué pour une garde-à-vue. Il ressort libre, placé sous contrôle judiciaire. 36 heures après, le 2 juillet, il se cache dans la remise du jardin de Sandra Pla et la tue quand elle regagne son domicile alors que leur fille est à l’école.

Il est interpellé par le Raid quelques heures plus tard, chez lui, à Mérignac. Il menace de se suicider. En janvier 2022, Mickaël Falou a été condamné à 6 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour harcèlement. Le procès du féminicide de Sandra Pla se tiendra, lui, le 4 décembre 2024 devant les assises de la Gironde.

Responsabilité de l’État

Quelques mois avant l’assassinat de Sandra Pla, le 4 mai 2021, Chahinez Daoud est brûlée vive à Mérignac par son ex-mari, Mounir Boutaa. Elle avait aussi 31 ans et avait porté plainte plusieurs fois.

Mounir Boutaa avait déjà été condamné pour violences conjugales en 2020 et n’avait pas de bracelet anti-rapprochement à sa sortie d’incarcération. Saisie, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a révélé une série de défaillances.

Le 10 mars 2023, la famille de Chahinez Daoud assignait l’État en justice pour faute lourde. Contacté par Rue89 Bordeaux, l’avocat de la famille, Maître Julien Plouton, explique :

« La demande à l’amiable n’a pas abouti, nous avons donc lancé une procédure auprès du tribunal judiciaire de Paris. Le but de cette action, c’est surtout la reconnaissance par une juridiction des fautes commises par des services d’enquête qui engagent la responsabilité de l’État. »

D’abord mis en examen pour homicide volontaire, Mounir Boutaa a été renvoyé devant la cour d’assises de Gironde pour assassinat sur conjoint. « L’infraction la plus lourde de l’échelle pénale », précise Maître Julien Plouton. L’accusé ayant fait appel de son ordonnance de mise en accusation, une audience devant la chambre de l’instruction devrait se tenir dans les prochaines semaines. La date du procès n’est pas encore connue.


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