Média local avec zéro milliardaire dedans

Grève à Sud Ouest contre « un plan social mortifère »

A la suite de l’annonce par la direction du journal d’un plan de sauvegarde de l’emploi, qui prévoit la suppression de 118 postes et la fermeture de plusieurs agences, la rédaction a décidé d’une grève pour ce mercredi 6 mars.

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Grève à Sud Ouest contre « un plan social mortifère »
Le siège de Sud Ouest, quai de Queyries à Bordeaux

Le plan social à Sud Ouest a du mal à passer. Présenté ce mardi 5 mars, il prévoit de supprimer 118 postes au total, dont 25 à la rédaction – le quotidien régional emploie 720 salariés dont 250 journalistes. Dans la foulée, une assemblée générale organisée par le Syndicat national des journalistes (SNJ) de Sud Ouest a voté à 53,2% pour une journée de grève ce mercredi 6 mars.

Lors de ce comité social et économique extraordinaire, Nicolas Sterckx, directeur général de la Sapeso (entreprise éditrice de Sud Ouest, plus sa régie), a présenté le quatrième plan social en onze ans qui prévoit la fermeture de trois agences : Oloron-Sainte-Marie et Orthez en Béarn, et Sarlat en Dordogne. Le dernier, en 2022, s’était traduit par la fin de la présence du quotidien en Charente, où GSO (groupe Sud Ouest) possède la Charente Libre.

« Plan inacceptable »

Outre la suppression envisagée de trois postes de journalistes et d’une assistante à l’agence de Pau, le SNJ dénonce dans un communiqué la « plateformisation » des desks en trois zones pour supprimer 11 postes, ce qui constitue à ses yeux une « robotisation et d’une dévalorisation du travail des journalistes éditeurs ». « Ce plan est inacceptable », poursuit le syndicat :

« Sud Ouest connaît des difficultés financières, comme toute la presse. Mais supprimer encore des postes de journalistes est une logique mortifère : il n’est pas de stratégie viable au plan économique qui ne passe par l’information, donc la rédaction. Les ventes de journaux print et numérique représentent plus de 60% du chiffre d’affaires de Sud Ouest. L’éditorial tire toutes les autres activités. Comment espérer endiguer l’érosion des ventes papier et prétendre la compenser par la conquête d’abonnés numériques sans proposer plus et surtout mieux d’information régionale ? »

« Un journal à vocation régionale a besoin de journalistes pour mailler le territoire, en Béarn y compris, le supplicié de service », abonde la Société civile des journalistes (SDJ), actionnaire de Sapeso.

Près de 4 millions d’euros de pertes

Dans un communiqué, GSO (qui comprend également La République des Pyrénées, Dordogne Libre, Placeco, TV7…) affirme que ce plan social « a pour objectif de permettre à la Sapeso de retrouver une rentabilité pérenne malgré la décroissance de la vente de journaux », conjugué à la hausse des prix du papier et de l’énergie.

En 2022, GSO avait enregistré un résultat positif (907 000 euros) mais en baisse, tandis que la Sapeso accusait un déficit de 2,35 millions, qui s’est creusé à près de 4 millions en 2023.

Alors que GSO vient de lancer une nouvelle maquette de Sud Ouest, et affirme « accompagner et soutenir vivement ses activités de diversification, toutes en fort développement » (digital, audiovisuel, évènementiel…), la SDJ dénonce « un simple plan de redressement des comptes » :

« Il n’est pas contestable qu’ils doivent être redressés. […] Nous clamons à qui veut l’entendre que la situation financière de l’entreprise est grave. Avec des pertes de près de quatre millions d’euros en 2023, une trésorerie dégradée et des perspectives sombres pour le journal papier, décider des mesures de gestion qui ne font pas plaisir relève de la nécessité. Mais pas celles-ci. »

Une nouvelle assemblée générale de la rédaction se tiendra dans l’après-midi de mercredi.


#Grèves et Mouvements Sociaux

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