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Grève des enseignants contre le Choc des savoirs : « On ne triera pas nos élèves »

A l’appel de l’intersyndicale, 400 à 500 personnes se sont mobilisées ce mardi après-midi contre la mise en place des groupes de niveau au collège. Elles ont défilé du rectorat jusqu’à la place de la Victoire.

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Grève des enseignants contre le Choc des savoirs : « On ne triera pas nos élèves »
Chacun tient une pancarte l’assignant à un groupe de niveau fictif

« Le choc des savoirs, c’est assumer que tout le monde ne progresse pas au même rythme. » La voix enregistrée de Gabriel Attal résonne dans les porte-voix devant le rectorat de Bordeaux. Les organisations syndicales lancent un jeu : des groupes se forment, avec d’un côté les « nuls », de l’autre les « forts » et au milieu les « moyens ». « Allez les forts et les moyens on se moque des nuls ! » Une mise en scène ironique pour dénoncer selon les manifestants une situation attendue en septembre prochain.

Depuis quelques mois, les enseignants se mobilisent. Le décret paru au Journal Officiel le 17 mars dernier dessine les premiers contours d’une réforme très contestée par la profession. Deux opérations « collèges morts » se sont succédées en mars, ponctuées par des manifestations devant le rectorat, avant ce nouvel appel à investir les rues bordelaises.

Une organisation à revoir

« Le choc des savoirs c’est un traumatisme, on n’est plus du tout dans l’émancipation collective. Je ne suis pas concernée par ce qui se passe au collège, mais la réforme prévoit aussi des nouveaux programmes pour le cycle 1 : ça signe la fin de la liberté pédagogique », se désole Nadia Asnoun, institutrice en maternelle, CGT Éduc’action.

Pour certains, comme Tanguy Dassonville, faire des groupes de niveaux « c’est une perte de sens ».  Enseignant au collège en classe SEGPA depuis 7 ans, il craint que cette réforme ne fasse qu’exclure encore plus les élèves en difficulté. « Et puis il y a tellement de contraintes, on est dans le flou », ajoute-t-il. 

« Il y a un gros problème moral. Mais au-delà de ça, l’aspect technique pose problème car c’est toute une organisation à revoir », déplore également Amaury Confais, professeur au collège, SUD éducation Gironde.

« Forts » devant, « nuls » derrière

Le cortège s’élance enfin vers 14h30 avec 400 à 500 manifestants selon l’intersyndicale qui a appelé à cette mobilisation (Snes-FSU, CGT, FO…). Au milieu de la foule, Monica Thomas, postière de profession, est ici « en soutien ». « On ne comprend même pas ce que ça veut dire choc des savoirs », ironise-t-elle.

Un arrêt est effectué devant le tribunal, où une banderole « Greffe en colère » s’offre à la vue de tout le monde. Les manifestants en remettent une couche : tout le monde pose avec sa petite pancarte l’assignant à son groupe. Sous l’œil amusé des passants, les « forts » avancent fièrement en tête de cortège, tandis que les « nuls » font mine de peiner à suivre le mouvement. 

« C’est sûr qu’il y a une certaine logique, de permettre à des élèves de faire une orientation pour laquelle ils auront plus de réussite ; mais de facto c’est quand même fermer des portes à ceux dont le niveau sera jugé plus faible. Les élèves vont être soumis à différentes formes de tri », analyse Arthur Hérissé, professeur d’histoire en lycée général.

L’arrivée place de la Victoire se fait en musique une heure après le départ, et avant que la foule ne se disperse dans le calme. Un nouveau rassemblement est prévu samedi 6 avril place Stalingrad à 14h. Les parents sont conviés à se joindre au cortège avec leurs enfants, aux côtés des personnels de l’éducation.


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