Education avec Gaza 33, un collectif créé en janvier suite à l’appel du syndicat palestinien d’enseignants, General Union of Palestinian Teachers, avait préparé une installation pour sensibiliser le public sur « l’éducide, c’est-à-dire la destruction méthodique et délibérée du système éducatif palestinien, et le culturicide, la destruction du patrimoine et des sites historiques à Gaza”, explique Emilie, enseignante en lettres classiques dans un lycée de la métropole.
Sur la place Stalingrad, le collectif a reconstitué une salle de classe avec des chaises sur lesquelles ont été placés des cartables d’écoliers et les photos d’enfants tués par Tsahal, l’armée israélienne, ainsi que des peintures d’artistes palestiniens.
« Les enfants qui sont morts ont notre âge, et ils devraient avoir le droit d’être comme nous : à l’école », estime Betul, 9 ans, venue avec sa maman de Lormont.
« Si je dois mourir »
Le rassemblement s’est poursuivi par des prises de parole, une minute de silence et la lecture du poème « Si je dois mourir ». Il a été écrit en novembre 2023 par le professeur de littérature anglaise Refaat Alareer, un mois avant qu’il ne périsse sous les décombres.
« On est venu dire aujourd’hui que l’éducation, c’est la transmission d’un savoir, d’une culture et c’est une culture qu’on essaie de détruire aujourd’hui à Gaza », estime David, enseignant de mathématiques dans un collège de la Métropole.
Nasser, Palestinien d’une soixantaine d’années, arrivé à Bordeaux en 2006, se rappelle :
« Dès la première Intifada [en 1987, NDLR], la première chose qu’a faite le gouvernement israélien a été de fermer l’université et les écoles en Palestine. Ils savaient que l’éducation était très importante pour les peuples afin de pouvoir résister et défendre leurs droits. »
Mobilisation contre les bombardements à Rafah
« La destruction du patrimoine éducatif et culturel peut sembler illusoire en comparaison avec l’horreur des derniers jours, mais l’éducide et le culturicide en cours révèlent la volonté d’anéantir délibérément l’identité palestinienne, son histoire, sa culture, son peuple, poursuit Emilie. Cela témoigne bien des intentions génocidaires de l’Etat Israélien contre le peuple palestinien. »
Lundi 27 mai, un camp géré par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens a été bombardé au nord-ouest de Rafah par l’armée israélienne, faisant 45 morts. Moins de quarante-huit heures après, une nouvelle frappe israélienne tuait 21 déplacés palestiniens dans un autre des camps de la ville.
Les mobilisations pour la paix se sont aussitôt intensifiées partout en France. A Bordeaux, lundi soir, près de 400 personnes se sont réunies devant l’hôtel de ville, selon Révolution Permanente. Mardi, un rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien a aussi été organisé. Ce samedi 1er juin, pour la trente-deuxième fois depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza, une manifestation aura lieu place de la Victoire à 15h30.
Le collectif Éducation avec Gaza 33 poursuit ses actions et organise le mercredi 5 juin à 19h une rencontre autour de l’éducation en Palestine au Café des Douves.
Le maire de Bordeaux Pierre Hurmic a par ailleurs annoncé ce mercredi l’extinction de la façade de l’hôtel de ville à 22h, « pour exprimer notre colère après les frappes sur Rafah et notre solidarité envers les populations civiles ».
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