« Journalistes et politiques vous ne venez ici que lorsqu’il y a un mort », lâche un habitant des Aubiers.
L’accueil est tendu et froid, ce vendredi soir, pour Pierre Hurmic, accompagné du maire-adjoint de quartier, Vincent Maurin. Mais aussi pour les reporters, traités par certains de « vautours ». Quelques heures plus tôt, aux alentours de midi, place Ginette-Neveu, un jeune homme de 18 ans a été tué par un coup de couteau. « L’autopsie a eu lieu cet après-midi », indique le vice-procureur, Sébastien Baumert-Stortz :
« Le rapport provisoire des médecins légistes fait état d’une plaie létale unique au niveau du flanc gauche ayant perforé le cœur et le poumon. »
Pour l’heure, aucune personne n’a été interpellée. La piste d’une rixe entre deux jeunes semble privilégiée. Les investigations, confiées à la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS 33), se poursuivent. Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.
« Drame odieux »
« C’est un drame pour le quartier et la ville », décrit le maire de Bordeaux, venu échanger avec des médiateurs et des habitants au centre d’animation :
« Le centre d’animation va poursuivre son travail de proximité et de discussion pendant tout le week-end. Le quartier est très secoué par ce drame odieux, il y a naturellement des inquiétudes. J’essaye d’être présent, avec mon maire-adjoint de quartier, en temps normal. Quand il y a un drame comme celui-ci, je me rends immédiatement disponible. »
« C’est la première fois que je vous vois », lance un homme alors que les élus répondent aux questions de la presse. « C’est un quartier qui a été abandonné, mais qui ne l’est plus », défend Vincent Maurin, maire-adjoint de Bordeaux-Maritime :
« Le maire sera là, dans un mois, pour inaugurer la nouvelle école Louise Michel, une première grosse réalisation du Projet de rénovation urbaine (PRU). Il était là, il y a quelques temps, pour saluer la mobilisation des habitants autour d’une fresque sur les droits de la femme. Il devait être là demain, pour une fête de quartier à Ginko, l’Aloha de printemps, qui rassemble aussi des associations des Aubiers. Au vu de l’actualité, cette dernière a été reportée. »
Mise en place d’une cellule psychologique
Dans le quartier, difficile d’échanger avec les habitants. « Vous venez trop tôt, personne ne vous parlera, faut attendre que ça se calme », nous précisent trois jeunes assis vers la bibliothèque.
Les faits ravivent le douloureux souvenir de la mort de Lionel, 16 ans, tué par une balle perdue lors d’une fusillade en janvier 2021. Le jeune homme avait été victime de rivalités entre quartiers. Cette fois, le meurtrier pourrait être des Aubiers, selon certaines sources. Aussi, « c’était assez tendu durant l’après-midi », témoigne un commerçant :
« Il y a eu quelques échauffourées. L’émotion est vive et les familles sont inquiètes. Le trafic de stupéfiants a augmenté dans le quartier depuis plusieurs années. Quand la police vient, c’est avec les gros moyens. Ça tend les relations. Mais c’est dommage qu’on parle du quartier sous cet angle, car en temps normal ça se passe bien. »
Une cellule psychologique est d’ores et déjà mise en place, via un numéro vert, pour les témoins directs et les proches de la victime. À partir de lundi, le centre d’animation accueillera une cellule d’écoute ouverte à tous les habitants.
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