Au lendemain du scrutin européen ayant placé l’extrême droite en tête, provoquant la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, un collectif girondin s’est créé réunissant Solidaires, le Planning familial, la FSU, la Ligue des droits de l’homme, la CGT, le Réseau éducation sans frontières (RESF) et bien d’autres organisations. Le mot d’ordre : « L’extrême droite doit reculer, pas nos droits ! ».
« Contre le projet anti-social, raciste, antisémite, homophobe et transphobe de l’extrême droite, constituons un front uni pour vraiment lutter contre l’injustice, les inégalités et les discriminations », peut-on lire sur le tract signé par les différentes organisations.
« L’extrême droite doit reculer, pas nos droits »
« L’opération Toutes et tous sur le pont ! s’est préparée en à peine deux heures, on en a discuté après la conférence de presse de la CGT mardi, et nous voilà », explique Brigitte Lopez de RESF.
Plus d’une quarantaine de personnes se sont relayées entre 16h30 et 18h sur le pont de pierre, le long des rames du tram A, pancarte à la main. Certaines affichaient des propositions du Nouveau Front Populaire : « un SMIC à 1600€ net », « abroger le 49-3 », « rétablir l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune), abroger les privilèges des milliardaires ».
D’autres tenaient des pancartes rappelant les votes du Rassemblement National : « le RN a voté contre la gratuité des cantines scolaires » ; « le RN a voté contre un plan de 1 milliard d’euros contre les violences faites aux femmes » ; « le RN a voté contre la hausse du SMIC » ; « le RN a voté contre le recrutement des sapeurs-pompiers ».
L’ambiance : joyeuse et festive. Les militants chantent « Un sourire pour le Front populaire » et insistent « dans les rues et dans les urnes, on sera là ». Si quelques passants soupirent et expriment leur rejet, beaucoup montrent leur soutien en klaxonnant, en applaudissant ou en brandissant pouces et poings en l’air.
Intervention de la police
La venue des policiers leur notifiant « une interdiction » n’a pas fait perdre aux militants leurs moyens, ni leurs sourires. Il faut dire que l’un d’entre eux, Bruno, avocat, connaissait bien les règles : il est habitué à plaider contre les contraventions abusives.
« Un policier est venu me prendre mon identité parce que je portais une affiche sur le pont de pierre, probablement dans l’objectif de me verbaliser, explique-t-il. Il m’a expliqué qu’il y avait un arrêté préfectoral interdisant notre regroupement, mais a refusé de me le montrer. Cela ne m’a pas étonné puisque l’arrêté commençait à 18h et ne couvrait pas le périmètre du pont de pierre, nous étions ainsi dans notre droit le plus complet. »
Pour Cathy, « c’était un coup de pression, pas de chance pour eux, on sait lire et on connait nos droits. »
Positive attitude
Malgré le sondage du jour d’Ipsos pointant toujours une avance du RN sur le Nouveau Front Populaire (NFP), les manifestants veulent toujours y croire.
« Quand on voit cette mobilisation en si peu de temps, quand on voit que beaucoup d’associations, syndicats, collectifs, partis politiques se regroupent, oui ça me rend enthousiaste. Si on est là aujourd’hui, c’est qu’on y croit encore. 30% des gens décident de leurs votes à 48h du scrutin, alors oui il y a toujours espoir ! », affirme Brigitte.
Sa voisine de pancarte est plus mitigée. Pour elle, la convergence des luttes a surtout eu lieu car « tout le monde a réalisé qu’on était foutu ».
« Moi, j’ai peur oui. Fut un temps où être raciste était une honte, maintenant les choses sont complètement retournées, ça en devient ubuesque. Alors, on a de quoi être inquiet, mais je garde quand même espoir, c’est la seule chose qui nous reste. »
Nouvelle action ce vendredi
Cette dernière tient autour de son cou une pancarte : « Ce n’est pas la faute des immigré.e.s si Borne a fait la réforme des retraites, si Veran a fermé des lits d’hôpitaux […], ne cédons pas aux mensonges de l’extrême droite et votons. »
Tous les militants présents s’apprêtent à voter pour le Nouveau Front Populaire, mais expliquent que la mobilisation continuera même si la gauche arrive au pouvoir.
« S’il y a eu des avancées avec le Front Populaire en 1936, c’est grâce à la grève et on continuera de lutter. Mais là c’est l’urgence, affirme Jacques. J’ai toujours été révolutionnaire, mais là, je m’en fous d’être allié avec Hollande et je m’en fous de voter pour la première fois de ma vie pour un réformiste. On n’a pas le choix, mais s’ils sont élus [les députés du NFP, NDLR], on sera toujours là, dans la rue, combattifs, pour les obliger. »
Après ce premier rassemblement, de nombreuses associations et syndicats appellent à renouveler l’opération ce vendredi 28 juin, à 17h.
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