L’inquiétude planait et elle s’est confirmée. L’Agence Régionale de Santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a réduit de moitié sa subvention allouée au Planning familial de la Gironde. L’association recevra 80 000 euros, au lieu des 170 000 euros demandés, et qui représentent plus de la moitié des aides publiques reçues.
Cette subvention est fléchée pour l’éducation à la vie sexuelle et affective en milieu scolaire, un droit régi par la loi de 2001 relative à l’interruption volontaire de grosses et à la contraception. Au moins trois séances annuelles doivent avoir lieu « par groupes d’âge homogène ».
« Situation ubuesque »
L’ARS Nouvelle-Aquitaine « a récemment redéfini sa stratégie de financement des actions de promotion de la santé, excluant les programmes jugés non probants ainsi que ceux relevant du champ de l’éducation », alerte le Planning familial de la Gironde dans un communiqué :
« Cette décision a un impact direct et dramatique sur nos activités, nos publics, nos méthodes et nos valeurs. Nous ne pourrons plus intervenir dans les lycées, les associations et toutes les structures qui nous en font la demande. »
« La direction de l’ARS a décidé que c’est désormais à l’Éducation nationale de prendre en charge les interventions d’éducation à la sexualité et à la vie affective dans les établissements scolaires », précise Annie Carraretto, co-présidente de l’antenne girondine :
« Nous pourrions devoir supprimer deux postes à temps plein (sur 7, NDLR). Sauf que même pour cela, nous n’avons pas assez d’argent. La subvention pourrait financer ces licenciements qui, après, mettraient en péril l’antenne pour le reste de l’année. Nous sommes dans une situation ubuesque. »
Le sexisme s’aggrave chez les jeunes
Un coup de massue pour l’association, à l’heure où le dernier rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) pointe une progression du sexisme dans la société. Cinq ans après #Metoo, 23% des hommes de 25-34 ans pensent qu’il faut « être parfois violent pour être respecté ».
En 2022, l’instance déplorait déjà une « culture du viol prégnante chez les jeunes générations » et exhortait les pouvoirs publics à faire de l’éducation à l’égalité dès le plus jeune âge une « priorité absolue ».
« À presque toutes les interventions, nous avons un ou deux enfants qui viennent nous parler [160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles, soit 3 par classe d’après la Civiise, NDLR]. Des faits qui nous amènent à faire des signalements au parquet. Ces enfants-là vont être dans la nature, j’en ai la chair de poule », soulève Annie Carraretto.
Le Planning familial de la Gironde organise un rassemblement ce vendredi 12 juillet, à 12h, devant le siège de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, rue Belleville à Bordeaux. Contactée, l’ARS n’a, pour l’instant, pas répondu à notre sollicitation.
Chargement des commentaires…