Tiré d’affaire, mais toujours inquiet. Cette semaine, le Planning familial de la Gironde alertait sur la réduction de la subvention allouée par l’ARS Nouvelle-Aquitaine, principal financeur de l’association. Après négociations, une rallonge de 34 000 euros « à titre transitoire » a été accordée, afin que le Planning puisse poursuivre ses activités d’éducation à la vie sexuelle et affective en milieu scolaire.
L’antenne girondine, qui a fêté cette année ses 60 ans, reste tout de même vigilante. Face à un déficit de 30 000 euros et dans « l’attente d’engagements écrits » de la part de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, un rassemblement s’est tenu ce vendredi midi devant le siège de l’ARS, rue Belleville à Bordeaux.
Dialogue
« Nous comprenons la tenue du rassemblement, même si nous avons fait un grand pas. Nous voyons bien que les besoins pour lutter les violences sexistes et sexuelles augmentent », a affirmé, en conférence de presse, Cécile Tagliana, directrice générale adjointe de l’ARS Nouvelle-Aquitaine :
« C’est aussi une question sociétale que l’ARS ne peut assumer seule. Nous sommes aujourd’hui, avec le Planning familial, dans une étape de dialogue. Ce qui est discuté, ce sont les actions de prévention en santé. Depuis 2022, dans le cadre de son projet régional de santé, l’ARS a redéfini les objectifs des programmes de prévention avec un enjeu : qu’ils soient plus efficaces, qu’ils aient davantage d’impacts réels et quantifiés sur la population. »
En d’autres termes, la baisse de la subvention était justifiée par l’absence de « programmes probants » (c’est-à-dire validés par des instances scientifiques ou universitaires) appliqués par le Planning familial de la Gironde. Et pour cause, dans l’Hexagone, les « interventions probantes » dans le champ de l’éducation à la vie sexuelle et affective « demeurent trop peu nombreuses », comme le rappelle Santé Publique France.
L’ARS Nouvelle-Aquitaine souhaite ainsi « co-porter » des programmes probants avec l’Éducation nationale et ses autres partenaires, à l’instar du Planning.
« Missions de services publics »
Une nouvelle réunion est prévue entre l’ARS Nouvelle-Aquitaine et l’association le 18 juillet, durant laquelle une convention, sur trois ans, doit être signée entre les parties. Elle doit acter un rallongement de l’enveloppe pour porter la subvention allouée pour 2024 à environ 155 000 euros (soit à la même hauteur qu’en 2023).
« Si c’est confirmé ça sauve des emplois », indique Annie Carraretto, co-présidente du Planning Familial de la Gironde. Deux emplois, à temps plein, étaient menacés par la baisse de la subvention. « Il faut que les engagements oraux soient confirmés par écrit », poursuit-elle :
« Nous sommes sur des missions de service public, nous ne devrions pas être traités ainsi. Nous avons toujours pointé le fait que les programmes probants n’existent pas dans l’éducation à la vie sexuelle et affective. La pression de l’extrême droite sur ce sujet est majeure. Nous avons besoin de l’engagement fort des pouvoirs publics à nos côtés. »
Le Planning familial de la Gironde se dit prêt à la « co-construction avec l’ARS de modalités d’interventions réalistes et respectueuses de ses savoir-faire et de son expertise ».
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