Ils sont une centaine à trépigner, côté rive droite. Des piétons et des cyclistes attendent l’ouverture du pont Simone-Veil ce mercredi vers 9h. En tête du cortège, Christine Bost, président de Bordeaux Métropole, Clément Rossignol-Puech, vice-président en charge des mobilités, et Pierre Hurmic, maire de Bordeaux.
« C’est bête, on aurait dû louer des vélos », lâche une femme quand le peloton s’élance. « C’est génial » entend-on par ci par là.
« Ce pont, c’est un franchissement, certes, mais c’est surtout un franchissement pour favoriser les mobilités douces. Donc le symbole de l’ouvrir cinq jours avant l’ouverture officielle aux véhicules lundi matin », commente Christine Bost.
30 000 véhicules par jour
Deux fois deux voies pour les voitures, deux voies pour les bus, deux pistes cyclables, et le reste sera pour les piétons, avec des aménagements en bois pour s’assoir, tantôt en croix, tantôt en cercle, ou encore en gradin, pour observer l’eau de la Garonne couler sous ce pont réduit à une plateforme épurée.
« Les estimations de circulation, c’est 30 000 véhicules par jour, à peu près 15 000 proviendraient du pont François-Mitterrand, 5 000 du pont Saint-Jean et puis le reste, ça serait des déplacements supplémentaires, indique Clément Rossignol-Puech. Il y aurait plus de 5000 déplacements à pied et à vélo. Les deux bus express qui à terme, en 2025, traverseront ce pont – la ligne circulaire des boulevards et la ligne Bordeaux – Gare Saint-Jean – Artigues -, transporteront à peu près 20 000 voyageurs ».
Dès ce lundi, deux lignes de bus, la ligne 54 et une nouvelle liane, la 6, vont desservir la rive droite et la gare Saint-Jean.
« Il y a aussi des projets d’extension du réseau Bato (ex-Batcub), poursuit le maire de Bègles. A la fin de l’année, deux nouveaux bateaux seront livrés pour faire des liaisons en amont du pont de pierre, jusqu’à l’Arena et Bègles. »
« Pont nouvelle génération »
« On a le sentiment que ce pont se fond dans le paysage, il est presque imperceptible », décrit Christine Bost. C’est un ouvrage « au cœur des mutations urbaines de la métropole », ajoute Pierre Hurmic, qui voit là « un pont nouvelle génération ».
« On a actuellement un grand projet de reconfiguration des boulevards, poursuit le maire écolo. Ce pont va en être le cœur. Je crois que c’est un des rares ponts européens à consacrer la moitié de son gabarit aux mobilités douces, c’est-à-dire aux piétons et aux cyclistes. C’est quand même tout à fait exceptionnel. »
« Il y a 11 ans, on a retenu ce projet parce qu’il avait cette singularité, c’est-à-dire qu’il fait place publique », ajoute Jean-Jacques Puyobrau, maire de Floirac, qui a rejoint les élus à pied.
« C’est un pont qui renoue un petit peu avec la tradition des ponts du Moyen-Âge. Je pense au ponte Vecchio à Florence, par exemple, qui était un pont aussi assez remarquable de ce point de vue-là [pont avec une galerie marchande et une allée piétonne centrale, NDLR]. »
Animations en attente
Ce projet avait été choisi il y a 11 ans pour ces particularités, insiste Jean-Jacques Puyobrau. Son architecte, Rem Koolhaas, avait notamment présenté des images de synthèse avec foules de piétons et animations de toutes sortes. Qu’en est-il de ces dernières, s’interrogeait récemment Rue89 Bordeaux ? La question n’est semble-t-il toujours pas tranchée : « Le programme est à construire » répond Christine Bost.
« Tout est à imaginer, poursuit la présidente de la métropole. L’espace est assez généreux pour pouvoir laisser aller l’imagination de nos partenaires en matière de sport, en matière de culture, d’animation, pourquoi pas effectivement des marchés, pourquoi pas des concerts, pourquoi pas des événements sportifs, des performances culturelles… »
La présidente évoque des échanges « avec les services de l’État pour constituer aussi les meilleures conditions de sécurité pour pouvoir organiser des événements dans des temps un peu complexes ».
Car si le pont est capable d’accueillir et supporter la foule, il n’est pas possible pour l’instant d’avoir pour une manifestation plus de « 5000 personnes en statique dans le cadre du plan vigipirate » précise Clément Rossignol-Puech.
Un tour des trois ponts
En attendant, promenade et jogging à souhait. Comme Justine, qui a voulu être parmi les premiers à faire le « nouveau tour des ponts, pierre et Simone-Veil » : « Je cours pratiquement tous les jours, et là, ça varie les parcours. » La piétonisation des quais sur la rive gauche, entre les ponts Saint-Jean et Simone-Veil, est attendue pour la fin de l’année.
Si le pont Simone-Veil n’accueille pas de végétations, les espaces arborés réunissent « 1150 arbres plantés de part et d’autre du pont » rappelle le maire de Bordeaux. Pas de projets d’ombrières en vue sur le pont même (faut-il encore que l’architecte accepte !), ni de panneaux photovoltaïques donc. « Tout n’est pas décidé aujourd’hui, mais c’est évident que ça évoluera », rassure Pierre Hurmic.
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