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Le sombre passé du maire Adrien Marquet affiché en salle du conseil municipal de Bordeaux

Maire de Bordeaux de 1925 à août 1944, Adrien Marquet fut un acteur de premier plan de la collaboration avec l’Allemagne nazie, à l’échelle locale comme nationale. La Ville tient à le rappeler par une plaque mémorielle posée près de son buste présent dans la salle du conseil municipal, au palais Rohan.

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Le sombre passé du maire Adrien Marquet affiché en salle du conseil municipal de Bordeaux
La plaque sera apposée à côté du buste d’Adrien Marquet au conseil municipal de Bordeaux

« C’est une première dans cette ville », a déclaré ce lundi Pierre Hurmic, pour présenter une initiative concernant un de ces prédécesseurs pas comme les autres : Adrien Marquet, condamné en 1948 par la Haute cour de justice à 10 ans d’indignité nationale.

« Son buste se trouve dans notre Conseil municipal, avec tous ceux des anciens maires de Bordeaux. Nous pensons que ce n’est pas un buste anodin, estime le maire de Bordeaux. Nous avons obtenu qu’une plaque mémorielle soit posée derrière le buste qui rappelle à la fois ses réalisations dans le cadre de ses fonctions et ses agissements au cours de la Deuxième guerre mondiale. »

Texte d’historien

Sylvie Schmitt, adjointe au maire chargée de l’éducation, a apporté quelques précisions concernant l’élaboration de la plaque qui sera bientôt apposée sur le buste de l’ancien maire :

« Le texte de cette plaque a été élaboré avec un historien bordelais et les membres de la commission de viographie. Le texte ainsi que son installation ont été validés par la Direction régionale des affaires culturelles. »

Des noms qui auront marqué la cité girondine à la Libération, Adrien Marquet est de ceux que l’on préfère habituellement pousser sous le tapis. Adhérent du Parti socialiste de Jean Jaurès en 1903, délégué de la Gironde au moment de la création de la SFIO en 1905, il devient conseiller municipal de Bordeaux en 1904 puis maire de la ville en 1925.

Avec l’architecte Jacques D’Welles, Marquet lance en 1930 un vaste programme d’urbanisme qui transforme la ville de Bordeaux en profondeur. Il participe activement à l’édification de la Bourse du travail, de la piscine judaïque, du stade Lescure, ou encore de l’immeuble de la Régie municipale du gaz et d’électricité. En parallèle de ces constructions art déco, il lance une réfection générale des égouts, de l’éclairage public et de la voirie.

Collaboration

En 1933, Marquet s’engouffre pleinement dans le virage idéologique entamé durant sa carrière municipale. Lors du 30e congrès de la SFIO le 14 juillet 1933, il prononce un discours placé sous la devise « Ordre, Autorité, Nation » ; Léon Blum, présent dans l’auditoire, lui rétorque en « être épouvanté ».

Après la crise des ligues fascistes du 6 février 1934, Adrien Marquet est nommé ministre du Travail par le président du Conseil Gaston Doumergue, dans le même gouvernement que Philippe Pétain et Pierre Laval.

Réélu député en 1936, il devient ministre d’État le 23 juin 1940 au lendemain de la capitulation française face à l’Allemagne nazie. Nommé ministre de l’Intérieur suite à un remaniement gouvernemental, il œuvre à l’obtention de suffrage pour le vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940, comme à la montée en puissance du Parti populaire français – mouvement politique d’inspiration fasciste – aux côtés de Jacques Doriot. Refusant d’entrer dans la Résistance, il prône la collaboration avec l’Allemagne nazie.

Antisémitisme

À Bordeaux durant l’occupation allemande, Adrien Marquet écrit les pages les plus sombres de la collaboration à l’échelle locale. À l’Hôtel de ville en 1942, il accueille notamment l’exposition antisémite « Le Juif et la France ». Il reste passif face aux rafles des Juifs bordelais et aux fusillades d’otages détenus par les troupes allemandes et n’oppose aucune résistance à la déportation de son ancien adjoint juif Joseph Benzacar, qui meurt en déportation à Auschwitz.

En août 1944, il négocie avec la Wehrmacht une évacuation de la ville sans destruction. Marquet reste maire jusqu’au 29, date de son arrestation après la Libération de Bordeaux. Il est ensuite incarcéré au Fort du Hâ, puis jugé de 1947 à 1948 par la Haute Cour de justice, où est il condamné à 10 ans d’indignité nationale, après 40 mois de détention à la prison de Fresnes.

Après la guerre, l’ancien maire collaborationniste tente de revenir en politique : il parraine notamment la liste de Paul Estèbe aux élections municipales de 1953, battue par celle de l’ancien résistant gaulliste Jacques Chaban-Delmas. Jamais amnistié malgré ses demandes répétées, Marquet meurt d’une crise cardiaque le 3 avril 1955.


#Adrien marquet

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