C’est un revers inattendu qu’ont essuyé les porteurs du projet de surf-park à Canéjan. Ce lundi 5 août, leur vidéo promotionnelle postée sur les réseaux sociaux a été épinglé par le Jury de déontologie publicitaire (JDP), un « organisme d’intérêt général qui traite de façon indépendante et impartiale les plaintes contre les publicités ».
L’instance avait été saisie le 5 mai dernier par l’association Canéjan en transition qui estimait le clip « trompeur ». Celle-ci est opposée au projet et soutenue dans sa démarche par Surfrider33 et Sepanso Gironde. Le projet, dont le permis de construire avait été déposé en juillet 2023 et accordé ensuite par la mairie, est critiqué et dénoncé comme une aberration environnementale.
Après un recours contre le permis déposé par les opposants, la mairie de Canéjan a récemment demandé un référé en expertise auprès du Tribunal, soit la désignation d’une nouvelle étude indépendante.
« Inexacte » et « manque de précisions »
Dans la vidéo mise en cause (voir ci-dessous), on y voit les quatre porteurs du projet présenter ses points forts et ses « solutions » face aux critiques émises.
Un argumentaire que n’a pas validé le JDP dans son avis purement consultatif et consultable publiquement. Dans les détails, le jury a qualifié plusieurs affirmations d’inexactes. Face à l’absence vantée de déboisement et de bétonnage, et bien qu’il reconnaisse son insertion dans une friche industrielle, le JDP rappelle que le surf-park « a néanmoins requis le déboisement d’une partie de la parcelle » où il est prévu une extension du bâti.
Sur la très épineuse question de l’eau, le Jury relève une contradiction du clip affirmant dans un premier temps qu’un « surfpark n’a pas besoin d’eau » et dans un second temps que celui-ci nécessitera au remplissage initial de l’eau potable, au moins partiellement. Il pointe également l’absence de précisions sur une potentielle vidange un jour des bassins, alors que le clip utilise justement pour argument sa non-nécessité à être vidangée comme une piscine classique, arguement « de nature à induire le public en erreur ».
Le JPD reproche par ailleurs un « message [qui] manque de clarté » sur la ressource énergétique annoncée comme assurée par « 11000 m² de panneaux solaires », rappelant une productivité « non-homogène dans l’année ». Tout comme l’argument de réduction des embouteillages dans la périphérie bordelaise, il est considéré par le jury « a minima, non proportionné » et rappelle que la circulation serait « plutôt amenée à croître » du fait de l’implantation du projet.
« Une première victoire » pour les opposants
Au final, le JDP conclut :
« L’allégation générale tendant à affirmer que le surfpark sera neutre en termes d’environnement et de développement durable […] paraît contredite dans les faits sur l’ensemble des points mis en avant par le film et peut donc être considérée comme minimisant l’impact du projet [sur] l’environnement ».
Et d’enfoncer le clou quelques lignes suivantes : « ce nouvel équipement sportif […] ne peut être promu comme neutre en termes de développement durable ». En conséquence de quoi, le Jury considère la vidéo comme une publicité trompeuse.
« Une première victoire » soulignent les opposants dans un communiqué de presse qui réclament désormais que la vidéo « soit retirée de tous les réseaux sociaux où elle est encore présente » et que « les raisons du retrait soient expliquées au public sur le compte Instagram [du projet] ».
Rémy Petit, de Canéjan en transition », prévient par ailleurs que « si la vidéo restait trop longtemps en ligne [elle est toujours épinglée actuellement sur le compte Instagram], […] on est prêt à examiner toutes possibilités en matière de greenwashing, y compris d’ordre juridique ».
De leur côté, les porteurs du projets n’ont pour l’heure pas réagi.
Chargement des commentaires…