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Une quarantaine de saisonniers roumains évacués du squat de la Jalle noire à Bruges

Les forces de l’ordre ont expulsé ce jeudi 22 août plusieurs dizaines de personnes d’origine roumaine installées sur un terrain de Bordeaux Métropole près du lac, où doit prochainement être construit un data center. Médecins du monde, qui suit plusieurs d’entre elles, déplore ne pas avoir été prévenu en amont.

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Une quarantaine de saisonniers roumains évacués du squat de la Jalle noire à Bruges
Une vingtaine de famille ont dû évacuer le site ce jeudi 22 août

Les « s’il vous plait » à l’attention des policiers n’y feront rien : ce couple roumain ne pourra pas retourner vers son campement sur ce terrain à Bruges, situé au bord du lac. Il dit y avoir laissé des affaires personnelles et ses documents d’identité, et, dans un français mal maitrisé, l’homme se plaint :

« Si pas papiers, difficile de rester en France et difficile de retourner en Roumanie. »

Comme lui, plusieurs affirment avoir été surpris par l’arrivée des forces de l’ordre ce jeudi 22 août vers 7h30. Les polices nationale et municipale sont intervenues à la demande de Bordeaux Métropole, propriétaire du site, et « en exécution de l’ordonnance d’expulsion rendue le 10 avril 2024 par le Tribunal judiciaire de Bordeaux » précise la Préfecture.

« Une surprise »

L’évacuation a été également « une surprise » pour les associations qui accompagnent les occupants de ce campement :

« Les assos sont d’habitude au courant, s’étonne Jean-Luc Taris, de Médecins du monde à Bordeaux. Cette fois-ci, on ne l’est pas. On était au courant de la décision du tribunal mais on avait fait appel en espérant qu’il soit suspensif [audience prévue le 21 novembre 2024, NDLR]. On suit la plupart des personnes ici et on aurait aimé être là pour les aider à comprendre ce qui se passe et à rassembler les affaires, et pour voir ce qu’ils comptent faire. »

Arrivé sur place vers 10h30 avec Martin Toraille, médiateur en santé de Médecins du Monde, les deux hommes n’ont pu accéder au site. « Tout le monde est parti » affirment les policiers qui bloquent les accès, notamment à la presse.

« Il y a une femme enceinte et d’autres personnes malades qu’on suit, reprend Martin Toraille. Elles sont parties ailleurs et risquent la rupture de soins. On mettra beaucoup de temps pour les retrouver. »

Selon Jean-Luc Taris, une vingtaine de famille vivaient ici « dans des conditions de vie dégradées, sans eau ni électricité » depuis 4 mois. Elles ont été évacuées d’un autre site près du stade, de l’autre côté du lac, en mars 2024, « pour faire propre avant les JO », et auparavant de Mérignac ou encore de Villenave d’Ornon.

Les derniers occupants ont quitté les lieux vers 10h Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Des travailleurs de la vigne

« Certains sont en France depuis plus de 10 ans, et en situation régulière. Ils travaillent dans les vignes et allaient commencer les vendanges, poursuit Jean-Luc Taris. Ces Roms de Roumanie ont parfaitement le droit d’être en France et demandent juste un espace où installer leurs caravanes. »

Sauf que sur ce terrain appartenant à Bordeaux Métropole, tous étaient installés sans droit ni titre. La collectivité a demandé leur expulsion de cette parcelle qui doit accueillir une piscine et un data center, dont les travaux vont normalement démarrer début 2025.

Dans un communiqué, la Préfecture a précisé que « l’opération d’évacuation s’est déroulée sans difficulté » et a mentionné la présence de 40 personnes :

« Les personnes vivant dans le bidonville ont fait l’objet d’un diagnostic social préalable par la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS). La grande majorité d’entre eux ne répond pas aux critères d’éligibilité pour intégrer les dispositifs d’insertion de l’État ou ne souhaite pas en bénéficier. »

Le communiqué de la préfecture mentionne « la prise en charge (par des nuitées d’hôtel) des familles et des personnes les plus vulnérables. Ainsi 2 adultes et 1 mineur ont accepté un hébergement d’urgence ».


#sans toit ni loi

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