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Accueil chaleureux des joueurs, étonnant match nul, et gros rassemblement à Lescure : la folle reprise des Girondins

Avec une équipe de dernière minute, le Football club des Girondins de Bordeaux a enfin entamé le championnat de National 1 par un incroyable scénario sur la pelouse de Sainte-Germaine ce samedi. Les supporters, tenus à l’écart de la rencontre, ont manifesté leur attachement au club lors de deux rassemblements, dont un très suivi dimanche au Parc Lescure.

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Accueil chaleureux des joueurs, étonnant match nul, et gros rassemblement à Lescure : la folle reprise des Girondins
Jour du premier match des Girondins en National 2

Le premier match des Girondins de Bordeaux en National 2 a enfin eu lieu. Et après un été au goût amer qui n’en finissait pas de jouer avec les nerfs des Bordelais, la rencontre contre Poitiers Football Club n’a pas manqué de rebondissements. Après la crainte d’un effectif incomplet, une hésitation sur le stade, et la décision d’un huis clos, le scénario de la rencontre a été tout simplement fou !

A 17h ce samedi 31 août, le coup d’envoi est donné. Les journalistes sont les seuls spectateurs autorisés. Le FCGB a aligné 14 joueurs sur la feuille de match. La plupart inconnus du grand public car sans contrat ou évoluant en réserve dans divers club. L’équipe première et son nouveau coach Bruno Irlès (ancien défenseur monégasque) a dû constituer un collectif en six jours et disposait de moitié de temps pour établir une stratégie de jeu.

Eric Dagrant, voix du stade, tente de dynamiser l’ambiance. En vain bien sûr. Dehors, on entend un petit groupe de supporters irréductibles donner de la voix. Ils ne verront rien du match. Les panneaux publicitaires leur barrent la vue. Certains iront jusqu’à se positionner près des chemins de fer qui surplombent le stade : un comportement dangereux, mais la ferveur n’a pas de limite.

Avec des amis, Théo a suivi la rencontre depuis la rue Photo : ML/Rue89 Bordeaux

Rencontre à huis-clos pour un match fermé

Sur la pelouse, il faut se contenter de quelques occasions franches mais pas transcendantes. Le groupe bordelais se cherche, combine, souffre aussi quand les visiteurs ouvrent le score à l’entame de la deuxième mi-temps. Il faudra attendre la toute fin de partie pour vibrer. Dans les arrêts de jeu, à la 96e minute, un dernier coup franc se joue pour Bordeaux.

Lassana Diabaté, le gardien de but, monte dans la surface adverse sur ordre de son coach. Le portier se déploie et vient dévier la balle de la tête qui atterri au fond des filets. Il sauve ainsi les Girondins pour leur première journée en N2. Lunaire ! Score final : 1-1.

La dizaine de supporters dehors exulte. Ils sont restés jusqu’au départ du bus. 

« C’est bien pour les jeunes joueurs qui n’ont pas beaucoup d’expérience de montrer que les supporters comptent sur eux, lâche Théo 20 ans, supporter depuis dix ans, adhérent aux Ultramarines depuis cette saison. Je voulais m’investir un peu plus vu la situation dans laquelle nous sommes. Gérard Lopez doit laisser sa place, on veut tout sauf lui. »

Loin du faste du Matmut-Atlantique, les joueurs viennent saluer leurs supporters… séparés par un mur.

Les joueurs sont venus saluer les irréductibles supporters Photo : ML/Rue89 Bordeaux

Les Ultramarines de sortie

Si tout oblige à l’humilité, l’arrivée du bus du FCGB en début d’après-midi est simplement du jamais vu à ce niveau. C’est la ferveur populaire des grands jours que l’on hume à Sainte-Germaine. Et les fumigènes craqués. L’air est saturé d’un épais nuage de fumée que tranchent les étendards bleus et blancs sous un soleil de plomb. Les chants fusent, maillots au scapulaire et écharpes sont brandis…

On en oublierait presque que c’est un match de National 2 qui se tient ce jour-là (4e division, niveau amateur) ! Les Ultramarines avaient appelé à un rassemblement en soutien à la nouvelle équipe bordelaise. La marche a réuni 500 personnes et leur arrivée par l’avenue de la Libération-Charles-de-Gaulle au Bouscat a été impressionnante :

« Je suis là pour soutenir ce nouveau départ et parce qu’il faut être soudé dans ce contexte. Les voir en N2 c’est un crève-cœur. C’est toute une culture qui part en lambeau, les Bordelais et le scapulaire sont salis. Ceux qui ont quitté le navire cela m’est resté un peu en travers de la gorge », confie David, Ultra de 2016 à 2021, venu avec sa compagne Sandra.

Si les sympathisants du plus grand groupe de supporters des Girondins étaient là, le président et propriétaire du club lui était absent. Avant le match, Gérard Lopez a publié une lettre sur le compte X du FCGB dans laquelle il revient sur les raisons de son silence, justifie ses choix pour sauver le club et défend tant bien que mal son bilan. Il donne notamment des garanties en annonçant l’arrivée d’Arnaud de Carli comme vice-président et Guy Cotret en soutien des finances du club.

Samedi, les Ultramarines n’ont pas commenté cette lettre et ont déclaré ne pas avoir eu le temps de préparer une réponse publique.

Le Stade Bordelais inquiet

En arrière plan de la crise des Girondins, un autre conflit fait tâche noire sur cette reprise : celui entre les Ultramarines et la North Gate Bordeaux, un groupe de supporters né la saison dernier. Leurs prises de bec passées avaient marqué les esprits au point que le huis clos pour ce match s’est imposé. Le moindre débordement aurait été ingérable à l’extérieur du stade Sainte-Germaine par la municipalité du Bouscat et à l’intérieur de l’enceinte par le FCGB.

Qu’en sera-t-il pour les matches suivants ? Si Sainte-Germaine offrait une solution de repli qui se voulait ponctuelle, à l’heure où sont écrites ces lignes, personne n’est en mesure d’affirmer que le FCGB n’occupera pas de nouveau l’enceinte au grand dam du Stade Bordelais. À 15h30, lors d’une conférence de presse, le club omnisports qui compte 6000 adhérents a rappelé son inquiétude quant au choix de mettre à disposition l’enceinte sportive aux Girondins.

Même si la mairie de Bordeaux s’est voulue rassurante en affirmant que des « discussions plutôt positives [sont] en cours entre le club et SBA pour l’utilisation du Matmut lors les prochaines journées », le président du Stade Bordelais, Laurent Badinet, dit n’avoir aucun information.

Rassemblement à Lescure

Le lendemain, dimanche 1er septembre, c’est un autre rassemblement ouvert à tous qui était organisé au parc Lescure (ex-stade des Girondins avant le Matmut) par deux supporters, Jérémy Berrié et Djino Forté. Leur appel a été suivi par près de 1500 personnes : bien au-delà de leurs espérances.

« Le mot d’ordre était clair : “Lopez dehors”. C’est notre combat. Ce qui ressort de sa lettre d’ailleurs est un ramassis de conneries et de mensonges, c’est hors-sol, s’insurge Jérémy Berrié. On veut maintenir la pression sur lui et ceux qui sont dans ce noyau cancéreux à la direction mais aussi soutenir les salariés, certains avertis par courrier de leur licenciement. On n’oublie pas le centre de formation et les féminines qui ont été mises au fond du tiroir avec mépris. »

Jérémy Berrié a choisi de donner rendez-vous au parc Lescure pour célébrer « les heures glorieuses des Girondins dans ce stade » (aujourd’hui occupé par les rugbymen de l’Union Bordeaux Bègles) et pour promouvoir l’unité entre les supporters. Une centaine de membres de la North Gate Bordeaux est venue mettre l’ambiance avec fumigènes, chants et tambours.

Derrière, le Kop 33, un nouveau groupe de supporters avec adhésion gratuite fondé cet été par Saïd Iftène, 24 ans et supporter depuis 2016, a rejoint le cortège :

« On a vu qu’il y avait pas mal de gens qui quittaient les tribunes car ils avaient peur. On s’est dit qu’il fallait faire revenir ces gens-là avec leurs familles, leurs enfants… C’est très familial, on se positionne comme ça. Et on veut de l’unité. On a rencontré les UB87 et la NGB. Tout s’est très bien passé. »

La réponse de Hurmic à Lopez

Place Johnston, Pierre Hurmic était présent à l’appel « Tous à Lescure » :

« Les Girondins c’est notre patrimoine c’est mon devoir de maire de faire en sorte que ce patrimoine puisse vivre », déclare le maire de Bordeaux.

L’édile ne cache pas son agacement par la lettre de Gérard Lopez et dénonce « une petite attaque envers les collectivités territoriales ».

« Il ne peut pas nous reprocher de recevoir tous les investisseurs des Girondins qu’il ne juge pas sérieux. Qu’il balaie devant sa porte. […] Je note aussi un mea culpa quand il dit qu’il ne s’est pas assez inséré dans le tissu local. C’est un euphémisme ! On ne reconstruira pas les Girondins si le club n’est pas davantage ouvert vis-à-vis des acteurs économiques locaux. »

A côté des prises de parole de représentants de plusieurs structures (la NGB, les Socios…), des élus ont tenus à montrer leur soutien au club. Philippe Poutou, du Nouveau Parti Anticapitaliste et supporter pendant quarante ans des Girondins « jusqu’au déménagement au Matmut en 2015 », rappelle à Rue89 Bordeaux son souhait que « les clubs deviennent sous contrôle des supporters et habitants » et « espère que cette mobilisation sera un vrai réveil populaire ».


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