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Le stade Matmut Atlantique, l’éléphant (blanc) dans la pièce des Girondins de Bordeaux

Propriétaire du Matmut Atlantique, Bordeaux Métropole met en demeure son exploitant, SBA de laisser y jouer les Girondins de Bordeaux, quoique reléguer en National 2. Christine Bost met ainsi la pression sur SBA, qui exige une participation de 75000 euros par match. La présidente de la métropole renvoie à plus tard la question de l’avenir du stade, trou noir pour les finances publiques.

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Le stade Matmut Atlantique, l’éléphant (blanc) dans la pièce des Girondins de Bordeaux
Le stade Matmut Atlantique

« Je ne comprends pas pourquoi les Girondins, club résident du Matmut Atlantique, ne pourraient pas y jouer, et Bordeaux Métropole a signifié une mise en demeure au gestionnaire du stade pour que les Girondins jouent au Matmut. »

Interrogée à la fin de sa conférence de presse de rentrée sur la situation du club de foot bordelais, relégué en National 2 et qui a du faire son premier match à domicile au stade Sainte-Germaine, au Bouscat, Christine Bost a tapé du poing sur la table.

« Quelque chose ne tourne pas rond »

Pour la présidente de Bordeaux Métropole, propriétaire du grand stade, « il y a un contrat qui doit être respecté », si nécessaire au tribunal. Car ce contrat ne stipule pas, selon elle, qu’il faut être un club professionnel pour évoluer au Matmut. C’est l’argument dont s’était prévalu SBA (Stade Bordeaux Atlantique) pour en refuser l’accès aux Girondins après l’abandon de leur statut professionnel.

Depuis, SBA – filiale des groupes de BTP Vinci et Fayat, qui a construit et gère le Matmut dans le cadre d’un partenariat public-privé -, avait mis de l’eau dans son vin. Son président Loïc Duroselle a ainsi déclaré le 30 août dernier à Sud Ouest être « prêt à faire un loyer zéro » au club, ajoutant toutefois qu’il était « impératif que les Girondins prennent en charge les frais techniques » (entretien, sécurité, fluides…). Mais Christine Bost s’interroge sur les montants exigés :

« Il y a dans le contrat une ligne dite de tour de clé, qui était de 50 000 euros par match quand le club était en Ligue 1. Aujourd’hui SBA demande 75 000€ alors que les Girondins sont en N2, quelque chose ne tourne pas rond. »

D’autant que SBA aurait même évoqué un chiffre de 400 000€ par saison en Ligue 2, composée de 20 équipes, soit 21 000 euros par match à domicile, lors de la procédure de conciliation menée l’année dernière avec la métropole.

Car si les comptes du Matmut sont depuis deux ans équilibrés, notamment grâce à l’accueil de nombreux évènements (concerts, coupe du monde de rugby…), son exploitant avait jusque-là perdu beaucoup d’argent (20 millions d’euros au total), et réclamait de longue date une révision du contrat le liant à la collectivité, jugé trop avantageux pour celle-ci (voir l’encadré ci-dessous).

Négocier ou pas

Réagissant aux propose de Christine Bost, Loïc Duroselle s’est dit à La Tribune « très serein et confortable ».

« Le contrat prévoit que le club résident est l’équipe masculine professionnelle des Girondins de Bordeaux qui n’existe plus. Le retour du FCGB devra se faire avec un contrat adapté au niveau amateur et avec des garanties de paiement qui nous rassurent, après l’ardoise laissée par l’équipe actuelle la saison dernière (autour de 100000 euros). Nous sommes prêts à discuter d’un loyer très bas, voire même à zéro. »

Ces « garanties de paiement » pourraient être du fait de la collectivité, ce que se retrouver l’opposition de droite à la métropole et à la mairie de Bordeaux approuve. Lors d’une conférence de presse mardi, Nicolas Florian a ainsi déclaré que « s’il était (encore) maire de Bordeaux, il verserait les 100000 euros réclamés par SBA aux Girondins de Bordeaux »… pour chaque match

Toujours en appui de SBA, le maire de Saint-Aubin, Christophe Duprat (Métropole Commune(s)) estime qu’il ne serait « pas anormal de revoir ce contrat étant donnée la descente des Girondins », et soutient même le versement par la métropole d’une aide annuelle de 1,5 million d’euros. Mais ces négociations avec SBA n’ont pour Christine Bost « pas lieu de se poursuivre ».

Christine Bost prête au bras de fer avec SBA Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Elle renvoie en effet à la décision attendue le 17 septembre prochain du Tribunal de commerce sur le dossier des Girondins de Bordeaux, actuellement en redressement judiciaire. Si le club est jugé dans l’incapacité de rembourser ses dettes colossales, estimées à plus de 100 millions d’euros, il pourrait être mis en liquidation. Et à nouveau rétrogradé, en N3 voire en championnat régional, où jouer dans un stade de 42000 places n’aurait aucun sens…

Liquidation

« Moi je souhaite qu’on évite la liquidation », affirme Christine Bost, qui éloignerait pour longtemps les Girondins du haut niveau. Selon la maire d’Eysines, le président du tribunal de commerce a pour cela posé « deux conditions » : d’abord, « qu’il n’y ait pas de charges de loyers, ce que nous proposerons le 27 septembre », à travers une nouvelle délibération présentée en conseil de Métropole ce jour même, afin de suspendre à nouveau le loyer de 4,7 millions d’euros dont sont redevables les Girondins. 

Ensuite, selon la présidente de la métropole, « que les Girondins jouent au Matmut car leur budget prévisionnel intègrent des éléments de recettes de sponsors et de billetterie – or à Sainte-Germaine il n’y a pas de billetterie ». L’élue évoque aussi les conditions de sécurité des tribunes, afin d’éviter les frictions entre groupes de supporters, plus délicates à remplir au Bouscat.

Un « caillou dans la chaussure »

Quand le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, considère qu’il faut céder le grand stade, « un caillou dans la chaussure qui fait perdre de l’argent à tout le monde – aux Girondins, à SBA et à Bordeaux Métropole », Christine Bost répond que « l’annonce n’est pas encore sur le Bon coin ».

« La complexité du montage du PPP ne permet pas de dire aisément quel est le bon prix et il y a des subtilités liées à son statut, à l’évaluation de sa valeur par le service des Domaines, à la dette… Ce n’est pas à exclure mais ce n’est pas l’heure. Certains peuvent penser qu’on sera vendeur à tout prix et que cela peut-être une bonne affaire, mais je ne braderai pas le stade. C’est de l’argent public. »

La présidente rejoint sur ce point son opposition, qui lors d’une conférence de presse mardi 3 septembre, a défendu cet équipement, hérité de l’ère Juppé et construit pour l’Euro 2016 :

« C’est le stade qui a coûté le moins cher de l’Euro, ce serait une folie de le vendre, s’émeut Christophe Duprat, maire de Saint-Aubin du Médoc. Il faisait partie d’un triptyque pour l’attractivité de Bordeaux avec la Cité du Vin et l’Arena. Il ne faut pas le remettre en cause, c’est indispensable si on veut être une grande agglomération. »

Même si le Matmut (dont le nom pourrait d’ailleurs changer, le contrat de naming de SBA avec la société d’assurances expirant en 2025) pourrait bientôt sonner très creux.


#Girondins de Bordeaux

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