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Avant son week-end de clôture, des spectacles toujours vivants au Festival des arts de Bordeaux

L’édition 2024 du Festival des arts de Bordeaux se poursuit jusqu’au dimanche 13 octobre. Et il reste des spectacles à ne pas rater sur les scènes de la métropole avant le week-end de clôture.

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Avant son week-end de clôture, des spectacles toujours vivants au Festival des arts de Bordeaux

Le Festival International des Arts de Bordeaux Métropole (FAB) se déroule actuellement et jusqu’au dimanche 13 octobre. Outre le week-end de clôture plein de promesses, avec notamment Trampoville de la compagnie Hors Surface samedi 12 octobre et la Faboum le soir même, des spectacles se jouent encore sur les scènes de la métropole bordelaise. Si I-3 · être habitant du chorégraphe Hamid Ben Mahi démarre ce jeudi soir, d’autres ont déjà comblé leurs publics.

Mais en préambule, comment ne pas évoquer les événements tragiques au Moyen Orient qui se sont invités à leur manière dans l’édition 2024 du festival ? L’artiste libanaise Hiba Najem n’a pu se rendre en France pour présenter Chaussons aux tomates, la compagnie aérienne ayant supprimé ses vols et aucun transport alternatif n’étant possible.

Cette actualité rappelle celle de l’année dernière où l’artiste palestinien Ahmed Tobasi avait vu son spectacle And Here I Am annulé dans de nombreux pays, toutefois maintenu à Bordeaux. Signe que le FAB demeure un des rares festivals à offrir autant de visibilité à la scène culturelle moyen-orientale. Sa directrice, Sylvie Violan, n’avait pas manqué de rendre hommage aux artistes libanais – accueillis en 2021 –, lors de l’inauguration officielle de cette édition dans les jardins de la mairie.

Johann Le Guillerm, invité d’honneur, ouvre le bal

Originaire de la Sarthe, Johann Le Guillerm est un artiste unique dans le paysage française. Savant fou ou maître de l’absurde, « venu » du cirque, ancien de la compagnie Archaos et grand prix national du cirque en 1996, il a signé l’ouverture du festival avec une performance-installation époustouflante, La Transumante, le 29 septembre sur le Miroir d’eau à Bordeaux.

L’œuvre « architexturale » a été mise en musique par le chœur de l’Opéra national de Bordeaux avec des extraits du Requiem de Mozart, dirigé par Salvatore Caputo. Ce moment, qui a réuni des centaines de Bordelais, a été béni par un soleil inespéré.

Le chœur de l’Opéra national de Bordeaux dirigé par Salvatore Caputo Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Terces, Le Pas grand chose, et bien plus

De la théorie à la pratique. Avec Le Pas grand chose, doctement présenté dans un amphithéâtre flambant neuf de l’Université de Bordeaux, Johann Le Guillerm exposait ses recherches, exercices appliqués à l’appui.

Échafaudant des raisonnements a priori logiques poussés jusqu’à l’absurde, le circassien jongle avec la calligraphie des chiffres et les liens qui les unissent, ou encore planche sur les pouvoirs de choses a priori inanimées. Par exemple des bananes, qui ont « 50% d’ADN en commun avec les humains », ou des spiralini.

Dans Tercesencore visible jeudi, vendredi et samedi à la CitéCirque, à Bègles -, l’invité d’honneur du FAB se mue justement en dompteur d’objets, manipulant des créations faits maison, en plusieurs dimensions, construisant des structures improbables, ou révélant des machines réinventant le mouvement perpétuel. Du jamais vu drôle, poétique et tout public, à ne rater sous aucun prétexte.

Lors de cette édition du FAB, Johann Le Guillerm a ainsi pu déployer tout un éventail de son projet-concept Attraction. La Motte dans les jardins de la maire et Les Imaginographes à l’espace Saint-Rémi sont encore visibles jusqu’au 3 novembre.

La Caverne d’Os’o

La dernière création du Collectif Os’o s’est jouée à Blanquefort, pour la première fois après sa création en 2024 à la Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc. Et comme tous les spectacles de cette compagnie bordelaise, Caverne était attendue au tournant. Elle est toujours à l’affiche jusqu’au 11 octobre.

Après ses expéditions dans le web (Pavillon noir), l’espace (X) ou le polar (L’affaire Boson), pour ne citer qu’elles, Os’o plonge dans l’archéologie. En deux heures, le collectif livre une visite multi-dimensionnelle de la grotte de Lascaux.

La première scène, drôlement réaliste, conduit le spectateur dans une visite guidée à l’accent du Sud Ouest. Par la suite, sept comédiens explorent la « caverne » à travers les relations entre une employée et sa supérieure hiérarchique, entre un père et sa fille après la mort de la mère, entre un frère et une sœur qu’une expédition spéléo réunit. Ils rendent au passage hommage à l’abbé Henri Breuil avec un clin d’œil à Georges Bataille.

En fil d’Ariane, « l’homme du puits », la scène sans doute la plus énigmatique de toutes les peintures rupestres, et quelques apparitions tout aussi mystérieuses d’un homo sapiens en mascotte farfelue.

Bien que dans Caverne, le Collectif Os’o fait ce qu’il sait faire de mieux, c’est-à-dire du pur théâtre, la mécanique du spectacle trébuche parfois sur des enchainements grippés et des longueurs que l’humour peine à repêcher.

La parole des mères Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Mothers en force

Sur les planches de la salle Vitez du TnBA jusqu’au 11 octobre, 19 femmes et une adolescente, ukrainiennes, biélorusses et polonaises. Dans le public leur cheffe de chœur, la polonaise Marta Górnicka. Le livret est un recueil de témoignages et de revendications. Katerina, Bogdanova, Svitlana, Sasha, Lisa, Palina… appellent d’une seule voix à la paix.

Mothers, a song for wartime est un spectacle revendicatif, où chaque parole est une urgence à agir, à stopper la haine, la violence et le viol, et à exiger l’arrêt des guerres. Ces femmes, mères, sœurs et filles, jettent ici ce qu’elles ont vu et vécu. Sans fard, sans métaphore, et sans détour, le message est à prendre au premier degré jusqu’à ce que l’émotion déborde. En une heure, comme un rituel, danses et chants appellent l’humanité au retour de l’humain.

Bad blocs et vous

La compagnie bordelaise la Boîte à sel poursuit ses explorations sonores avec Bad blocs, un spectacle au dispositif ludique et participatif. Face à une forêt d’amplis cubiques de toutes tailles, perchés à différentes hauteurs et intervenant comme des acteurs immobiles (mais lumineux), le public est invité à manipuler des blocs, eux aussi amplifiés et numérotés (jusqu’à 101). Des sortes de boîtes à meuh, mais beaucoup plus évoluées.

Et, magie, les échanges et interactions se nouent entre ces machines, qui déclenchent des bruitages intempestifs, dialoguent entre elles ou avec les spectateurs, les font chanter ou même jouer des répliques de tragédie. Un maître de cérémonie accompagne l’expérience, qui laisse une grande part à l’improvisation des créateurs derrière leur console. Une pièce à mettre entre toutes les mains.

Sliding Slope aux Bassins à flot Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Dans le rétro

Double entrée en matière réussie pour Fanny de Chaillé au FAB et au TnBA, où elle se présentait avec une de ses créations, Le Chœur. Et le public a réservé un accueil enthousiaste à cette troupe de 9 comédiennes et comédiens (initialement 10), qui enchainent les saynètes, se coupent, reprennent le fil de leur histoire, assurant les bruitages ou jouant les figurants. Iels passent sans transition du comique au dramatique, dans une chorégraphie millimétrée qui vire à la danse libératrice. Même si on frise parfois l’exercice de théâtre et que la forme prime sur le fond, Le Chœur assume avec brio sa légèreté.

Dans sa distribution, on retrouve Marius Barthaux, danseur d’exception aussi à l’affiche de Sacre. Cette création du collectif La Ville en Feu, une réécriture dansée et chantée a cappella de l’œuvre d’Igor Stravinsky, a été donnée en plein air, dans le square Dom Bedos. Son énergie primale et sa drôlerie ont enflammé les participants à ce week-end gratuit du Fab au TnBA.

Sacré Sacre, du collectif La Ville en Feu Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Coup de cœur également pour Cosmos au Glob Théâtre, où la palestinienne Ashtar Muallem, avec la complicité de Clément Dazin, a déployé sa grâce et sa poésie avec un drap aérien pour rappeler au bon souvenir des souffrances de sa terre natale. De leur côté, les Hollandais de Vloeistof ont offert l’étonnant Sliding Slope sur les Bassins à flot, une fable écologique et cynique qui alerte sur l’avenir sombre de la planète Terre, toute entière.


#Culture

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