« Qui veut la mort des radios associatives ? » se demandent le Syndicat national des radios libres (SNRL) et la Confédération nationale des radios associatives (CNRA). Dans un communiqué publié vendredi 11 octobre, les deux syndicats majoritaires ont sonné l’alerte après l’annonce d’une réduction de 35 % du Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER), « une coupe drastique » de 10 millions d’euros.
« Sur les 12 millions d’euros d’économies demandées [sur le budget du ministère de la culture, NDLR], 10,4 millions d’euros seront entièrement supportés par les radios locales associatives, alors que ces dernières ne représentent que 4 % de l’enveloppe budgétaire globale dédiée à la Mission Médias, Livre et Industries Culturelles », peut-on lire dans le communiqué.
40 radios libres en Gironde
Les micros pourraient bien s’éteindre pour de nombreuses radios associatives qui ont fêté en 2021 les 40 ans de la loi du 9 novembre 1981 autorisant les radios libres. En Gironde, elles sont une quarantaine selon l’Annuaire des radios.
RCF, Euradio, Radio Nos cultures, Radio Paul Bert et La Clé des ondes à Bordeaux, O2 Radio à Cenon, Radio Campus à Pessac, RIG à Blanquefort, Plage FM sur le Bassin d’Arcachon, Aqui FM dans le Médoc, Mélodie FM dans le Libournais, Radio Entre-deux-Mers… ces stations « ne se contentent pas d’informer, elles tissent un lien direct avec les habitants du département, couvrant une large diversité de sujets », écrivent-elles dans un communiqué commun.
« En Gironde, ces radios, qui diffusent en FM et DAB+, emploient des journalistes, techniciens et animateurs, tout en s’appuyant sur l’engagement bénévole. Elles favorisent l’expression locale et permettent aux citoyens de participer activement à la vie publique, en offrant une tribune aux associations, artistes et initiatives locales. Leur disparition porterait un coup dur à la démocratie locale et à la diversité culturelle. »
« Ce qu’on fait, si on le fait plus, personne ne va le faire à notre place » commente Nicolas Loubère, responsable d’antenne de Radio Campus Bordeaux.
« Charger un acteur pour avoir moins de mécontents »
« On ne comprend pas, pourquoi ce ne seraient que les radios associatives qui devraient assumer les 85% d’économies du ministère de la Culture. Ils ont du décider de “charger” un seul des acteurs pour avoir moins de mécontents », poursuit Nicolas Loubère.
Concrètement, pour Radio Campus Bordeaux, membre du réseau Radio Campus France qui réunit 27 radios sur tout le territoire français, cet effort représente « 22 000 euros en moins sur un budget total de 120 000 euros ».
« On a trois salariés, ça peut mettre en péril un des trois postes. Ou alors on garde les trois postes mais on ne peut rien faire d’autre, c’est-à-dire que s’il y a un problème technique, un émetteur ou la console du studio qui tombent en panne, on ne peut pas réparer. »
Les trois salaires se situent autour du Smic. Outre Nicolas Loubère, Radio Campus emploie un responsable de la programmation musicale « qui va gérer les relations avec les maisons de disques » et un animateur à temps plein « qui gère les émissions quotidiennes ». Pour le reste, « 80 bénévoles animent des chroniques dans les magazines quotidiens ou alors des émissions musicales tous les soirs ».
« Coup de guillotine »
La radio basée à Pessac, « hébergée par l’université », bénéficie actuellement de 62 000 euros du FSR, que complètent « des subventions des deux universités de Bordeaux et Bordeaux-Montaigne à hauteur de 40 000 euros ».
« Il y a des radios associatives qui ont une économie encore plus précaire que la nôtre, reconnait Nicolas Loubère. Surtout qu’on nous a demandé à tous de faire des efforts financiers pour mettre en place le DAB [Digital Audio Broadcasting, la diffusion numérique de la radio, NDLR]. Il a fallu qu’on dépense de l’argent pour s’équiper et on paye aujourd’hui 350 par mois pour y être. »
L’annonce du gouvernement « représente une véritable menace pour des radios qui, avec peu de moyens, réussissent à offrir une richesse de programmes indubitable », écrit le collectif des radios locales. Il dénonce un choix qui met en péril « la mission de service public que remplissent ces radios de proximité ».
« Il ne s’agit pas, ici, d’un rabot économique, mais d’un vrai coup de guillotine. Cette exécution est-elle actée, décidée, voulue et assumée ? » s’interrogent les syndicats.
Une question qu’ils poseront à la réunion obtenue ce vendredi auprès du ministère, à l’issue de laquelle ils espèrent le convaincre d’être sur la même longueur d’onde.
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