Le projet d’un transport par câbles pour franchir la Garonne est-il repêché ? Suite à ses réserves exprimées lors de la consultation publique préalable qui s’est tenue du 28 novembre 2022 au 13 février 2023, le Comité Local Unesco Bordeaux (CLUB) – instance de dialogue qui veille à la compatibilité des projets avec le classement Patrimoine mondial – a convoqué une mission de conseil.
Celle-ci, composée de l’Unesco et le Conseil international des monuments et des sites (Icomos), a rendu son rapport. Elle se prononce en faveur de deux tracés sur les neufs proposés : le bleu et le rouge, entre les stations Achard et Buttinière.
Sur la base de l’analyse du dossier et de visites sur place, la mission a rapidement écarté le tracé vert (Cité du vin / Lissandre sud / Rocher de Palmer) : celui-ci impacterait négativement la VUE (Valeur Universelle et Exceptionnelle) du bien « Bordeaux, Port de la Lune ». Il en est de même pour les autres tracés entre Lissandre et le Rocher de Palmer.
Cette décision vient confirmer l’analyse faite par le CLUB : le comité avait déjà ciblé le trajet vert qui aurait nécessité « la construction d’un pylône d’environ 100 m de haut dans le lit de la Garonne en rive gauche », ce qui aurait mis « la Ville de Bordeaux en grandes difficultés vis-à-vis de la préservation de la VUE ». Le franchissement en diagonale de la Garonne posait aussi problème car contraire à ce qui se fait « depuis deux siècles ».
Des études supplémentaires
« Les tracés rouge et bleu compris entre les stations Achard et Buttinière pourraient être conçus de manière à ne pas avoir d’impact sur la VUE si le positionnement de certains pylônes est réexaminé. À cette fin, il conviendrait d’effectuer des études supplémentaires avant de prendre toute décision, ainsi que de préparer une étude d’impact sur le patrimoine », peut-on lire dans un communiqué de Bordeaux Métropole.
Suite à ces observations, la Métropole déclenche une mission d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (AMO) dans le but d’approfondir « les aspects techniques consécutifs aux recommandations (positionnement des pylônes notamment), aux conditions de survol de la rive droite et à l’implantation des stations ».
Différentes technologies de système télécabine seront également étudiées afin de convenir à l’utilisation de la solution la plus pertinente. La plus privilégiée reste cependant « une technologie à plusieurs câbles, type 3S (tri câble), reconnue pour sa fiabilité, sa performance et sa qualité d’offre ».
La concurrence du tram
La volonté d’implanter une ligne de téléphérique remonte à 2021 : le conseil métropolitain avait à l’époque identifié cette solution comme une réponse intéressante au défi de la mobilité entre les deux rives de la capitale girondine. Depuis, elle est concurrencée par le passage du tram sur le pont Chaban-Delmas, permettant une jonction entre les lignes A et B entre Cenon-Gare et Bacalan. La mesure, d’abord défendue par les élus de droite, avait commencé à faire son chemin dans l’esprit de nombreux élus.
Au cours de la consultation publique préalable, près de 785 avis s’étaient exprimés : 373 contributions favorables au projet, 267 défavorables, les 145 autres étant neutres, indéterminés ou favorables sous réserve. Neuf tracés possibles étaient présentés, regroupés en 3 familles (verte, rouge et bleu), faisant entre 1,8 et 2,7 kilomètres et donnant la possibilité de rallier l’une des deux rives en 10 minutes.
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