« Universités fragilisées, jeunesse oubliée, recherche en péril » : l’Université de Bordeaux alerte ce mercredi 27 novembre dans un communiqué sur les conséquences qu’aurait, selon elle, le projet de loi de finances 2025 s’il était adopté en l’état par le parlement.
Son président, comme l’Université de Bordeaux-Montaigne, sont associés à la démarche de France Université, qui a rencontré le 21 novembre dernier Patrick Hetzel, leur ministre de tutelle, pour « le mettre face aux conséquences de ses décisions ».
« Si les choses devaient rester en l’état, les universités ne pourraient plus assurer leurs missions de service public, prévient Alexandre Péraud, président de l’Université Bordeaux Montaigne, dans un message adressé à la communauté universitaire. Certaines baisseront leurs capacités d’accueil, d’autres fermeront leurs sites délocalisés, toutes retarderont la rénovation de leur patrimoine immobilier et réduiront évidemment la qualité du service rendu aux étudiants. »
« Situation impossible »
Alexandre Péraud estime qu’ « en opérant ces coupes budgétaires alors que nous terminons la préparation du budget prévisionnel 2025, l’État nous met dans une situation impossible ».
Il chiffre à 3,2 millions d’euros, soit près de 3% du budget de son université, la charge supplémentaire que pourrait représenter trois nouvelles mesures envisagées par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche : l’augmentation (sans compensation) du Compte d’affectation spéciale pension (CAS) – pour le régime des retraites de l’État –, celle (non compensée) du point d’indice pour le salaire des fonctionnaires, et le 1% solidarité sur le budget des établissements.
« Le Ministre s’est engagé, devant les Présidentes et Présidents, à renoncer à prélever 1 % supplémentaire sur les budgets des établissements pour créer un fonds de solidarité », indique pour sa part Dean Lewis, président de l’Université de Bordeaux.
« Mais si le Gouvernement confirmait son intention d’augmenter, sans compensation, le CAS, ce serait un nouveau surcoût estimé à presque 5,7 millions d’euros qu’il irait prélever sur le budget 2025 de l’université de Bordeaux. »
Répercussions sur Parcoursup
Or celle-ci estime à 14,7 millions d’euros le coût des mesures salariales supplémentaires non compensé depuis 2022. « Ces mesures d’amélioration du pouvoir d’achat des personnels (augmentation du point d’indice, prime de pouvoir d’achat exceptionnelle, RIPEC…), nécessaires et bienvenues, […] ont coûté à Bordeaux Montaigne la somme de 4,1 millions d’euros depuis 2022, dépenses que notre université a dû absorber sans compensation », estime pour sa part Alexandre Péraud.
« Face à cette situation, il importe que le monde universitaire résiste et se mobilise, poursuit ce dernier. Il ne s’agit pas d’ignorer les réalités budgétaires nationales, mais de peser pour que le Ministre de l’Enseignement supérieur défende ses universités en arbitrant par exemple en faveur du public plutôt que du privé, ou en consacrant au fonctionnement des universités cette partie des 7 milliards du crédit-impôt recherche qui constitue aujourd’hui une aubaine fiscale pour les grandes entreprises. »
« Si leurs revendications n’étaient pas prises en compte, signale Dean Lewis, l’État prendrait la responsabilité de contraindre les universités à n’avoir d’autres choix » que de baisser les capacités d’accueil sur Parcoursup et donc le nombre de places pour les futurs bacheliers, de réduire leurs offres de formation, de fermer des sites universitaires de proximité, ou encore de basculer une partie des enseignements à distance pendant la période hivernale.
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