L’année 2024 se termine plus mal qu’elle avait commencé pour les deux employés d’Enedis jugés pour les coupures d’électricité intervenues lors du mouvement contre la réforme des retraites.
Relaxés en première instance le 9 janvier, Alexandre Truch et Christophe Garcia viennent d’être condamnés par la cour d’appel de Bordeaux à neuf mois de prison avec sursis, à verser 5000€ au CHU de Bordeaux et 1€ à Enedis, tous deux parties civiles. Leur avocat, Maître Jérôme Borzakian, annonce un pourvoi en cassation.
En avril 2023, les deux syndicalistes de la CGT avaient coupé le courant durant plus de deux heures et privé d’électricité 20 000 foyers, ainsi que l’hôpital Saint-André (comme la mairie de Bordeaux et le tribunal judiciaire). Ces coupures ont été « assimilées à des dégradations », ainsi qu’à une mise en danger de la vie des patients sous assistance électrique à l’hôpital.
« Pas de casse »
Alexandre Truch et Christophe Garcia avaient échappé à la condamnation en première instance, le tribunal faisant valoir le droit de grève et la « liberté d’expression syndicale ». Ces coupures avaient été votés en assemblée générale mais pas celle de l’hôpital Saint-André, qui « n’avait pas été revendiquée par la CGT », selon son secrétaire départemental Stéphane Obé.
Lors de l’audience intervenue le 12 novembre dernier, Alexandre Truch et Christophe Garcia se sont défendus en affirmant qu’ils n’avaient pas été à l’initiative des coupures, et étaient à ce moment présents à proximité du cortège de la manifestation.
Les deux hommes ont condamné la mise en danger des patients de l’hôpital, indiquant que c’était étranger aux « fondamentaux » des actions de la CGT – pas de casse, de violence ou de dégradation.
12 plaintes avaient été déposées par Enedis pour des coupures, vol de poignets de manœuvre (qui servent à couper où à remettre le courant) et de cartes sim (permettant l’électricité gratuitement sur les compteurs Linky). Des entreprises comme Kyriad, Dassault et des infrastructures comme le Musée des Beaux-Arts et la gare Saint-Jean avaient été touchés.
Comme une ampoule
Les syndicalistes ont nié ces vols – celui des cartes SIM étant en revanche revendiqué par la CGT. Alexandre Truch a rejeté l’accusation de dégradation :
« C’est comme un interrupteur est une ampoule. Quand vous éteignez l’ampoule en appuyant sur votre interrupteur, vous ne détériorez pas votre réseau électrique. Si vous cassez l’ampoule pour éteindre la lumière, ce n’est pas pareil. »
Interrogés sur l’hypothèse d’une répression syndicale, Christophe Garcia a en revanche approuvé :
« Sur les 5 personnes en garde à vue, 3 ont été relâchées au bout de 37h. Ces personnes n’avaient pas de mandat syndical. Au contraire, pour nous deux qui sommes des représentants syndicaux, on a eu 48h, puis une procédure en interne, avec 8 jours de mise à pied sans salaire. »
Le jour de l’audience le 12 novembre dernier, les deux prévenus n’étaient pas venus seuls. Environ 150 personnes étaient présentes devant le tribunal, certaines venues de Paris ou encore de Marseille. Ils pourront se remobiliser pour la cassation.
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