Plusieurs dizaines d’habitants de Pessac, de Talence et de Martignas, qui soutiennent la fermeture de la piste secondaire de l’aéroport de Bordeaux Mérignac, se sont rassemblés ce mardi 10 décembre devant l’hôtel de Bordeaux Métropole, où se tenait une réunion sur le sujet.
La décision de l’Etat sur la suppression ou le maintien de la piste sécante, qui représente 15% du trafic de la plateforme pourrait n’intervenir qu’en 2026, mais divise l’agglomération depuis des mois. Christine Bost, présidente de Bordeaux Métropole, par ailleurs maire d’Eysines, est favorable à sa conservation, afin d’éviter un report des vols dans le couloir aérien au dessus de sa ville, déjà la plus exposée aux nuisances.
« Il ne serait pas juste que l’ensemble du trafic soit reporté sur les mêmes », a-t-elle redit à Sud Ouest ce dimanche. Promettant un « débat élargi, documenté, nourri d’expertises, d’expériences », elle déplorait « la façon dont certains ont souhaité poser ce débat [qui] n’avait qu’un but : cliver. » Allusion probable aux positions affirmées par les maires de Pessac et Talence, membres de l’opposition métropolitaine.
Une fermeture « rationnelle »
« La Présidente de la Métropole bordelaise tente d’obtenir la rénovation de cette piste afin de satisfaire ses électeurs et cela au prix d’un coût financier exorbitant pour la collectivité, au mépris de l’intérêt du plus grand nombre, et en totale contradiction avec les rapports officiels sur le sujet », ont répliqué dans un communiqué les organisateurs du rassemblement, dont la Fédération des syndicats et comité de quartier de Pessac.
Ils font référence à un rapport de la Cour des comptes sur l’aéroport de Bordeaux, sorti en 2023, et selon lequel « la rationalité, tant économique qu’opérationnelle et capacitaire, apparaît inviter à la fermeture de cette piste ».
Pourtant, un rapport récent de l’Igedd (inspection générale de l’environnement et du développement durable), dédié au sujet de la piste secondaire, chiffre au contraire sa suppression et sa transformation en taxiway à 30,4 millions d’euros, contre 24,5 millions pour son maintien et sa rénovation.
L’Igedd observe que la fermeture de la piste présente « l’avantage de supprimer les nuisances importantes subies (…) par les communes qui sont sous son axe : Martignas-sur-Jalle, Pessac, Talence et une partie de Mérignac », et que « la zone impactée dans ces trois dernières communes est plus densément et fortement peuplée ».
Gêne pour des habitants
« Mais elle présenterait aussi l’inconvénient d’accentuer la gêne pour des habitants qui sont déjà, et de loin, les plus impactés compte tenu des 85% d’utilisation de la piste principale ; et ce dans un secteur à forte dynamique démographique (principalement le Haillan, Eysines, Bruges, Mérignac, mais aussi Saint-Jean-d’Illac et Cestas). »
Sans se prononcer pour l’un ou l’autre option, l’Igedd semble prudemment pencher pour le maintien de la piste :
« La décision est d’autant plus difficile à prendre que la mission n’a pas identifié quelle mesure ou quel ensemble de mesures permettrait, de manière convaincante, de compenser la gêne qui serait induite pour ces populations en cas de fermeture de la piste. Surtout dans une perspective de développement du trafic. »
Son rapport critique en revanche les scénarios esquissés avec ou sans piste sécante par l’aéroport de Bordeaux à la demande de l’Etat. ceux-ci « entendent répondre à des hypothèses d’évolution du trafic vers des niveaux (12, 14, 16 et 18 millions de passagers) qui, outre le fait de sembler peu acceptables par les populations riveraines, semblent difficilement compatibles avec la trajectoire bas carbone de la
France. »
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