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À Cenon, le féminicide de Nasrine bouleverse la mairie et les habitants du quartier

Jeudi 9 janvier en fin de journée, Nasrine a été égorgée par son mari à leur domicile rue Jules-Guesde, déjà condamné en 2010 pour violences conjugales sur une autre femme. Lundi, la Ville de Cenon rend hommage à celle qui était employée dans ses services.

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À Cenon, le féminicide de Nasrine bouleverse la mairie et les habitants du quartier
Au troisième étage de cette résidence, Nasrine a été tuée par son époux

« C’est triste, c’est triste », et puis la gorge se noue. A la boulangerie qui fait l’angle de l’avenue Jean-Jaurès et de la rue Jules-Guesde, on ne trouve pas les mots ce vendredi matin à l’évocation de la mort de Nasrine, femme de 41 ans égorgée par son mari la veille. Derrière le comptoir, les mines sont fermées :

« Je n’étais pas là hier, alors j’ai appris ça ce matin, explique un vendeur. Franchement, je ne vois pas qui c’est mais ça se trouve c’est quelqu’un que j’ai servi tous les jours ici ! Ça me bouleverse. »

Un peu plus loin, devant l’école qui fait face au domicile de la victime, une femme se désole le visage sombre :

« Elle était tellement gentille. Je ne sais pas comment on peut faire ça. C’est un couple discret, qui n’a jamais eu d’histoires. Je ne sais pas quoi dire mais je suis effondrée. Et ses enfants qui subissent tout ça, c’est de la folie. »

Famille discrète

Jeudi après-midi, c’est un acte d’une violence inouï qui s’est déroulé au troisième étage de la résidence Les Noveales dans le bas Cenon. Nasrine, 41 ans, et son époux Youcef, 43 ans, sont à leur domicile. Le plus jeune de leurs enfants, 5 ans, frappé du spectre de l’autisme, se trouve dans sa chambre, les deux autres, 6 et 8 ans, sont encore à l’école en face. D’un coup de couteau dans la gorge, l’homme tue son épouse et prévient lui-même la police qui constate le décès à 17h30.

Nasrine, employée depuis 12 ans comme coordinatrice de gestion budgétaire et comptable à la direction des finances de la mairie de Cenon, meurt sur le coup.

« C’est une femme extrêmement discrète et souriante, très aimante avec ses trois enfants, témoigne Jean-François Egron, maire de la ville. Son mari, je ne le connais pas particulièrement. Ce sont des Cenonais, de familles qui habitent à Cenon et à Floirac. Ils se sont mariés à la mairie en décembre 2015. »

Soutien psyschologique

A l’école Jules-Guesde où les enfants de la famille étaient scolarisés, une cellule psychologique a été mise en place ce vendredi matin, poursuit l’édile :

« Ils étaient une vingtaine d’enfants à avoir demandé à parler aux psy et l’équipe pédagogique et les enseignants sont très marqués. »

De la même manière, une cellule psychologique est à la disposition des agents municipaux.

« [La victime] avait subi une opération du cœur et les collègues de la direction des finances étaient très proches d’elle. Ils sont effondrés et les agents culpabilisent et se disent : “Est-ce qu’on n’aurait pas pu faire quelque chose ?” »

« On a mené notre enquête, on a demandé aux collègues, on a demandé à plein de gens, rien ! » affirme l’élu. Effectivement, aucune plainte n’avait été déposée et aucun signalement fait par la victime, a confirmé ce vendredi le parquet de Bordeaux.

Il indique cependant que l’homme avait déjà été condamné à plusieurs reprises par le passé, dont une dernière condamnation en 2010 pour des violences par conjoint « mais sur une autre victime ». Il avait écopé de six mois de prison dont cinq avec sursis.

Une marche blanche ce lundi

Le parquet ajoute que « les médecins légistes ont identifié quinze lacérations au niveau du cou de la victime » au moyen d’une arme blanche. Youcef a reconnu sa « responsabilité dans ce meurtre qu’il impute à une perte de contrôle de sa part suite à une dispute le jour des faits avec son épouse ».

L’homme est encore en garde à vue et doit être présenté ce samedi devant un juge d’instruction pour une mise en examen d’homicide volontaire par conjoint. Les trois enfants du couple sont hospitalisés « tous les trois dans la même chambre pour rester ensemble » et suivis par des psychologues rapporte Jean-François Egron.

La Ville de Cenon rendra hommage à Nasrine le lundi 13 janvier à midi. Après une minute de silence sur le parvis de l’hôtel de ville, une marche blanche est organisée au départ de la mairie jusqu’à la rue Jules-Guesde.

« Ce drame ravive une douleur déjà insupportable, alors même que les procès des assassins de Sandra Pla et Chahinez Daoud s’ouvrent à Bordeaux, estiment les associations à l’origine de cet appel à rassemblement (dont l’Apafed, le Cacis-Maison d’Ella et le Planning familial de Gironde). Comment accepter encore de pleurer nos mortes ? Comment se fait-il qu’en 2025, nous soyons toujours confrontées à ces violences inacceptables ? Les solutions existent. Il est crucial de les mettre en œuvre sans délai. »


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