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Le festival Trente Trente veut « déranger en beauté »

La nouvelle édition du festival des arts performatifs démarre ce mercredi 15 janvier, et jusqu’au 1er février à Bordeaux et dans la métropole bordelaise. 17 spectacles sont au programme, avec la volonté d’interpeller le public sur les créations présentées, et sur la liberté des artistes de plus en plus malmenée.

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Le festival Trente Trente veut « déranger en beauté »
« Bless the sound that saved a witch like me », de Benjamin Kahn

La 22e édition du festival des formes courtes se déroulera cette année dans 8 lieux de la métropole bordelaise. Outre l’Atelier des Marches ou le Glob Théâtre, les performances de Trente Trente feront ainsi un retour au TNBA et aux Quatre saisons, à Gradignan, et seront pour la première fois visibles à Mérignac, à la Salle de la Glacière.

L’occasion pour le public de découvrir des performances hors normes et toutes obédiences – danse, théâtre, cirque, musique, mais aussi cinéma et arts plastiques, avec des expositions et installations, notamment Mycophonia, un dispositif sonore bioinspiré, car il reproduit le réseau du mycélium, et qui se visite comme une promenade en sous-bois.

Chaque journée du festival est d’ailleurs conçue comme un parcours, avec des lieux de spectacles différents, accessibles à pied ou en transports en commun, pour susciter l’échange.

Quatre créations

Le festival démarre ce mercredi 15 janvier à la Manufacture, à Bordeaux, avec deux spectacles de danse, « We are nomads », de l’artiste kényan Fernando Anuang’a, suivi de « L’albâtre », de Clara Delorme, un des cinq spectacles du focus suisse cette année. Le lendemain, au Glob, Yacine Sif El Islam jouera l’intégralité de sa création Abus, en présentant son deuxième volet inédit, « Agnus Dei ».

« A travers la figure sacrificielle de l’agneau, il aborde la question des corps persécutés et massacrés qui agissent sur d’autres corps, et l’espérance naïve de prendre sur soi les violences du monde », indique l’acteur et metteur en scène bordelais.

Autre création sur les 4 au programme cette année : « Do not miss the boat », une performance « proche du conte de fées » du néerlandais Gertjan Franciscus. L’esprit de ses tableaux présentant d’étranges personnages et créatures se retrouvent aussi dans une exposition, « All eyes on us ». Les deux sont présentés aux Avant-Postes (Théâtre La Lucarne).

Univers singuliers

D’autres univers singuliers sont au rendez-vous : « Pacemaker », du circassien brésilien Marcelo Nunes, « une sorte de clown fakir qui travaille sur un tapis de tessons de bouteilles », décrit Jean-Luc Terrade, directeur artistique du festival ; « Shadow of my belonging », du marionnettiste Renaud Herbin, un habitué de Trente Trente qui proposera aussi un atelier ; ou encore Eve Magot, qui dans « Jardin futur / Club sabotage », « interroge le mythe d’Adam et Eve pour exposer l’expérience de sa transition », poursuit Jean-Luc Terrade.

Ce dernier présentera au Glob une création, « Le condamné à mort », une installation audio et vidéo à partir du texte de Jean Genet sur le rapport homosexuel entre deux soldats prisonniers. « Pour public averti », prévient le directeur du festival, qui se dit soucieux de « déranger en beauté ». Pamphlet contre les tabous religieux d’un autre auteur sulfureux, le marquis de Sade, « Français, encore un effort si vous voulez être républicains », sera quant à lui défendu par Vincent Nadal.

« Bijou sur couronne rouillée »

Nouveauté de cette édition, « des échanges avec le public sur son ressenti de spectacles de moins en moins présentés en Nouvelle-Aquitaine et à Bordeaux », estime Jean-Luc Terrade. Trente Trente a ainsi dû réduire la voilure cette année, avec 17  spectacles et cinq court-métrages, au lieu de 25 à 30 les années précédentes, pour des raisons économiques de coût des spectacles.

Mais le directeur du festival, qui sera toujours aux commandes en 2026 « et peut être en 2027 », alerte aussi sur les risques de censure et d’autocensure guettant la culture :

« Nous voulons associer les spectateurs aux réflexions du festival sur la liberté de création aujourd’hui mise à mal. Un homo doit aujourd’hui nécessairement être joué par un homo, par exemple. Le lien entre la réalité et le plateau est de plus en plus menu alors que cela doit être deux choses complètement différentes. Sur un plateau on peut tout dire, tout faire, c’est le domaine du rêve,du fantasme, de l’imaginaire, du faux ! Quand les artistes cherchent à raconter la société de maniètre trop frontale, cela perd de sa force. »

Dans ce contexte, Trente Trente est « un bijou sur une couronne qui commence à rouiller », selon Yacine Sif El Islam, « un festival important dans un monde où la politique culturelle prend l’eau ».

Renseignements et réservations sur le site du festival

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