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Mort de Jean-Marie Planes, un homme de lettres « doux et espiègle »

Ecrivain, critique littéraire et ancien président du Salon du livre de Bordeaux, Jean-Marie Planes est mort ce jeudi 16 janvier à l’âge de 81 ans des suites d’une infection pulmonaire. Eric des Garets, ancien directeur du Centre régional des lettres, lui rend hommage.

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Mort de Jean-Marie Planes, un homme de lettres « doux et espiègle »
Jean-Marie Planes

Jean-Marie Planes est né en octobre 1943. Selon une légende qu’il entretenait, il serait le jumeau de Pierre Veilletet, journaliste et écrivain né également en octobre 1943 et mort en 2013 à Bordeaux. Cette légende leur allait bien tant ils furent proches l’un de l’autre. Ceux qui avaient la vingtaine au tout début des années quatre-vingt et s’ouvraient à la littérature savent ce qu’ils leur doivent. 

Jean-Marie Planes était agrégé de lettres modernes. Après une activité d’enseignant, il acheva sa carrière comme délégué à l’éducation artistique et à l’action culturelle au Rectorat de Bordeaux. Il donna à son amour des lettres beaucoup de lui-même. En 1975, dans le sillage de son père, Georges Planes, il créa Les Nouvelles conférences de Bordeaux.

En 1983, il réalisa pour France 3 une émission littéraire mensuelle L’Aquitaine à livre ouvert. Elle devint hebdomadaire et s’intitula Point-Virgule. De 1985 à 2001, Il présida le Salon du livre de Bordeaux qui se tenait dans le hangar 5, au bord de la Garonne. 

« De retenue et d’élégance »

Il fut un merveilleux critique littéraire dans les pages livres de Sud Ouest Dimanche. C’est peu dire que ces pages ont perdu de leur superbe depuis son départ. Il savait ce que la littérature veut dire et, à la différence de bien des critiques, il lisait les textes qu’il commentait. 

C’était aussi un écrivain. Il faut lire Le chemin de Macau ou Une ville bâtie en l’air. Une voix juste pas si sage que ça. « Son art tout de retenue et d’élégance glisse sans appuyer » a écrit si justement Patrick Rödel.

Parmi ses écrivains de prédilection  : Montaigne, Proust, Chateaubriand, Mauriac, Julien Green, Cayrol.  Il aimait infiniment Mozart. Il l’écoutait dans son appartement longeant le Jardin public où les livres s’entassaient un peu partout. 

Il adorait la chanson. Comme son jumeau, il vénérait Charles Trénet. Il tint une belle chronique sur cet art que l’on dit mineur dans Sud Ouest Dimanche. Elles furent réunies dans un livre, Une chanson qui nous ressemble.

Taquin, aimant la vie

Il était membre de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Il était sensible aux traditions de sa ville.

Il aura affronté la maladie avec un rare courage. Lui, si frêle, il aura opposé une résistance incroyable aux maux dont il souffrait. 

C’était un être taquin, aimant la vie, la mer, le soleil. Comme il était agréable de converser avec lui un verre de whisky à la main. De se raconter de petits potins et d’échanger sur tel ou tel auteur. 

Ces derniers temps, il avait une attention particulière et si humaine pour les soignants : infirmiers, ambulanciers. Dans son malheur, nombre de ses relations lui avaient tourné le dos. Je ne doute pas qu’elles lui rendront hommage sur Instagram ou ailleurs. Lui, il savait les vanités de ce monde.

Jean-Marie Planes était un tendre, un doux, un espiègle. Il nous manquera. Une certaine idée de Bordeaux part avec lui. Beaucoup plus impertinente et libre qu’il n’y paraît.


#littérature

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