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Décès d’Abdulrahman Khallouf, poète et metteur en scène bordelais d’origine syrienne

Arrivé directement de Syrie à Bordeaux en 2002, cet auteur, né à Damas, compte de nombreuses publications et réalisations théâtrales à son actif. Il a multiplié les interventions pour promouvoir l’éducation artistique et défendre la laïcité.

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Décès d’Abdulrahman Khallouf, poète et metteur en scène bordelais d’origine syrienne
Abdulrahman Khallouf en 2022

Abdulrahman Khallouf parlait de la Syrie comme d’un « pays qui ne reviendra plus jamais ». À propos de son livre Ne parle pas sur nous, paru en 2017, il disait : « Il m’a permis d’emporter tout mon passé avec moi ici, en France, de renaître dans une autre culture. » Auteur, comédien et metteur en scène installé à Bordeaux, il est décédé ce jeudi matin, foudroyé par un cancer à l’âge de 47 ans.

Né en 1977, il est diplômé de l’Institut supérieur des arts dramatiques de Damas. Il quitte son pays natal en 2002, « parce qu’à vingt-cinq ans, on a encore le temps de commencer ailleurs ».

Sur les scènes bordelaises

L’œuvre de Abdulrahman Khallouf, à la fois lyrique et réaliste, est profondément marquée par les thèmes de l’exil, de la guerre et du déracinement. Il a écrit plusieurs pièces de théâtre, dont Sous le pont, présentée au Festival des arts de Bordeaux en 2016.

Il est également l’auteur de Secret de famille et Les âmes cimentées, qu’il a mises en scène, et a également adapté sur les planches Antoine B. : La main tendue en 2020, de Florent Viguié, son complice dans l’association Estragon. En 2022, il a présenté Le Soldat orphelin au festival Trente trente avec une scénographie de Jean-Luc Terrade.

En 2024, Elise Monniaux dans Une Saison en enfer d’Abdulrahman Khallouf Photo : WS/Rue89 Bordeaux

Poésie et laïcité

Avec la comédienne Elise Monniaux, également sa compagne, Abdulrahman Khallouf a adapté l’emblématique texte de Rimbaud, Une Saison en enfer, qu’il a présenté dans le Off du festival d’Avignon en 2024. Le 8 mars 2025, le couple devait présenter au théâtre Le Levain à Bègles Folie Douce, un texte de son frère Najdat sur le combat d’une femme pour la garde de ses enfants.

En tant que poète, écrivant aussi bien en arabe qu’en français, il a publié des recueils tels que Le bonheur est une abeille qui me pique à la hanche et Un palmier dans un champ de mines.

Parallèlement à son travail d’écriture et de mise en scène, il s’investit dans l’éducation artistique et la défense de la laïcité. En mars 2021, il participe à une rencontre organisée par l’Université Bordeaux Montaigne et l’association Théâtre Éducation Aquitaine, où il partage son expérience et ses réflexions sur l’importance de l’éducation artistique dans la construction de la citoyenneté.

À travers ses œuvres et ses engagements, Abdulrahman Khallouf témoigne de son parcours d’exilé et de son attachement à la culture, contribuant ainsi à enrichir le paysage artistique bordelais tout en portant la voix de l’Orient.


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