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Un Village antifa pour repousser l’extrême droite du campus Bordeaux-Montaigne

Sur le parvis de l’université Bordeaux-Montaigne, le « village antifa » a attiré 200 personnes ce jeudi 13 février pour dénoncer les incursions de l’extrême droite.

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Un Village antifa pour repousser l’extrême droite du campus Bordeaux-Montaigne
Sur le parvis du campus, une quinzaine de stands de collectifs, syndicats et partis politiques étaient présents pour marquer leur soutien.

« Montaigne est antifa » : au cœur du campus, le message lancé par les étudiants se veut saillant. Impulsé par le Comité d’action contre l’extrême droite (CACED), le « village antifasciste » organisé ce jeudi 13 février, entend porter « l’urgence d’une mobilisation unitaire » face aux multiples incursions de groupuscules fascistes de ces derniers mois, d’après les organisateurs.

Quarante-cinq organisations syndicales ou politiques, ainsi que des collectifs, ont ainsi apporté leur soutien, d’une simple signature à la tenue d’un stand sur le parvis du campus. Des élus locaux se sont déplacés : le conseiller municipal Philippe Poutou du groupe Bordeaux en luttes et le député de la 3ᵉ circonscription de Gironde, Loïc Prud’homme (LFI).

« Convergence des luttes » face aux fafs et à la précarité

L’Union nationale des étudiants de France (Unef), le Planning familial, l’Union française juive pour la paix (UJFP), Révolution Permanente, l’Action antifasciste des Deux-Sèvres, la Confédération paysanne… le village a accueilli de nombreux stands.

« C’était important pour nous d’être présents, parce que le fascisme, on y est aussi confronté en campagne, avec une poussée du repli identitaire », soulignent Raphaël et Ludivine, tous deux maraîchers dans le Sud de la Gironde, et venus avec des dons de légumes.

Andréa, en master d’arts plastiques, est venue récupérer des colis alimentaires, préparés avec ces derniers.

« C’est une très bonne initiative. On ne sait pas si ça changera quelque chose, mais c’est toujours mieux que rien », observe-t-elle.

Après plusieurs prises de parole, un repas solidaire et une distribution alimentaire, la journée s’est terminée sans incident aux alentours de 16h30, « avec au moins 300 colis alimentaires distribués », d’après les organisateurs, qui indiquent poursuivre leur mobilisation sous d’autres formes dans les semaines à venir.

Distribution de colis alimentaires Photo : SC/Rue89 Bordeaux

Quand la présidence s’en mêle

Dans un communiqué de presse datant du 11 février, Virginie Tournay, déléguée départementale du parti Reconquête, avait demandé l’interdiction du village antifa « au motif du risque immédiat de trouble grave à l’ordre public », « compte tenu du risque élevé de violences et de dégradations attendus ».

« L’université a considéré qu’empêcher la tenue de cet évènement sur le campus augmentait drastiquement les risques de troubles et d’insécurité pour toute la communauté », a répondu la direction de Bordeaux-Montaigne dans un communiqué.

Celle-ci « s’est donc concentrée, avec les autorités compétentes, sur la meilleure manière de limiter les risques à hauteur des moyens qui sont les siens, sans pour autant s’associer à l’organisation de cet événement », peut-on également lire.

Le 31 janvier, le Conseil d’administration de l’Université avait condamné dans une motion votée la « multiplication d’incursions d’individus se revendiquant de groupuscules d’extrême droite sur le campus » :

« Ces incursions, couplées aux vagues de harcèlement en ligne visant des étudiants de l’Université Bordeaux-Montaigne en raison de leurs origines, orientation sexuelle, appartenances politique ou religieuse, s’inscrivent dans un contexte national où l’expression des discours réactionnaires est de plus en plus décomplexée et banalisée », détaille la motion.

« Ils cherchent à provoquer »

Le CACED a été créé en décembre 2024 après les actions de groupuscules fascistes sur les campus bordelais et compte « entre 50 et 100 militants actifs ». Jahan Lutz, étudiant en master de philosophie et élu du Poing Levé à la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU) explique :

« Les étudiants, à Tolbiac et à Toulouse, ont réussi à repousser les militants d’extrême droite de La Cocarde étudiante et de l’UNI. Mais il n’y a pas de comité de ce type ailleurs dans les facultés en France, on est le premier comité d’action contre l’extrême droite organisé, et on espère que cela mobilisera des initiatives similaires ailleurs. »

En janvier 2025, le groupuscule identitaire La Bastide bordelaise avait ainsi été chassé par les étudiants et la sécurité de la faculté, qui a déposé plainte contre cette intrusion.

« Tous les étudiants ont peur quand ils viennent cagoulés, avec des casques, des parapluies, des K-way noirs, pour se battre… Ils cherchent surtout à provoquer », témoigne Ortzi Haüciarts, étudiant en L1 Histoire et militant aux Jeunesses anticapitalistes du NPA qui dénonce par ailleurs les inscriptions nominatives sur les murs de la fac.

Sur le campus, des tags nominatifs ciblent régulièrement les étudiants identifiés comme « de gauche » Photo : DR

L’extrême droite persiste

Dans une réponse écrite adressée à Rue89 Bordeaux, le groupuscule La Bastide bordelaise maintient ses provocations et déclare « être fier et honoré de hanter les nuits de tous les antifas de Bordeaux ». Il insiste « ne pas vouloir laisser un centimètre carré de cette ville à l’extrême gauche » :

« Nous avons le droit tous comme eux de venir où nous souhaitons et quand nous le voulons. Nous continuerons à revenir sur cette fac tant que les antifascistes continueront à vouloir en faire leur quartier général. »

La lutte antifasciste bordelaise semble encore avoir de beaux jours devant elle.


#Université Bordeaux Montaigne

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