Sa mort a suscité un retentissement médiatique et politique rare dans les cas de féminicide. Le 4 mai 2021, à 18h25, des fonctionnaires de police sont appelés avenue Carnot à Mérignac. Sur la chaussée, ils découvrent un corps brûlé. Celui de Chahinez Daoud, 31 ans, 39e victime de féminicide en 2021.
Quatre ans après les faits, l’heure du procès a sonné pour Mounir Boutaa, l’ex-mari de la jeune femme. À 48 ans, ce maçon de formation comparaît devant la cour d’assises de la Gironde pour assassinat. Incarcéré au centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
« Ne pas oublier »
Devant les grilles du palais de justice, en début d’après-midi, associations (Planning familial, Apafed…) et collectifs féministes ont organisé un rassemblement. Une cinquantaine de personnes était présente, notamment des élus (Claudine Bichet, première adjointe à Bordeaux, Jean-Michel Egron, maire de Cenon…). Comme près d’une victime sur cinq de violences conjugales, Chahinez Daoud avait alerté : sept plaintes et mains courantes.
Une enquête administrative avait mis en lumière des défaillances en série dans la chaîne pénale. Depuis, cinq fonctionnaires de police ont été sanctionnés, dont le directeur de la police de Gironde.
« Chahinez n’aurait jamais dû mourir », rappelle Annie Carraretto, co-présidente du Planning familial de la Gironde :
« Nous sommes là pour ne pas l’oublier. Ni Chahinez, ni Sandra, ni Nasrine et toutes les autres victimes. Aujourd’hui, s’il y a eu des améliorations après le féminicide de Chahinez, nous sommes loin du compte. Les moyens ne sont pas à la hauteur des besoins pour écouter, accompagner et protéger. La volonté politique n’est pas là. »
Procès médiatique
Quelques minutes avant l’ouverture du procès, la file s’allonge dans les salle des pas perdus. La cour d’assises ne compte que 95 places. Une soixante de journalistes sont accrédités. Une salle de retransmission a été ouverte dans l’enceinte du palais de justice.
Le procès s’est ouvert par le rappel des faits. La présidente, Marie-Noëlle Billaud, a énoncé le déroulé tragique du mardi 4 mai 2021. Mounir Boutaa traque son ex-épouse. Il l’attend, depuis le matin, dans une camionnette garée avenue Carnot. Il lui tire deux balles dans les jambes, puis l’asperge d’essence. Après son crime, il poste une « story » du pavillon en feu sur Ies réseaux sociaux.
Le crâne glabre, vêtu d’un costume blanc, Mounir Boutaa, dans le box des accusés, a prononcé ses premiers mots devant les jurés. Confus, il a dénoncé un complot et une « association de malfaiteurs ».
La journée de mardi sera consacrée aux auditions de témoins et d’experts, dont un médecin légiste et un expert en balistique. Mercredi, la cour se penchera sur la vie de la victime, par l’audition des parties civiles et d’une enquêtrice de personnalité. Jeudi, les jurés étudieront le profil psychologique et psychiatrique de l’accusé, avant le réquisitoire du parquet et les plaidoiries en défense vendredi. Le verdict est attendu dans la soirée.
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