Une dizaine de militants s’est rassemblée place Pey Berland pour sensibiliser sur la dégradation des conditions de travail et de sécurité en entreprise. La « question de la prévention s’impose » selon Stéphane Obé, secrétaire départemental de l’Union CGT de la Gironde, qui dénonce une « déresponsabilisation » croissante des employeurs lorsqu’un accident survient :
« Il n’y a qu’un principe : dans le cadre du travail, les conditions de travail et la santé sont des prérogatives et de la responsabilité de l’employeur. Sauf que, maintenant, on le voit tout le temps : quand il arrive un accident ou un problème, l’employeur se décharge, et à la fin on dit que c’est le salarié qui n’a pas respecté les consignes de sécurité. »
Le syndicat fustige particulièrement le transfert des prérogatives du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) au Comité social et économique (CSE), acté depuis le 1er janvier 2020. « Maintenant, la question de la sécurité au travail, qui était traitée par le CHSCT, se retrouve noyée dans les autres missions du CSE », explique Stéphane Obé.
Parmi les revendications présentées par la CGT Construction, Bois et Ameublement, le syndicat demande notamment la création d’un statut protecteur pour les orphelins du BTP et les veuves, « payés sur des fonds versés par les employeurs fautifs », ainsi qu’une augmentation des contrôles de l’inspection du travail sur les chantiers, un départ anticipé à la retraite à 55 ans, et la mise en place de stèles et de lieux mémoriels, en particulier à Bordeaux, « en hommage aux morts et accidentés du travail ».
Les travailleurs précaires particulièrement touchés
Un constat que le syndicaliste dresse à partir des accidents du travail, parfois mortels, survenus en Gironde. Le cas de Steven Jaubert est notamment évoqué : jeune couvreur de 27 ans, il est décédé en septembre 2020 après une chute de près de cinq mètres depuis le toit sur lequel il travaillait, dans le quartier de Nansouty, à Bordeaux. « Ce sont souvent des jeunes qui rentrent dans l’emploi ou des travailleurs précaires, en intérim ou en CDD », indique le secrétaire départemental :
« C’est le cadre qu’il faut regarder : les conditions de travail, le rythme… Au final, les employés finissent par se mettre en danger pour répondre aux sollicitations économiques de l’employeur. »
L’entreprise qui employait Steven Jaubert a été condamnée à verser 50 000€ de dommages et intérêts en raison d’un manque notable d’encadrement de ses employés en matière de sécurité. Mais la Gironde continue d’être le théâtre d’accidents mortels. Ce jeudi 24 avril, une intérimaire travaillant sur le site de la société Thales à Mérignac a été percutée par un engin de manutention. La victime, âgée de 38 ans, a été transférée au CHU de Bordeaux en urgence absolue. Une enquête a été ouverte.
Pour la région Nouvelle-Aquitaine, si les chiffres de l’année 2024 ne sont pas encore disponibles, ceux de 2023 demeurent alarmants : 54 511 accidents du travail avec arrêt ont été comptabilisés par la Carsat, dont 3 859 accidents graves et 74 décès. « La Carsat ne comptabilise que le régime général ; à cela, il faut rajouter les accidents qui interviennent dans la fonction publique », ajoute Stéphane Obé.
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