Comment les Français perçoivent-ils aujourd’hui leur armée et leur engagement envers la Nation ? C’est à cette question qu’a souhaité répondre Sébastien Saint-Pasteur, député socialiste de la 7ᵉ circonscription de la Gironde et membre de la commission de la Défense nationale et des Forces armées. Avec le soutien d’étudiants de Sciences Po Bordeaux et de la junior organisation APRI Influences, il a supervisé une étude locale portant sur la perception de l’esprit de défense et du lien armée-nation.
Durant plusieurs semaines, près de 440 habitants de Bordeaux Métropole – dont deux tiers résidant dans la circonscription du député – ont été interrogés sur leur rapport à l’armée, leur sentiment d’appartenance nationale et leur appétence pour diverses formes d’engagement civique ou militaire. Des questions qui se posent face à la nouvelle politique de Donald Trump, le nouveau président des Etats-Unis de moins en moins allié de l’Europe.
Armée chérie, institutions flétries
Premier enseignement : 65 % des sondés considèrent l’armée « comme essentielle ou très importante ». Cette reconnaissance est légèrement plus forte chez les seniors (66,7 % des 60 ans et plus) que chez les jeunes adultes (61,6 % des 18-24 ans). L’adhésion est moindre chez les 25-59 ans.
Cependant, ce soutien n’efface pas une crise de confiance envers les institutions et une perception d’opacité concernant les questions de défense : 76,5 % jugent l’information sur ces sujets peu ou pas transparente.
« Il ne suffit pas de proclamer l’importance de l’esprit de défense ou du lien armée-nation : encore faut-il que ces principes irriguent véritablement nos territoires, nos institutions, nos écoles, nos entreprises », commente Sébastien Saint-Pasteur, taclant au passage la majorité gouvernementale.
Autre constat : 74,5 % des sondés se disent prêts à s’engager pour la Nation, mais 66 % d’entre eux seulement sous certaines conditions. L’étude révèle un intérêt diversifié pour les formes d’engagement : 50,3 % se tournent vers la protection civile (Croix-Rouge, sécurité civile), 26,2 % sont attirés par le service civique et 18,8 % envisagent une participation dans la réserve militaire.
La suspension du Service National Universel (SNU) semble quant à elle avoir eu un impact limité : seuls 2 répondants sur 5 jugent cette suppression négative, malgré un intérêt persistant pour des formes d’engagement encadrées.
Vers un « dernier kilomètre » de l’esprit de défense
Si l’amour du képi est fort chez les jeunes interrogés (18-24 ans), 85,47 % se sentent insuffisamment guidés pour s’engager et témoignent d’un manque criant d’information et d’accompagnement. Un sur cinq exprime en revanche une plus grande défiance : 19,5 % des 18-24 ans déclarent ne pas faire confiance aux institutions pour assurer leur sécurité.
Plus globalement, l’étude pointe un affaiblissement du sentiment d’appartenance nationale : 86,9 % des sondés estiment que la solidarité nationale s’érode, principalement en raison d’une défiance institutionnelle (63,4 %), de priorités de plus en plus individuelles (56,3 %) et d’une perte des repères communs.
Pour Sébastien Saint-Pasteur, une priorité est mise en lumière : réconcilier discours et action, notamment en matière de politique de défense territoriale. L’élu propose « le renforcement de la cyber défense pour les entreprises de la base industrielle et technologique de défense, la création d’une bourse d’études « Défense » sur le modèle américain, ou encore une plus grande transparence et une plus forte équité dans le partage de la valeur dans le domaine de l’industrie de défense ».
Mais l’enjeu principal selon lui reste celui de « bâtir un continuum entre le discours national et l’engagement local », grâce à une pédagogie adaptée, des relais de terrain et des moyens suffisants. Sébastien Saint-Pasteur formule avant tout une critique du gouvernement macroniste pour défendre ses propositions au sein de sa commission.
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