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Après la bagarre au tribunal, le procès de la fusillade mortelle des Aubiers reprend avec une sécurité renforcée

Le procès des meurtriers présumés de Lionel, perturbé la veille par une bagarre entre des jeunes de la cité Chantecrit/Saint-Louis et des Aubiers, a repris ce mardi matin avec les enquêtes de personnalité des prévenus. Le dispositif policier a été renforcé et la jauge du public divisée par deux. Le parquet a ouvert une enquête pour violences en réunion.

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Après la bagarre au tribunal, le procès de la fusillade mortelle des Aubiers reprend avec une sécurité renforcée
Ce mardi matin Thierry Codija et Rose Gneba, les parents de Lionel Sess, se disent encore « choqués » des incidents de la veille

Les mines sont sombres ce mardi matin à la cour d’assises de Bordeaux. Au lendemain de l’ouverture du procès pour la mort de Lionel Sess dans le quartier des Aubiers en janvier 2021, on ressasse encore les incidents qui ont émaillés la fin de la première journée d’audience. Des incidents qui ont provoqué un regain d’intérêt médiatique, en témoigne la présence de CNews, BFMTV, TF1 ou LCI, absents la veille.

Aux environs de 19h, des individus venus pour soutenir les huit prévenus, issus de la cité Chantecrit/Saint-Louis, se sont introduits dans la salle d’audience alors que celle-ci s’achevait. Le groupe, composé d’une dizaine de personnes, s’est ensuite mêlé aux habitant des Aubiers à la sortie, avant qu’une bagarre éclate soudainement entre les soutiens des deux cités rivales dans la salle des pas-perdus du tribunal.

Dans un communiqué diffusé lundi soir, la cour d’appel de Bordeaux annonce que plusieurs fonctionnaires de police ont été blessés. Ce mardi matin, le parquet a fait savoir qu’une enquête a été ouverte et confiée à la direction de la criminalité territorialisée de la DIPN 33 des chefs notamment de violences en réunion.

« Une scène hallucinante »

Pour la poursuite du procès, le dispositif de sécurité a été sensiblement renforcé et la jauge du public divisée par deux, sur ordre de la présidente de la cour d’assises Marie-Noëlle Billaud. Ce mardi matin, la famille de Lionel Sess se dit encore « très choquée ». Le père salue tout de même les forces de police qui « ont fait ce qu’il fallait pour écarter les belligérants ».

« De mémoire d’avocat, en 20 ans de carrière je n’avais jamais vu ça », reconnait pour sa part Maître Yann Herrera, l’avocat des parents du jeune disparu.

« C’est une scène hallucinante pour un tribunal mais qui, finalement, est le reflet des tensions qui sont à l’origine de la mort de Lionel Sess, des tensions que la famille a tenté de dissiper mais qui sont toujours vives dans ce dossier. La posture des accusés n’est pas de nature à apaiser la situation, parce que vous avez d’un côté des gens qui clament leur innocence et de l’autre des parties civiles et victimes qui sont convaincues de leur culpabilité », poursuit l’avocat.

« Tensions encore vives »

Lionel Sess, à peine 16 ans le jour du drame, est la victime collatérale d’une fusillade survenue sur fond de tensions entre les cités Chantecrit/Saint-Louis et des Aubiers. Huit suspects, âgés de 23 à 30 ans, comparaissent ; trois d’entre eux sont accusés de « meurtre en bande organisée », les autres sont poursuivis pour « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ». Tous habitent, ou ont habités, la cité Chantecrit/Saint-Louis, considérée comme rivale des Aubiers.

« Dans un dossier dans lequel il y a la mort d’un enfant, les tensions sont encore vives. La mèche était allumée pour que ça dégénère et c’est ce qui s’est passé », ajoute Maître Yann Herrera.

Du côté de la défense, on s’accorde à partager les responsabilités. Maître Christian Blazy, conseil de trois des huit prévenus, parle de « deux groupes qui se sont affrontés », une réaction selon lui « de jeunes gens qui sont inquiets ». Bien que conscient de l’impact que cela pourrait avoir sur la suite du procès, l’avocat s’en remet à la Justice :

« Si on présente l’affaire comme les gros bras de Saint-Louis qui sont venus impressionner les parties civiles, bien sûr que cela aura un impact », déclare-t-il.

Reprise dans le calme

« Mais la Justice saura faire la part des choses », poursuit l’avocat qui affirme que ses clients « ne sont absolument pas les commanditaires, ils subissent également cette situation ».

Selon Maître Christian Blazy, les prévenus assurent n’être là que « pour s’expliquer » et non pas « pour régler des comptes ».

Pour autant, l’audience a bel et bien repris avec une deuxième journée consacrée aux enquêtes de personnalités des prévenus. Elle se poursuivra mercredi avec les auditions des témoins enquêteurs et des médecins légistes.

« On avait demandé plus de protection et aujourd’hui on est beaucoup plus rassuré », confie Nadia Falami, porte-parole des parents de la victime.

Ces derniers attendent une réponse judiciaire « juste ». Bien qu’angoissés par les événements de la veille, ils seront présents jusqu’au bout de ce procès, qui s’achèvera le 23 mai.


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