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« On va crever, toi avec nous » : les permanences de deux députés girondins dégradées par la CR33

Dans la soirée du 25 mai, des membres de la Coordination Rurale 33 ont dégradé les permanences de Loïc Prud’homme (LFI) et Nicolas Thierry (écologiste), ainsi que celle de l’eurodéputée Marie Toussaint. Les deux députés sont opposés à la loi « Duplomb », qui prévoit de « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » au prix de reculs environnementaux. Ils ont déposé plainte ce lundi et la Préfecture a annoncé l’ouverture d’une enquête.

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« On va crever, toi avec nous » : les permanences de deux députés girondins dégradées par la CR33
Une dizaine de tags et des œufs habillaient la permanence de Nicolas Thierry ce lundi matin

Les permanences du député Insoumis Loïc Prud’homme, à Villenave-d’Ornon, et de l’écologiste Nicolas Thierry, à Bordeaux, vont fermer leurs portes durant quelques jours pour cause de nettoyage. Dans la soirée du dimanche 25 mai, des membres de la Coordination Rurale 33 (CR33) ont tagué et dégradé les locaux des parlementaires à coup de jets d’œufs. Une banderole sur laquelle était inscrit « On va crever, toi avec nous » a été accrochée en guise de touche finale chez Loïc Prud’homme.

Ces actions ont été menées en raison de l’opposition des deux députés à la proposition de loi Duplomb. Le texte porté par le sénateur LR Laurent Duplomb, lui-même agriculteur en Haute-Loire, vise notamment à réintroduire à titre dérogatoire un insecticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis sept ans ou à favoriser le stockage d’eau. Il doit être débattu cette semaine à l’Assemblée nationale.

« Ils se trompent de cible »

Les débats ont toutefois été écourtés par le dépôt d’une motion de rejet par la majorité présidentielle adoptée ce lundi soir. Le texte va être directement envoyé en commission mixte paritaire, réunissant à huis clos sept députés et sept sénateurs chargés de s’accorder sur une version commune, et ainsi contourner les quelques 3 455 amendements déposés par les écologistes et les insoumis. LFI a de son côté brandit la menace d’une motion de censure.

« Non seulement ils se trompent de cible en essayant d’intimider les trop rares députés qui défendent une exception agri-culturelle française, mais ils se placent du côté de la violence et des pratiques délictueuses, avec un sentiment d’impunité intolérable propre à l’extrême droite agricole », souligne Loïc Prud’homme dans un communiqué ce lundi.

L’Insoumis a rappelé être en faveur de « prix planchers rémunérateurs », d’un « retour des plus-values de la poche de la grande distribution vers les producteurs », de « l’augmentation du budget destiné à l’installation-transmission » et d’un « accompagnement concret dans la transition agro-écologique », réaffirmant par la même occasion son opposition ferme « à tous les traités de libre-échanges ».

« Actes de vandalisme »

Une position partagée par Nicolas Thierry. Il dénonce un « acte de délinquance » s’inscrivant dans « une tentative d’intimidation des élus de la République, dans le but d’influencer un débat parlementaire ». L’élu assure avoir explicité « en toute transparence » sa position sur le texte Duplomb à la CR33 et déplore « le choix de répondre par des actes de vandalisme, malgré cette ouverture au dialogue ».

Du côté de la CR33, on se refuse à employer le terme d’ « intimidations ». Jean-Paul Ayres, viticulteur et pruniculteur à Dieulivol et représentant du syndicat agricole parle plutôt d’une « virée » organisée dimanche soir en réponse aux nombreux amendements co-signés par les deux députés girondins qui « veulent un peu la mort de l’agriculture française » :

« Si les importations qui arrivent d’Espagne, d’Italie ou d’ailleurs ne respectent aucune norme et puis qu’on nous interdit tous les produits, ça ne va pas, soutient l’agriculteur. Si on ne passe pas ces produits là, on a la moitié des récoltes, et avec la moitié des récoltes on est en dessous du coût de production et on se meurt à petit feu. »

Plaintes déposées

Interrogé au sujet de l’inscription sur la banderole accrochée devant la permanence de Loïc Prud’homme, Jean-Paul Ayres évoque « une façon de parler ». Le représentant de la CR33 précise qu’une rencontre a également été organisée avec la députée insoumise Mathilde Feld ce lundi matin à Cadillac : l’entretien, qui « s’est à peu près bien passé », n’a pas pour autant été très fructueux puisque chacun aurait campé sur ses positions.

De nouvelles actions ne sont pas exclues par le syndicat agricole, « en fonction de ce qui va se passer à l’Assemblée ».

Les deux parlementaires visés par les dégradations ont déposé plainte ce lundi. Nicolas Thierry dit attendre « une réponse ferme et sans équivoque de la part des Ministres de l’Agriculture et de l’Intérieur ». Loïc Prud’homme, pour sa part, appelle la direction nationale de la Coordination Rurale à condamner « ces méthodes d’intimidation inacceptables en démocratie ».

Dans un communiqué, le préfet de la Gironde, Étienne Guyot « dénonce ces actes inacceptables qui visent la représentation nationale et en appelle au sens de la responsabilité de chacun. Une enquête a été ouverte pour que les auteurs puissent être identifiés et traduits en justice ».


#agriculture

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Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Photo : DR

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