Média local avec zéro milliardaire dedans

Féminicide à Moulis-en-Médoc : le suspect était déjà condamné pour violences conjugales

Une femme a été tuée par balle dans la nuit du 8 au 9 juillet à Moulis-en-Médoc. Son compagnon, interpellé une heure plus tard, a évoqué un tir accidentel. Il s’agit du deuxième féminicide recensé en Gironde en 2025.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Féminicide à Moulis-en-Médoc : le suspect était déjà condamné pour violences conjugales
La victime gisait au pied de sa voiture, moteur tournant, sur la RD1215 dans le Médoc (DR)

Un nouveau féminicide est survenu en Gironde dans la nuit du 8 au 9 juillet. Il s’agit du deuxième depuis le début de l’année dans le ressort du parquet de Bordeaux (après celui de Nasrine), selon le procureur Renaud Gaudeul, qui a donné une conférence de presse ce vendredi. Une femme de 42 ans a été tuée d’un coup de feu par son ex-compagnon sur une route départementale à Moulis-en-Médoc.

Les faits se sont produits à 1h15 du matin. Alertés par des riverains ayant entendu une détonation, les gendarmes ont découvert un véhicule au moteur encore tournant, arrêté au milieu de la chaussée sur la RD1215, lieu-dit Bouqueyran. Au pied de la voiture gisait le corps sans vie d’une femme, présentant une plaie importante à la clavicule gauche et une sortie de projectile dans le dos. L’absence d’arme sur les lieux a rapidement confirmé la piste criminelle.

Quelques minutes plus tard, les services de police à Bordeaux reçoivent un appel d’une femme affirmant que son ex-conjoint venait de l’appeler pour lui dire qu’il venait de tuer cette personne. 

Alcool et cocaïne

L’enquête a permis d’identifier la victime comme étant une Girondine de 42 ans, revenue vivre dans la région en janvier, après plusieurs années dans le sud-est de la France. Elle était hébergée chez sa fille de 25 ans à Castelnau-de-Médoc, avec son autre fille de 17 ans et un fils de 6 ans. Aucun de ses enfants n’était présent au moment du drame. Mais selon ses proches, la victime et son ex-conjoint avaient eu une altercation téléphonique le jour même. 

Le suspect, un homme de 36 ans domicilié à Pauillac, a été interpellé moins de deux heures plus tard « sans difficulté », à 2h35, à Ludon-Médoc. Il était sous l’emprise de l’alcool et de cocaïne. Dans sa voiture, les enquêteurs ont retrouvé une arme d’épaule de calibre 12, 17 cartouches et une carabine à plomb. L’homme, ouvrier viticole, est connu de la justice pour des délits routiers et, surtout, pour des violences conjugales : il avait été condamné en 2019 à un an de prison, dont huit mois avec sursis, pour des violences sur une précédente compagne.

Lors de sa garde à vue, il a reconnu avoir tiré sur la victime, mais évoque un tir « accidentel », une version reprise devant le juge d’instruction. « Je ne parle pas d’aveux. Il admet avoir tiré, mais ne reconnaît pas l’intention homicide », poursuit le procureur Gaudeul, « il aurait sorti cette carabine pour se suicider ».

Déjà condamné

La victime avait récemment entretenu une brève relation avec cet homme, depuis interrompue quelques semaines avant sa mort. L’entourage a mentionné des menaces et des violences récentes, bien que celles-ci n’aient fait l’objet d’aucun signalement auprès des forces de l’ordre. Pour le procureur, cela met en lumière le « chiffre gris » des violences conjugales :

« On sait qu’une grande partie de ces faits échappe encore à la justice. Même si nous avons progressé – un fait sur quatre est désormais porté à la connaissance des autorités, contre un sur sept il y a huit ans –, trois quarts des violences restent invisibles.

Mis en examen pour meurtre, l’homme encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Une cellule de soutien psychologique a été mise en place pour accompagner les proches de la victime, notamment ses enfants.

Ce drame souligne une fois de plus la nécessité de renforcer l’écoute, le signalement et la protection des femmes victimes de violences.

« Nous disposons d’outils – téléphone grave danger, bracelets anti-rapprochement, ordonnances de protection –, mais encore faut-il que les faits nous soient signalés à temps », a conclu le procureur.


#féminicide

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile