Média local avec zéro milliardaire dedans

Ismée, un nouveau média indépendant pour raconter L’Entre-deux-Mers

La journaliste Anne-Sophie Novel et le photographe Ivan Mathie lancent Ismée, un média local indépendant ancré dans l’Entre-deux-Mers. À rebours de l’actualité en continu, il propose une information lente, participative et locale. Une campagne de financement participatif est lancée et le premier numéro est prévu pour la rentrée.

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Ismée, un nouveau média indépendant pour raconter L’Entre-deux-Mers
Anne-Sophie Novel et l’équipe d’Ismée

À l’été 2023, une journaliste et un photographe enfourchent leurs vélos pour « éprouver le territoire » de l’Entre-deux-Mers. Pendant cinq jours, ils parcourent plus de 200 kilomètres entre Créon, Sainte-Foy-la-Grande et La Réole. Ce périple a une finalité : nourrir la première fournée d’un média local baptisé Ismée.

Le projet trotte dans l’esprit d’Anne-Sophie Novel, journaliste forte de vingt ans d’expérience, depuis plus d’un an :

« Dans les territoires périurbains et ruraux, les sujets que je traite pour les médias nationaux comme l’écologie ou les enjeux de société ne sont pas captés ici. Ils deviennent des sujets de discorde voire de désintérêt total. Pourquoi ? J’en suis venue à questionner la posture journalistique, ce qu’on incarne à l’échelle de ces espaces-là. »

Installée à Créon, elle souhaite raconter autrement ces territoires souvent stigmatisés, et propose de se défaire « des idées préconçues sur les ruralités et sur les modes de vie ».

Une information lente, participative, ancrée

Ismée entend ainsi proposer une information de fond, en immersion, loin du flux quotidien :

« On n’est pas sur un temps de couverture quotidienne de l’information, d’autres le font déjà très bien. On veut travailler sur une information plus profonde, qui prend plus le temps, qui interroge nos manières d’habiter le monde. »

Avant même de sortir un premier numéro, l’équipe – composée de journalistes, géographes, artistes – sillonne le territoire pour écouter les besoins des habitants. Projections, débats, rencontres locales : tout est fait pour co-construire le média avec ses futurs lecteurs. Même le nom d’Ismée est issu d’un vote citoyen.

« Il y a avait Maryse, L’Amerlotte, Ismée. Je ne m’attendais pas du tout à ce que Ismée ressorte parce que je trouvais qu’il y avait un petit côté bourgeois. Un isthme est en fait une langue de terre entre deux mers, on s’y trouve. »

Ismée couvre un territoire de 208 communes, entre Garonne et Dordogne, et explore dans son premier numéro à paraître mi-septembre, ce territoire aux identifications diverses.

Une carte pour se repérer

Chaque numéro papier – quatre par an – sera accompagné d’une carte détachable de l’Entre-deux-Mers, réalisée avec un comité scientifique composé notamment de chercheurs de l’université de Bordeaux. Même si le papier n’était pas la priorité exprimée par le public, il s’impose comme un support tangible.

« On voulait quand même avoir quelque chose à montrer, à donner, de la main à la main, sur les marchés comme une trace un peu concrète des récits qu’on a recueillis », souligne Anne-Sophie Novel.

Le photographe Ivan Mathie abonde :

« Quand on est dans une logique de rencontre, avoir cet objet réel à donner, ouvrir la carte ensemble, c’est de suite fédérateur. Ça permet de réhabiliter un format peut-être un peu désuet mais qui parle aussi aux plus anciens. »

Une démarche collective et sans pub

Ismée s’est structuré en association depuis mars 2024, avec à sa présidence Didier Pourquery, cofondateur de The Conversation France. Tous les membres sont bénévoles, investis pour une publication sans publicité qui « repose sur le don et l’adhésion » et des « subventions publiques au niveau régional et national, pas au niveau local »

Prévu entre le 1er et le 15 septembre 2025, le lancement du site et du premier numéro papier marquera le véritable coup d’envoi du média. Une campagne de financement participatif est ouverte jusqu’au 16 septembre pour atteindre la somme nécessaire de 20 000 euros. Lancée au printemps 2025, elle a déjà permis de récolter plus de 10000 euros.

« En partant de rien, on a récolté la moitié de la somme prévue. On le savait, quand on a fait le sondage, on a vu que les gens étaient enthousiastes mais pas forcément prêts à payer pour de l’information. Et là, les gens nous font confiance, il n’y a pas de preuve de concept pour le moment », confie Anne-Sophie Novel.

Ismée entend organiser des ateliers d’écriture, des tables rondes, des conférences de rédaction ouvertes, éducation aux médias dans les lycées, mais aussi tirages photo offerts aux personnes portraiturées. Autant de manières de renouer un lien entre habitants et information.


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