Le rideau pourrait enfin se refermer sur l’une des plus longues détentions de l’histoire judiciaire française. La chambre d’application des peines de la cour d’appel de Paris ordonne ce jeudi 17 juillet la libération de Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais âgé de 73 ans, après près de quarante ans passés en prison. Condamné à perpétuité en 1987 pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates à Paris, un Américain et un Israélien, il était pourtant libérable depuis 1999. Il est prévu qu’il soit expulsé vers le Liban le 25 juillet.
Selon l’AFP, la décision de la cour peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation du parquet général, mais il ne serait pas suspensif et n’empêcherait donc pas Georges Ibrahim Abdallah de rentrer au Liban.
« Inquiétude » pour son retour au Liban
A Bordeaux, ses soutiens ne cachent pas leur soulagement :
« Ça fait 15 ans qu’on se bat pour sa libération, déclare Philippe Arnaud, membre du collectif Libérons Georges 33. Il y a maintenant une forme d’inquiétude pour son départ au Liban. C’était aussi sa volonté de vouloir y retourner, et nous sommes très heureux pour lui. Il disait : “Qu’on me donne trois jours de vie pour sentir l’air de mon pays.” Il le fera mais sa vie y sera en danger. »
Sakina Arnaud, membre de la Ligue des droits de l’Homme Gironde, ajoute :
« Il a toujours dit qu’il aura le Mossad à ses trousses une fois libéré. Mais c’est un homme courageux. Il ne s’est jamais laissé abattre par le système carcéral. Un vrai révolutionnaire… »
Cité par le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, son frère Robert s’est dit « heureux » de cette décision. « Pour une fois, les autorités françaises se sont affranchies des pressions exercées par Israël et les Etats-Unis », a-t-il ajouté.
Un révolutionnaire assumé
Né en 1951 dans le nord du Liban, Georges Abdallah s’est engagé dans les années 1970 aux côtés du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), avant de fonder les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupe d’inspiration marxiste-léniniste.
Il est arrêté en 1984 à Lyon, et condamné trois ans plus tard à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité dans les assassinats de Charles Ray, attaché militaire américain, et Yacov Barsimentov, diplomate israélien, tués à Paris en 1982. Il n’a jamais exprimé de repentir, revendiquant son engagement dans la lutte anti-impérialiste.
A Bordeaux, le rassemblement prévu avant l’annonce de sa libération est maintenu. Il se tient ce jeudi 17 juillet à 18h sur le Parvis des Droits de l’Homme à Bordeaux.
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